France/législatives: la large victoire du mouvement d'Emmanuel Macron masque les fractures de la société française (ANALYSE)

Par : Norbert |  Mots clés : France-législatives
French.china.org.cn | Mis à jour le 12-06-2017

Le premier tour des élections législatives a consacré, dimanche, le succès dans les urnes du mouvement du Président Macron, en passe de remporter une victoire écrasante le 18 juin et faire une entrée en force à l'Assemblée nationale.

Si le scrutin confirme la recomposition du paysage politique de l'Hexagone, et l'effondrement des partis traditionnels, l'abstention historique témoigne néanmoins du divorce croissant entre nombre de citoyens français et le régime de la Ve République et reflète les profondes divisions qui fracturent la société française.

Le mouvement créé il y a 14 mois par Emmanuel Macron, qui tiendra son congrès fondateur en juillet, est arrivé très largement en tête, dimanche soir, au premier tour des élections législatives, comme le prédisaient les sondages. Selon de premières estimations publiées par Ipsos-Sopra Steria pour France Télévisions et Radio France, La République En Marche (LREM) obtiendrait 32,2% des voix et raflerait, selon les projections, entre 390 et 430 sièges des 577 que compte l'Assemblée nationale.

Un mois après son élection à la présidence de la République, Emmanuel Macron, qui a battu Marine Le Pen le 7 mai grâce à 66,1% des suffrages (20,8 millions de voix) contre 33,9% (10,6 millions de voix) pour la présidente du Front national, bénéficierait ainsi d'une majorité écrasante pour conduire les réformes qu'il a annoncées et réussirait le deuxième acte de son pari.

La droite Les Républicains (LR) limiterait les dégâts avec 21,5% des voix et emporterait entre 85 et 125 sièges; le Front national avec 14% devrait se contenter de 3 à 10 sièges; La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon (LFI) obtiendrait 11% des suffrages (entre 11 et 21 sièges), et le Parti socialiste (PS), qui contrôlait la moitié de l'Assemblée sortante, ne disposerait plus, avec 10,2% des voix, que de 20 à 35 sièges.

Mais au-delà de ces projections qui restent provisoires, la performance réalisée par La République En Marche (LREM) respecte la logique de ce scrutin, qui, historiquement, confirme les résultats de la présidentielle et fonctionne comme une élection de confirmation.

Surtout, elle ne doit pas occulter le score historique enregistré par l'abstention. Plus d'un électeur français sur deux, en effet, ne s'est pas déplacé pour aller voter dimanche. Si le mouvement d'Emmanuel Macron est sur le point de devenir le premier parti de France, LREM reste cependant derrière le "parti de l'abstention".

Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette très faible participation, en recul de huit points par rapport au scrutin de 2012. D'abord une lassitude certaine : les Français étaient appelés aux urnes pour la septième fois depuis novembre 2016, si l'on tient compte des deux primaires présidentielles de droite (novembre 2016), du parti socialiste (janvier 2017) et de la présidentielle (23 avril et 7 mai).

Mais cette forte abstention semble aussi démontrer qu'Emmanuel Macron, malgré des débuts salués sur la scène internationale, n'a pas réussi à convaincre la moitié de ses compatriotes à voter pour renouveler l'Assemblée nationale. Il ne faudrait pas non plus oublier que plus d'un électeur sur deux à la présidentielle avait choisi un parti populiste au premier tour. De nombreux analystes politiques de l'Hexagone n'hésitent pas à considérer que le nouveau chef de l'Etat a été élu par défaut.

Cela pose de vraies questions quant à la santé démocratique de la République française et reflète les profondes divisions qui fracturent la France. La présidente de LREM a d'ailleurs insisté dimanche soir sur l'exigence d'"humilité" imposée par la très faible participation. Pour Emmanuel Macron, être le Président de tous les Français ne sera pas chose aisée et le risque qu'une partie des électeurs et des corps sociaux entrent dans une logique d'opposition violente reste bien réel.

L'entre-deux tours de ces législatives va montrer dans quelle mesure le Front national et la gauche seront en mesure de mobiliser leurs électeurs pour limiter la casse. Mais quoi qu'il en soit, le 18 juin, le visage de l'Assemblée nationale sera profondément transformé. Le système partisan, qui a structuré la vie de la Ve République, semble bien avoir fait son temps. Une grande partie du personnel politique va être renouvelé mais les positionnements idéologiques qui fracturent la société française n'ont pas pour autant disparu. Fin

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Source: Agence de presse Xinhua
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