Pourquoi la Suisse a-t-elle à cette époque fait preuve d'une telle anticipation en choisissant d'établir des relations amicales avec la Chine ? Que pensez-vous des relations entre nos deux pays ?
China.org.cn : Monsieur l'Ambassadeur, vous avez mentionné à plusieurs reprises le rôle de « Numéro 1 » de la Suisse. Vous avez par exemple rappelé dans vos discours que la Suisse était le premier pays occidental à avoir reconnu la République populaire de Chine, et que la première joint-venture de Chine avait été établie en coopération avec une entreprise suisse. Pourquoi la Suisse a-t-elle à cette époque fait preuve d'une telle anticipation en choisissant d'établir des relations amicales avec la Chine ? Que pensez-vous des relations entre nos deux pays ?
Jean-Jacques de Dardel : Oui, la Suisse a souvent été parmi les premières ou la première à établir des éléments d'une relation d'ensemble avec la Chine, et très tôt effectivement, nous avons reconnu la Chine nouvelle. Nous avons pu nous en féliciter au cours des décennies, puisque, à niveau officiel mais également à niveau privé, des décideurs de diverses natures et pour de diverses raisons, ont souvent misé sur la Chine. Pourquoi ? Oui, on peut se poser la question. Comme je vous l'ai dit, c'est parfois tout simplement un mouvement individuel, mais globalement, la Suisse est assez ouverte au monde, usant peut-être au niveau politique de sa politique de neutralité. Elle aime établir des relations fructueuses avec l'ensemble des parties. Les Suisses sont de grands voyageurs, et j'ai constaté que beaucoup de chefs d'entreprise se sont intéressés tôt au pays. Pas forcément parce que dès le départ, ils étaient venus avec un esprit commercial ou économique, mais parce que ces grands voyageurs que sont les Suisses auront découvert le pays en venant à différentes époques, puisque c'est très tôt que ceci a commencé, et d'ailleurs sur les décennies et les siècles passés, aussi. Cette capacité à aller de l'avant et de marquer des points en étant parmi les premiers, vient aussi du fait que nous avons un esprit pionnier. Nous en avons besoin parce que c'est sur cet esprit que s'est construite la Suisse moderne aussi : nous n'avons pratiquement pas de ressources naturelles, nous ne pouvons compter que sur la valeur ajoutée de ce que nous produisons, et nous voulons de ce fait établir de bonnes relations avec le reste du monde en fonction des besoins des uns et des autres. Nos relations ave ceux-là se sont bâties sur une tradition de rapprochement d'excellence dans certains domaines. Nous avons beaucoup de différences, nous le savons, bien sûr. Nous ne voyons pas toujours les choses de la même façon, mais notre pragmatisme des deux côtés nous permet de continuer à établir des relations toujours plus denses et fructueuses, et je dois dire que nos relations actuelles sont assez extraordinaires en ce qui concerne leur diversité et leur profondeur.
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