5. Le commerce jouit de la priorité dans la coopération sino-indienne. Voulez-vous décrire la place de la coopération commerciale dans les relations sino-indiennes et présenter le développement des échanges bilatéraux de ces dernières années, puisque la Chine est maintenant le premier partenaire commercial de l'Inde?
Ces dernières années, la coopération économique et commerciale a été le point lumineux des relations sino-indiennes. Les échanges entre les deux pays sont passés de 2,9 milliards de USD en 2000 à 51,78 milliards en 2008, soit une croissance annuelle de 43%. En 2008, la Chine est devenue le premier partenaire commercial de l'Inde, qui est le dixième partenaire commercial de la Chine. En 2009, la crise financière a affecté leur coopération économique et commerciale, qui était pourtant d'un niveau encore assez élevé (44,38 milliards de dollars). En 2010, les deux parties travailleront activement pour réaliser l'objectif de 60 milliards de dollars. Les investissements dans les deux sens se sont développés de façon soutenue. L'Inde a investi directement un total de 300 millions de dollars en Chine, tandis que celle-ci a investi 250 millions de dollars en Inde. Une centaine de compagnies indiennes développent leurs affaires en Chine, et une soixantaine de sociétés chinoises se livrent à des tâches de recherches et de développement, et des projets forfaitaires en Inde. La Chine et l'Inde totalisent une population de 2,5 milliards de personnes et possèdent un marché de potentiel considérable. Elles sont fortement complémentaires sur le plan économique. Approfondir leur coopération économique et commerciale afin d'assurer l'avantage réciproque et le gagnant-gagnant est conforme aux intérêts des deux pays et apporte des bénéfices substantiels à leurs peuples.
6. Dans la future conjoncture géopolitique de l'Asie, la Chine et l'Inde constituent sans aucun doute des forces majeures. Elles doivent jouer un rôle encore plus actif en ce qui concerne les problèmes et les intérêts de leur zone, ou partant du fait que les deux pays partagent les mêmes besoins et les mêmes revendications d'intérêts sur les nombreux problèmes de l'économie et de la politique mondiales. Comment envisagez-vous la coopération entre les deux pays sur le plan international et régional ?
A mon avis, les relations sino-indiennes dépassent le domaine bilatéral, et revêtent une signification globale et stratégique. En tant que deux grands pays émergents, la Chine et l'Inde ont vu leur statut et leur influence internationales ne cesser de monter. En renforçant leur coopération sur de nombreux problèmes internationaux majeurs, elles ont joué activement un rôle constructif et ont attiré de plus en plus l'attention de la communauté internationale. Par exemple, après l'éclatement de la crise financière, elles ont pris activement des mesures appropriées et sont sorties les premières de la crise. Elles ont ainsi contribué beaucoup à la reprise économique dans le monde. Au Sommet du G20 à Londres et à Pittsburgh, les deux pays ont renforcé leur échange d'idées et leur coordination d'actions et ont poussé le sommet à obtenir des résultats positifs. D'autre part, ils ont coopéré fructueusement en ce qui concerne la réforme du système économique et financier international, la promotion des négociations de Doha, le changement climatique, la lutte antiterroriste, et la sécurité énergétique et alimentaire. A la conférence des Nations unies sur les changements climatiques à Copenhague, tenue en décembre 2009, la Chine et l'Inde ont coopéré étroitement pour sauvegarder la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques et le principe de la « responsabilité commune mais différenciée », et défendu les droits et intérêts légitimes des pays en développement.
7. Les relations entre la Chine et l'Inde datent de très longtemps et leurs civilisations anciennes se sont développées de manière qui leur soit propre. D'après vous, pourra-t-il avoir un « conflit de civilisation » au cours de leurs contacts ? Que pensez-vous de leurs échanges culturels ? Ceux-ci aideront-ils les deux pays et leurs peuples à communiquer entre eux et à se comprendre plus facilement, et à établir ainsi une confiance et une amitié réciproques ? Avons-nous un plan relatif aux échanges culturels ?
Il y a au monde quatre civilisations dont celles de la Chine et de l'Inde. Au cours de deux mille ans de leurs contacts, les civilisations chinoise et indienne ont agi l'une sur l'autre, se sont assimilées et pénétrées, et ont pu ainsi promouvoir leur progrès et leur développement de manière particulière. L'interaction bénéfique entre ces deux civilisations se poursuit à nos jours. Ji Xianlin (1911—2009), grand maître de la culture chinoise, a décrit cette interaction en ces termes: « Apprentissage réciproque, innovation respective, éclairage réciproque et interpénétration ». Grâce aux attentions des dirigeants des deux pays, les deux parties ont organisé en 2006 et 2007 l' « Année d'amitié sino-indienne » et l' « Année de tourisme et d'amitié Chine-Inde », et les échanges et la coopération entre elles ne cessent de s'étendre dans les domaines de culture, d'arts, d'éducation et de jeunesse. Depuis 2006, la visite de la « délégation de cent jeunes » a eu lieu tous les ans entre les deux pays, et a obtenu de bons résultats. En 2010, la Chine et l'Inde organiseront « la Fête de la Chine » et « la Fête de l'Inde » pour lesquelles elles s'enverront des délégations et groupes d'artistes de haut niveau et organiseront toutes sortes d'expositions et la Semaine cinématographique. Par ces échanges culturels, on veut renforcer la compréhension mutuelle et rapprocher les sentiments des deux peuples.
8. En Chine, la culture bouddhique a été fortement influencée par l'Inde. Que pensez-vous du rôle du bouddhisme dans l'édification sociale et morale ?
Le bouddhisme est né en Inde, mais il a été bien continué et a prospéré en Chine. La quintessence de la culture bouddhique a pénétré au cœur de la culture chinoise, et en constitue un facteur important. Le bouddhisme a profondément agi sur la philosophie, la littérature, les arts, l'architecture et les coutumes populaires de la Chine ancienne. On peut dire qu'il a joué un rôle important dans les échanges entre les civilisations chinoise et indienne.
A Nalanda, haut lieu du bouddhisme en Inde, la Chine a construit la « Salle commémorative de Xuan Zang », un édifice bouddhique de style chinois. Il y a quelques années, l'Inde a construit un temple de style indien à l'ouest du temple du Cheval blanc, à Luoyang, Henan. Ces deux constructions constituent un nouveau témoignage des échanges sino-indiens en matière de culture bouddhique. Des visites réciproques ont eu lieu entre les milieux des bouddhistes chinois et indiens.
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