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Ba Jin devient écrivain grâce à la France

Ba Jin, grand écrivain chinois, président de la Fédération nationale des gens de lettres et des artistes et président du Centre du Pen chinois, vient de passer son 98è anniversaire à l'Hôpital Huadong de Shanghai. Diverses activités de célébrations se sont déroulées à Beijing, au Palais de la littérature moderne chinoise pour rendre hommage à ce lettré prestigieux qui marque le 20è siècle en la matière.

Ba Jin est né le 25 novembre 1903 dans une famille de hauts dignitaires à Chengdu, chef-lieu de la province du Sichuan, en Chine du Sud-Ouest. Il s'appelle en réalité Li Yaotang. Ba Jin est son pseudonyme. Il a fait ses études primaires et secondaires dans son ville natale. Il la quitta au printemps 1923 pour continuer ses études à Shanghai, puis à Nanjing, la capitale. Pendant les vacances d'été 1925, il se rendit à Beijing pour inscrire à l'Université de Pékin. Mais, ce désir fut contrarié à la suite d'une tuberculose qu'il avait. De retour à Shanghai, il devait écrire des articles dans la revue « Les Masses » qu'il avait créée avec des amis tout en cherchant sa voie. Ainsi lui vint l'idée de faire des études en France.

Le 15 janvier 1927, à bord du paquebot français « Ange », Ba Jin quitte Shanghai en compagnie de son copain Wei Huilin pour se rendre en France. Un mois et 4 jours après, il pose le pied à Marseille, puis gagne Paris par le train. Il trouve refuge dans une mansarde délabrée au 4ème étage d'une vieille pension du quartier latin. Dans la matinée, il se promenait au Jardin du Luxembourg, puis lisait des livres toute la journée et prenait des notes. Et le soir, il suivait des cours de français dans une école. Il menait une vie isolée et triste. Souvent à une heure avancée de la nuit, il entendait s'égrener les heures au son des cloches de Notre-Dame qui frappaient sans cesse son coeur solitaire. Dans ces moments souvent lui vint une brûlante envie d'écrire. Il commençait à écrire quelque chose sur un cahier, à part de lecture des ouvrages français de Victor Hugo, de Jean-Paul Marat..... Ce fut le début des chapitres de son roman vierge «Le Néant».

« Je veux écrire pour exprimer mes sentiments d'amour et de haine ; sinon mon coeur de jeune homme sera flétri... C'est à Paris que j'ai appris à écrire des romans, grâce à Emile Zola et à Victor Hugo ; j'y ai appris la justice, l'amour et la haine... » a-t-il souligné dans « Au fil de ma plume ».

Et en été de la même année, malade de nouveau et avec le conseil de médecin, Ba Jin déménage à Château-Thierry, une petite ville au bord de la Marne à une centaine de km de Paris. Il continue d'apprendre le français au Collège Jean de la Fontaine, une vieille école prestigieuse. Il vit avec deux autres jeunes compatriotes, l'un s'appelait Zhan Jianfeng qui étudiait la philosophie et l'autre, Ba Enbi.

Profitant d'un environnement favorable et calme, Ba Jin s'adonne sans relâche à la traduction et à l'écriture. Surtout, il continue de traduire en chinois « De l'origine et de l'évolution de l'éthique », la « Grande Révolution française de 1889-1993 », oeuvres de Peter Alekseyevich Krupotkin(1842-1921), anarchiste russe. C'est aussi à Château-Thierry qu'il envoya en août 1928 le manuscrit de son roman vierge sous le nom de plume Ba Jin : « Le Néant » qui fut paru l'année suivante dans la revue mensuelle « Les Romans » par l'intermédiaire de M. Ye Shengtao, son ami intime et lecteur de renommée de la Librairie Kaiming de Shanghai. Ce fut un grand succès, Ba Jin entra dès lors dans la littérature moderne chinoise.

