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Législatives : Macron redessine la carte politique de la France

French.china.org.cn | Mis à jour le 21. 06. 2017 | Mots clés : Macron

Crédit photo : VCG

Le 11 et le 18 juin ont eu lieu les deux tours de scrutin des élections de l'Assemblée nationale française. Comme les sondages l'avaient prédit, le président élu juste un mois auparavant Emmanuel Macron a obtenu une nouvelle victoire en remportant avec son parti La République en marche une majorité absolue. Cet événement a bouleversé le modèle traditionnel de la Ve République française et redessiné la carte politique de la France.

Si la majorité parlementaire ne soutient pas le parti politique du président, ce dernier doit former avec le parti majoritaire un gouvernement d'opinions politiques différentes qui est susceptible de rencontrer des conflits. Les pouvoirs du président s'en trouvent considérablement affaiblis. On appelle ce modèle la « cohabitation ». Cela s'est produit trois fois au cours de la Ve République, et les présidents François Mitterrand et Jacques Chirac ont eu un pouvoir fortement restreint.

Au moment de l'élection d'Emmanuel Macron, l'opinion publique craignait que son parti En marche !, créé un an seulement auparavant, soit trop peu ancré et ne parvienne pas à remporter les élections présidentielles. Emmanuel Macron risquait alors de devenir un président affaibli, difficilement en mesure d'accomplir quoi que ce soit dans la gestion des affaires de l'Etat.

Un véritable président fort

Cependant, comme les sondages l'annonçaient, le nouveau parti, rebaptisé La République en marche, a triomphé aux élections législatives en obtenant 319 sièges à l'Assemblée nationale, sur un total de 577. En s'alliant au parti du Mouvement démocratique (Modem) qui a remporté 41 sièges, le gouvernement est représenté par 350 députés. C'est le plus grand nombre obtenu par une coalition présidentielle depuis 1993, ce qui fait d'Emmanuel Macron un président véritablement fort.

Avec cette victoire, Emmanuel Macron a non seulement obtenu une large majorité de 350 sièges à l'Assemblée, il a aussi bien distancé le deuxième parti réunissant le plus de votes, Les Républicains, qui n'ont obtenu que 126 sièges. Ce résultat vient confirmer l'avantage absolu de son parti, un phénomène rare ces dernières années.

Le fait que La République en marche soit le plus grand parti à l'Assemblée est inséparable de la stratégie de campagne de Macron. Depuis longtemps, Les Républicains de droite et le Parti socialiste de gauche occupaient une position dominante à l'Assemblée nationale. Emmanuel Macron a profité de la division et de la désintégration du Parti socialiste et des Républicains pour en faire une opportunité. Après avoir travaillé comme ministre de l'Economie au sein du dernier gouvernement socialiste, il a gagné la reconnaissance et le soutien de la faction réformiste au sein du parti. Lors des élections législatives, plusieurs poids lourds du Parti socialiste ont décidé de faire campagne pour Macron, entraînant une scission du parti qui explique sa défaite.

Le parti de droite Les Républicains était à l'origine vu comme pouvant faire un retour prometteur aux élections législatives, et représentait la plus grande menace au parti de Macron. Ce dernier a pour cette raison choisi, immédiatement après son élection, de nommer au poste de premier ministre le républicain Edouard Philippe, ainsi que deux personnalités éminentes du parti aux affaires économiques. En « piochant » ainsi dans le parti, Emmanuel Macron a encouragé plus de 100 membres du parti de droite à répondre à sa politique de main tendue, et a remporté de nombreuses voix allant d'habitude aux Républicains. Cette fracture a permis au nouveau président de subvertir le grand parti de droite, et de désintégrer le modèle traditionnel de l'Assemblée nationale.

L'opinion publique est aussi un grand facteur de la victoire de Macron. Sa capacité à éliminer les candidats traditionnels de gauche et de droite est le résultat d'un fort désir de changement, et sa victoire au second tour contre la candidate d'extrême droite montre que les gens ont finalement choisi le candidat porteur d'espoir. Par conséquent, lors des élections législatives, les Français ont rationnellement donné au nouveau président la possibilité de gouverner « sans entraves » pour remplir sa promesse de réformes devant changer le destin de la France. Dans un éditorial, le journal Le Figaro a souligné qu'un pouvoir absolu est synonyme de responsabilité absolue. Maintenant que Macron dispose de tous les pouvoirs nécessaires pour mettre en œuvre des réformes, l'étape suivante consistera à voir comment il y parviendra.

Les nouvelles caractéristiques de la carte politique française

Le nouveau président a complètement changé le paysage politique traditionnel français. Tout d'abord, la place dominante des partis politiques traditionnels de gauche et de droite n'est plus. Depuis la création de la Ve République, ce modèle de confrontation a servi de base à l'Assemblée nationale. On le qualifie de « multipartisme polarisé ». Avec son ascension fulgurante, Emmanuel Macron a réussi à marginaliser les partis politiques traditionnels. Les Républicains, tout en conservant le statut de principal parti d'opposition, manquent de force véritable depuis que certains de ses membres ont rejoint la majorité. Le Parti socialiste, auparavant le plus grand parti du pays, a subi de lourdes défaites à l'élection présidentielle et aux élections législatives. Son candidat à l'élection présidentielle n'a recueilli que 6,3 % des suffrages, et le parti est passé aux législatives de 331 sièges en 2012 à seulement 29 sièges. Ce parti autrefois central dans l'hémicycle est aujourd'hui relégué à la marge.

En second lieu, un parti centriste constitue pour la première fois une force majeure à l'Assemblée. L'orientation politique d'Emmanuel Macron, « ni à gauche ni à droite », a permis la création d'un parti occupant l'espace du centre, La République en marche, qui est devenu le plus puissant parti du pays en formant une alliance avec le Mouvement démocratique. A eux deux, ces partis représentent plus de 60 % des députés parlementaires, et forment donc une large majorité présidentielle. C'est la première fois que l'Assemblée est représentée par des partis centristes, ce qui forme une nouvelle caractéristique de la carte politique française.

Troisièmement, l'extrême droite et la gauche radicale se retrouvent marginalisées. A l'extrême droite, Marine Le Pen est passée durant cette saison électorale des sommets à l'échec. Lors de l'élection présidentielle, elle est arrivée au second tour de scrutin, en duel contre Emmanuel Macron. Cependant, aux élections législatives, les performances de son parti n'ont pas été brillantes. Marine Le Pen elle-même a été élue à l'Assemblée pour la première fois, mais le Front national n'a remporté que huit sièges, sans atteindre l'objectif d'établir un groupe parlementaire d'au moins quinze membres. Le parti de gauche radicale La France insoumise a remporté dix-sept sièges, et sera donc capable de mettre en place un groupe parlementaire, ce qui lui confèrera un plus grand droit de parole à l'Assemblée. Quoi qu'il en soit, ces partis ne sont aujourd'hui que des forces marginales dans le nouveau paysage politique français.

 

 

Traduction en français d'un article rédigé par Shen Xiaoquan, maître de recherches au Centre de recherche sur les problématiques mondiales de l'agence de presse Xinhua.

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Source: french.china.org.cn

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