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Une belle histoire d’amour

French.china.org.cn | Mis à jour le 26. 09. 2018 | Mots clés : Une belle histoire d’amour

Lisa Carducci

Une belle histoire d’amour

J’ai deux enfants nés de ma chair, une fille et un fils. Mais il existe d’autres formes de maternité tout aussi véritables. Qui n’aime pas les histoires d’amour? Je vais vous raconter la mienne.

Je suis arrivée en Chine en 1991, et j’y suis restée. En 1994, je visitais le Tibet pour la première fois, 12 jours, avec ma collègue anglophone de CCTV et un Chinois responsable de veiller sur nous.

À Xigaze, ma compagne et moi nous sommes arrêtées à un modeste marché de deux tables, tandis que les hommes restaient près de la voiture à causer et fumer.

L’une des deux vendeuses était une femme dans la trentaine. En regardant sa marchandise, je souris à sa mignonne fillette. Alors, la mère la poussa (gentiment) vers moi, avec un geste qui signifiait « prends-la, emmène-la ». L’enfant aux yeux et cheveux très noirs était bien coquette dans sa robe blanche. Elle me rendit mon sourire. La mère insistait en gestes et en paroles que sa collègue interpréta dans un chinois couci-couça: « Prends-la, je te la donne! Pas besoin de payer! »

Lorsque je crus le jeu terminé, je saluai de la main et m’apprêtai à partir. Le chauffeur klaxonnait d’impatience, mais la mère insistait pour que j’emmène sa fille. Je ne pouvais y croire! « Quel âge a-t-elle? » demandai-je. « Dix ans » répondit-elle, ajoutant promptement: « Est-elle trop vieille? J’en ai des plus jeunes, si tu préfères, des garçons. »

Ce que je voulais lui faire comprendre, c’est que dans trois ou quatre ans, sa fillette serait en âge de l’aider au marché, et aussi que jamais une étrangère pourrait prendre l’avion avec une enfant locale sans documents. Elle avait réponse à tout: « Je vais t’écrire un papier, que je te la donne, gratuitement! »

La femme avait donné le jour à des enfants de travailleurs saisonniers du Sichuan… Elle ne pouvait pas nourrir quatre bouches. Pendant qu’elle parlait, je me disais que ce serait un rêve de pouvoir envoyer cette enfant à l’école à Beijing, lui inculquant l’idée qu’une fois instruite, elle devrait retourner au Tibet aider les siens. Pas question d’en faire une « occidentale ». Je ne savais que faire. Le klaxon nous appelait… Je mis fin à la conversation abruptement, puisque nous ne pouvions nous comprendre.

Je n’avais même pas pris de photo de l’enfant, mais encore aujourd’hui, après un quart de siècle, ma mémoire garde fidèlement son image.

Six mois plus tard, à Beijing, je me rendis au bureau de Xiwang Gongcheng (Project Hope). Je dis que je voulais parrainer une fille, tibétaine, de dix ans. On me répondit que c’était impossible, l’organisme de charité couvrant tout le pays… sauf le Tibet. J’allais réagir fortement quand le préposé poursuivit: «… car au Tibet, l’éducation des enfants est absolument gratuite; tout est couvert par l’État: la scolarité, la pension, la nourriture, les livres, le transport. Si les enfants ne fréquentent pas l’école, ce n’est donc pas par manque de moyens. »

J’étais soulagée… Et dès ce moment je commençai à subventionner, via le Project Hope, l’éducation d’enfants défavorisés d’autres endroits du pays; les études primaires n’étaient pas encore gratuites et obligatoires à ce moment-là. Année après année, j’aiderais 14 de ces enfants: en Mongolie intérieure, au Ningxia, au Yunnan, au Gansu, soit douze garçons et deux filles.

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