Face à un tel régime cruel et sauvage, le Tibet connut trois vagues de réforme du haut vers le bas.
La première réforme a été menée vers la fin de XVIIIe siècle et le début de XIXe siècle, sous l'égide du ministre résidant au Tibet mandaté par l'empereur de la dynastie des Qing. Le Dalaï-Lama, le Panchen Erdeni et les départements locaux tibétains furent, quant à eux, chargés de son application. Cette réforme visait principalement à alléger les corvées, à inciter les serfs exilés à revenir, à aider et secourir les plus démunis ainsi qu'à rétablir l'ordre économique. Bien que cette réforme ait permis, dans une certaine mesure, de soulager la population de ses fardeaux, l'existence même du servage n'a pas été remise en cause.
La deuxième vague de réforme fut lancée par Zhang Yintang, un autre ministre résidant au Tibet mandaté par la dynastie des Qing vers la fin de son règne. En dépit de certaines mesures radicales qui ébranlèrent le fondement du servage féodal, la réforme a été interrompue en raison du déclin de la dynastie des Qing.
La troisième réforme a été mise en oeuvre par le 13e Dalaï-Lama qui occupait à la fois les fonctions de chef du pouvoir local tibétain et de chef religieux. Conscient de l'immense crise à laquelle faisait face le servage tibétain, il a tenté en vain de le sauvegarder à travers des réformes. Mais faute de courage et de persévérance dans la réforme radicale du régime, il a été confronté à de nombreux d'obstacles qui ont provoqué l'échec de sa réforme.
Le fait qu'il n'y ait pas eu, dans l'ancien Tibet, de réforme du bas vers le haut dénonce pleinement la nature incorrigible, conservatrice et contre le peuple des trois classes dirigeantes de la société tibétaine ainsi que le contrôle étroit du régime alliant pouvoir et religion.
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