Jusqu'au milieu du XXe siècle, la région du Tibet était toujours dominée par le servage féodal, fondé sur l'union du pouvoir et de la religion. De quel régime s'agissait-il ? Les missionnaires, explorateurs et colonisateurs occidentaux, présents au Tibet durant le XIXe siècle et la première moitié du XXe siècle, ont retranscrit leurs observations dans plusieurs ouvrages.
« Au Tibet, tous les paysans sont des serfs endettés à vie. Il est difficile d'en trouver un qui se soit acquitté de toutes ses dettes ». C'est l'observation que fait Alexandra David Néel, exploratrice française, dans son ouvrage le Tibet ancien face à la Chine nouvelle. David Macdonald, représentant commercial de la Grande-Bretagne au Tibet dans les années 1920, rapporte dans son livre, intitulé Photos du Tibet, les différentes peines auxquelles peuvent être condamnés les criminels : « Au Tibet, la punition la plus sévère est la peine capitale. Le criminel condamné à mort est glissé dans un sac en cuir qui, une fois cousu, est jeté dans une rivière. Il faut à peu près cinq minutes avant que le criminel sombre avec le sac et se noie. Si celui-ci est toujours en vie, il est rejeté dans la rivière jusqu'à ce que la mort s'ensuive. Son corps sera par la suite démembré. Ses membres et son torse sont alors jetés dans la rivière. Une autre peine tout aussi cruelle vise à arracher les yeux du criminel. On insère un instrument en fer dans l'œil, ou on y verse de l'huile ou de l'eau bouillantes, avant d'ôter les globes oculaires à l'aide d'un crochet en fer. Même si le criminel survit à une telle torture, il est voué à mener une vie des plus misérables. Les criminels ou suspects sont tous emprisonnés dans des cellules. Il s'agit, en fait, de grottes, humides, obscures, sales et n'offrant aucune possibilité de voir le jour ».
A la fin du XIXe siècle, le servage féodal a été aboli dans la plupart des pays et territoires du monde, mais il n'a été aboli au Tibet qu'en 1959.
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