Le 18 octobre 1928, Ba Jin doit quitter Paris pour retourner en Chine via Marseille après avoir épuisé les économies à lui fournies par sa famille pour son propre séjour en France. Avant de s'embarquer, il se rend pour la dernière fois à Château-Thierry en vue de régler au commissariat de police les formalités administratives relatives à son départ. De son retour à Shanghai, il continuera d'écrire des nouvelles ayant pour fonds la vie française et la ville de Château-Thierry. Ces nouvelles seront son premier recueil « La Vengeance ». Chaque nouvelle est presque un ami à lui ; elle rappelle un souvenir de sa vie d'autrefois.

Ba Jin éprouve toujours un sentiment particulier à l'égard de Château-Thierry où débuta sa carrière d'écrivain. Au mois de mai 1979, lorsqu'il a eu l'heureuse occasion de visiter de nouveau la France en compagnie de sa famille et de l'écrivain Kong Luoxun, Ba Jin se rendit spécialement le 22 mai à Château-Thierry. Il a rencontré Mme André Rossi, maire et son adjoint M. Royer Grovelin ; ces derniers lui ont remis l'emblème de la ville. Et accompagnée par Mme Thérèse Stelio, la Principale, Ba Jin et sa suite ont visité le Collège Jean de la Fontaine. Combien heureux et ému de revoir cette école--al ma mater !

Dans son mémoire « Au fil de la plume », Ba Jin dépeint son émotion en ces termes :

-------En 1979, de nouveau dans le collège, j'ai cru vivre un rêve quand j'ai pénétré dans le réfectoire où je prenais mes repas il y a cinquante ans. La vaste cantine dont l'aspect extérieur n'avait pas changé était maintenant mieux équipée. La cuisine franchie, je montais au premier étage, le couloir éclairé par les fenêtres n'avait changé en rien. Seulement ma Chambre me parut plus petite. Autrefois mon voisin était un étudiant en philosophie qui venait de Wuhan(ville chinoise du Centre), sa chambre et la mienne étaient vides toutes les deux ; elles semblent avoir été repeintes. J'avais sur moi une photo prise il y a cinquante ans, qui représente l'ancienne pièce avec sur mon bureau des livres amoncelés.

------J'ai passé une quinzaine mois dans la ville natale de la Fontaine, ses beaux paysages, sa vie calme et sereine m'ont laissé des souvenirs ineffaçables, si bien que je me cru encore aujourd'hui un habitant de cette ancienne petite ville Château-Thierry, j'y suis resté plus longtemps que dans tout endroit en France. Que j'ai aimé cet endroit et que j'ai pensé à son peuple ! Plusieurs dizaines d'années ont passé, mais ces sentiments et impressions sont demeurés vivants dans mes premiers livres ».

Et la ville de Château-Thierry et le Collège Jean de la fontaine sont fiers d'avoir Ba Jin pour ancien élève. Dans les annales de la ville, surtout en ce qui concerne « Du couvent des Capucines au Collège Jean Racine »----350 ans d'histoire, on a évoqué les étudiants chinois lors de la Souscription pour la plaque commémorative. Entre 1921 et 1934, une dizaine de chinois faisaient leurs études au Collège. Les collégiens étrangers, les Chinois notamment, bénéficiaient d'un régime particulier et ne couchaient pas dans les dortoirs du Bâtiment Corlieu. Parmi les étudiants chinois qui y étudiaient entre juillet 1927 et octobre 1928, celui qui allait devenir un écrivain célèbre : Li Yaotang plus connu sous le pseudonyme de Ba Jin. Il fut profondément marqué par son séjour au Collège de Château-Thierry.

Dans le même ouvrage, on a reproduit une lettre et 5 photos envoyées par Ba Jin le 11 mai 1991 à l'Association des Anciens élèves du Collège Jean de la Fontaine...... Tout cela constitue un témoignage frappant des liens que Ba Jin avait noués avec la France, surtout avec la ville de Château-Thierry.

Ba Jin et ses principaux ouvrages :

Romans-Trilogie : « La Famille », « Le Printemps » et « L'Automne »

Romans-Trilogie : « La Brume », « La Pluie » et « La Foudre »

« Au Jardin du repos », « Nuit glacée », « Le Néant », « Réflexions », « Au fil de la plume »

Traduction : «Passé et pensées » de Herzer


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