Interview exclusive de Jean-Jacques de Dardel, ambassadeur de Suisse en Chine
Par : Vivienne | Mots clés : Suisse,Chine,65e anniversaire
French.china.org.cn | Mis à jour le 25-12-2015
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- La Chine est le premier pays oriental dans votre carrière diplomatique, quelle est selon vous la différence principale entre la Chine et les autres pays dans lesquels vous avez travaillé ?
- Pour votre ville et votre pays, d'excellentes impressions. Je dois vous dire que j'ai découvert la Chine il y a environ 30 ans, à travers ma femme qui a fait des études de langue, culture et civilisations chinoises, et que la référence chinoise m'a accompagné toute ma vie.
- Pourquoi la Suisse a-t-elle à cette époque fait preuve d'une telle anticipation en choisissant d'établir des relations amicales avec la Chine ? Que pensez-vous des relations entre nos deux pays ?
- Oui, la Suisse a souvent été parmi les premières ou la première à établir des éléments d'une relation d'ensemble avec la Chine, et très tôt effectivement, nous avons reconnu la Chine nouvelle. Nous avons pu nous en féliciter au cours des décennies, puisque, à niveau officiel mais également à niveau privé, des décideurs de diverses natures et pour de diverses raisons, ont souvent misé sur la Chine.
- Selon vous, quels ont été les moments forts du programme des célébrations de 2015 ?
- Je peux vous parler naturellement de quelques éléments forts, nous avons fait beaucoup de choses à travers cette année de célébrations, ce n'est pas encore même terminé. Plus d'une centaine de projets culturels à travers le pays et plus de 400 événements dans tous les domaines me permettent de dire que les moments forts sont vécus à l'intérieur de chacun de ces événements.
- Pourquoi pensez-vous que le commerce suisse avec la Chine affiche des performances supérieures à la moyenne ? Selon vous, quels sont les domaines où la coopération économique et commerciale offre un potentiel de croissance ?
- Oui, effectivement, ces performances sont assez bonnes, et sont à l'avantage des deux parties. Elles tranchent sur une forme de morosité dans les échanges internationaux actuellement. Il serait simple de dire « ah, mais c'est l'effet justement de l'accord de libre-échange » : je ne pense pas que cela suffise. Cet accord et ses effets viennent de commencer, il fonctionne, doit encore être perfectionné, et sert d'impulsion supplémentaire. L'essentiel à retenir de la santé de nos échanges est que nous avons des économies en quelque sorte complémentaires : très particulièrement, la Chine augmente en qualité et en positionnement, sa propre production de biens et services, et comme la Suisse est positionnée généralement sur le haut de gamme, il y a toujours plus de besoins qui se font sentir pour les produits suisses de haute qualité et de haute valeur ajoutée.
- La Suisse est aussi un des premiers pays non asiatiques à décider de participer à la fondation de l'AIIB. Qu'est-ce qui a en premier lieu motivé la Suisse à rejoindre l'AIIB ? Quelles sont vos attentes par rapport à cette banque ?
- L'AIIB est une idée qui a été lancée par la Chine et nous avons salué le fait que justement, il y avait là une marque d'ouverture supplémentaire d'une Chine qui ne songe pas uniquement à développer ses relations bilatérales, mais qui se lance également dans l'évaluation et l'évolution de son rôle multilatéral. Nous avons apprécié ceci d'autant plus que nous nous intéressons à l'Asie d'une manière générale depuis fort longtemps. La coopération suisse au développement à travers le monde est présente dans tous les pays du monde qui en ont besoin, à commencer en Asie, dans un pays voisin du vôtre, au Népal. Nous avons développé des relations assez substantielles avec l'Asie centrale.
- Que pensez-vous des problèmes environnementaux auxquels est confrontée la Chine ? Quels sont les progrès obtenus par la coopération entre la Suisse et la Chine dans le domaine de l'environnement ?
- Je pense qu'ils [les problèmes environnementaux] sont immenses. Lorsqu'on habite à Beijing, on s'en aperçoit soi-même assez facilement. Je pense également qu'ils ont été reconnus et que ceci est le début d'une nouvelle phase qui, comme souvent en Chine, ne se prolongera pas vers l'éternel et l'infini mais au contraire, le dynamisme de la Chine permettra également à l'ensemble du pays de faire face et de faire front plus vite qu'ailleurs peut-être. D'ailleurs, les engagements pris par votre président, Xi Jinping, à la COP21 récemment à Paris, sont un garant de ce que cette direction sera maintenue.
- À votre avis, quelles autres particularités la Suisse peut-elle promouvoir auprès des touristes chinois ? Y a-t-il de nouvelles initiatives dans le domaine de la délivrance des visas pour attirer davantage de touristes chinois en Suisse ?
- La Suisse est bien évidemment un pays au fond beaucoup plus moderne que ces images d'Epinal ne le laissent penser, puisque, partis de peu, nous sommes devenus un des pays les plus riches et les plus productifs de la planète au niveau mondial. Il y a lieu de comprendre que les ressorts de notre société se basent sur autre chose que simplement une production d'instruments de précision et de montres ainsi que le tourisme.