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Les étrangers en Chine : l'argent ou l'attrait de l'Orient ?

French.china.org.cn | Mis à jour le 09. 10. 2013 | Mots clés : étrangers en Chine, attrait de l'Orient, Chine, Orient

Takashi Komaru

L'attrait d'une culture étrangère

Beaucoup de gens n'éprouvent pas le besoin de voir ailleurs, de sortir de leur système culturel. Même dans la communauté expatriée, nombreux sont ceux qui ne se fréquentent qu'entre eux, et qui reproduisent à l'étranger le mode de vie de leur pays natal. Mais un grand nombre d'étrangers vient en Chine précisément pour rechercher quelque chose de différent. Ceux-là sont attirés par la richesse culturelle du pays, par les mystères que recèle ce pays resté longtemps fermé. Portrait de trois étrangers qui ont plongé au cœur de la société chinoise :

Nastia Pensin, 27 ans, d'origine russe, est venue en Chine la première fois en 2006, dans le cadre d'un programme d'échange au cours de ses études d'économie et de chinois. Étant venue très tôt en Chine, et y ayant acquis une bonne partie de ses expériences professionnelles, elle déclare « mieux comprendre aujourd'hui la mentalité chinoise que celle de ses compatriotes, qui peuvent être quelquefois très rudes. » À la différence de ceux-ci, elle est ouverte aux différences, qui suscitent en elle la curiosité, et non le rejet. Depuis un an, elle travaille pour le compte d'une entreprise d'import-export. Elle est chargée de faire enregistrer la branche chinoise de l'entreprise. Elle reçoit un bon salaire (20 000 yuans par mois, environ 2 500 euros), salaire qu'elle ne pourrait sans doute jamais obtenir si elle restait au pays.

Nicolas Godelet est un architecte belge. À 20 ans, il vient en Chine dans l'idée de découvrir les paysages sauvages de l'ouest du pays, mais ce sont finalement les régions de l'est qui lui laisseront l'impression la plus forte. Il désire comprendre cette culture qui lui semble radicalement différente. De retour en Belgique, parallèlement à ses études d'ingénieur-architecte, il se met sérieusement au chinois, qu'il finira d'étudier à l'université des Langues étrangères de Beijing, avec une bourse de l'État chinois. Après avoir travaillé pour différents architectes, il fonde en 2007, à 31 ans seulement, son propre cabinet d'architectes, dans les hutongs, en plein cœur de Beijing. Il en est à la fois l'investisseur et le dirigeant. Aujourd'hui il emploie quinze personnes, moitié chinois, moitié étrangers, qu'il paie selon le principe d'égalité. Il se définit lui-même avec humour comme étant déjà devenu à moitié un œuf : à l'extérieur il est resté blanc, mais à l'intérieur il est déjà devenu jaune. Ayant fondé sa société en Chine, il ne pense déjà plus à retourner au pays.

Beaucoup d'étrangers sont arrivés en Chine un peu par hasard. Au départ complètement dépaysés, ils se sont mis peu à peu à apprécier le pays. C'est le cas de Stephen Bwansa, Congolais de 33 ans, qui est aujourd'hui PDG de la société Greater Kingdom Chine et préside la chambre de commerce RDC-Chine à Beijing. Quand il est arrivé comme étudiant en 2001, poussé par son père et son oncle, il avait une idée complètement fausse de la Chine, qu'il voyait comme un pays arriéré. À l'époque, il se sentait complètement perdu. Même s'il en a bavé au début, aujourd'hui, il a appris à apprécier les qualités laborieuses des Chinois, le fait qu'ils ne se plaignent pas. Comme il le dit lui-même : « les échanges entre l'Afrique et l'Asie constituent désormais l'essence même de ma vie. »

Une fuite du pays d'origine ?

Changer de pays peut être un moyen de rompre de manière radicale avec sa vie passée, et d'induire un changement de cap. Peut-être de s'éloigner d'une famille trop envahissante. Cette motivation n'est d'ailleurs pas nécessairement consciente.

Shelly Shiner, 41 ans, américaine, est arrivée en Chine en 2008, alors que la crise des subprimes battait son plein aux États-Unis. Pour les ressortissants des pays anglo-saxons, l'enseignement est un débouché très important en Chine. Plus de deux tiers des 68 403 travailleurs américains de courte ou de longue durée présents en Chine en 2009 étaient actifs dans l'éducation ou, accessoirement, la culture. Shelly pourrait gagner plus aux États-Unis. Si elle choisit de venir en Chine, c'est avant tout parce qu'elle a le sentiment de ne pas pouvoir trouver un travail qui corresponde à son niveau de compétence. Aux États-Unis, elle était rédactrice publicitaire, elle aurait pu continuer dans cette voie là, ou bien trouver de l'emploi dans la restauration par exemple, mais elle aurait eu le sentiment de se brader et de ne pas mettre à profit l'éducation qu'elle a reçue. Aussi, avait-elle envie de changer d'environnement culturel. Aujourd'hui, elle gagne à peu près 9 000 yuans net par mois (environ 1 100 euros), en ce compris une allocation pour son logement. Son travail en Chine ne lui apporte cependant pas pleinement satisfaction. À présent, alors qu'elle va sur ses 42 ans, elle hésite à retourner aux États-Unis. Mais elle craint de rencontrer l'incompréhension de ses compatriotes par rapport à son expérience en Chine. Il serait dommage aussi de perdre tout le temps et l'énergie qu'elle a investis dans ce pays.

Takashi Komaru, 35 ans, est Japonais. En 2009, les Japonais étaient plus de 45 000 à travailler en Chine pour une période au moins supérieure à trois mois, soit 17 % du total des experts étrangers cette année-là. Takashi est venu en Chine en 2002. Il venait d'obtenir son diplôme de philosophie au Japon, où l'économie traversait sa pire phase depuis l'après-guerre. Pour ceux qui arrivaient alors sur le marché de l'emploi, on parlait de génération perdue. En Chine, chercher du travail est plus facile. Il décide d'apprendre le chinois, qu'il maîtrise désormais parfaitement. Récemment, alors qu'il hésitait à rentrer au Japon, la société chinoise où il travaille lui a proposé une augmentation de salaire. Par les temps qui courent, les Japonais ne courent pas les rues. Il gagne aujourd'hui 14 000 yuans net par mois (environ 1 700 euros). Par rapport au Japon, la Chine présente quelques avantages. Les contraintes hiérarchiques ne sont pas si fortes, et globalement le rythme de travail y est plus relax. Au Japon, il n'est pas rare qu'on travaille jusqu'à minuit. Or ici, les heures supplémentaires sont relativement rares, deux ou trois fois par mois seulement. Il ne voudrait pas imaginer mener au Japon une vie sous pression comme son père.

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Source: La Chine au Présent

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