Interview exclusive de Jean-Jacques de Dardel, ambassadeur de Suisse en Chine
Par : Vivienne | Mots clés : Suisse,Chine,65e anniversaire
French.china.org.cn | Mis à jour le 25-12-2015
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- Les récents attentats ont-ils eu une influence sur la politique suisse relative à l'accueil des migrants syriens ? Ces événements vont-ils affecter le tourisme en Suisse ?
- La Suisse a une vieille tradition humanitaire. Elle est établie dans l'esprit et dans le cœur des gens depuis fort longtemps. La Suisse a un territoire exigu, elle ne peut pas régler tous les problèmes de la planète. Nous avons donc une attitude à la fois ouverte, mais selon certaines limites qui nous sont imposées justement par cette réalité incontournable.
- Comment voyez-vous l'avenir de l'initiative chinoise des nouvelles routes de la soie terrestre et maritime?
- Je le vois en rose, si vous voulez, puisque nous avons ici quelques fleurs qui sont de cette couleur. Je vous parlais de la politique d'ouverture de la Chine : en voilà encore un bel exemple. Je m'attends en effet par la suite à toute une volonté de la dynamisation des échanges, mais aussi au renforcement des infrastructures des pays sur ces voies d'échanges.
- Que pensez-vous du concept du « rêve chinois » ? Que pensez-vous du rêve des Chinois qui vous entourent ? Avez-vous personnellement un rêve chinois ?
- Dans ce pays aux changements tellement rapides, tellement dynamiques, il est normal que l'on soit mû par une volonté, un idéal, et parfois en fermant les yeux, mais en laissant son esprit ouvert, on peut bien avoir naturellement le rêve d'un monde meilleur. Je pense que c'est ça, le « rêve chinois ».
- Pourriez-vous nous dire ce que vous pensez de la culture chinoise ? Avez-vous des conseils pour aider les citoyens européens à mieux comprendre la Chine et sa culture ?
- Oui, ce sont deux choses différentes. La culture chinoise, tout le monde le sait, est extrêmement ancienne, profonde, large et variée, et doit s'appréhender avec modestie pour ceux qui n'en sont pas issus. J'ai de l'admiration et j'ai une position intellectuellement très humble. Je ne la connais pas suffisamment, je cherche donc à augmenter mon niveau de connaissances, et ces connaissances ne sont pas que, ou ne devraient pas que être livresques, établies, intellectuelles, mais également émotionnelles. Je trouve qu'il y a beaucoup à dire au sujet de ce qui fait l'essence d'une culture, où la littérature est surtout poésie, où la peinture se réclame également des sentiments, et où la finesse et le raffinement se transforment, se traduisent par du concret, mais aussi une espèce de cheminement entre ce qui est naturel (la nature elle-même) et ce qui est création humaine. C'est très particulier, c'est admirable, et c'est merveilleux.
- Vous êtes ambassadeur en Chine depuis plus de deux ans maintenant, quelle impression vous a laissé notre pays ?
- Pour votre ville et votre pays, d'excellentes impressions. Je dois vous dire que j'ai découvert la Chine il y a environ 30 ans, à travers ma femme qui a fait des études de langue, culture et civilisations chinoises, et que la référence chinoise m'a accompagné toute ma vie. Mais je dois dire que voilà, j'avais des images fortes d'il y a 30 ans, et lorsque je suis retourné de temps en temps en Chine, et maintenant que j'y habite, je suis fasciné, émerveillé et très impressionné par l'évolution de la société chinoise, non seulement économique, non seulement en ce qui concerne les infrastructures, la démographie, l'urbanisation, mais véritablement un sentiment de dynamisme à travers l'ensemble de la société.