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Les étrangers en Chine : l'argent ou l'attrait de l'Orient ?

French.china.org.cn | Mis à jour le 09. 10. 2013 | Mots clés : étrangers en Chine, attrait de l'Orient, Chine, Orient

Nicolas Godelet et son équipe

Depuis le début de la politique de réforme et d'ouverture, le nombre d'étranger venant vivre et travailler en Chine a crû considérablement. Qu'est-ce qui les incite à effectuer des séjours de plus en plus longs, voire à s'installer en Chine de manière permanente ? Sont-ils motivés par l'argent, ou par l'attrait d'une culture étrangère ?

Quelques chiffres

Depuis la réforme et l'ouverture avec Deng Xiaoping, l'augmentation du nombre d'étrangers, travailleurs, étudiants ou autres, résidant en Chine sur le long terme (plus de trois mois) a été exponentielle. De 20 000 environ en 1980, ils sont passés à 150 000 en 2000, puis à 600 000 en 2011. Si on ne tient compte que des travailleurs, ils sont passés de 74 000 en 2000 à 220 000 en 2011. Une augmentation impressionnante donc, mais il faut noter que la proportion de résidents étrangers par rapport à la population totale reste insignifiante (0,05 %), surtout si on la compare avec les pays occidentaux.

La durée moyenne du séjour des étrangers a, elle aussi, eu tendance à augmenter. En 2006, le nombre d'étrangers employés pour plus de trois mois a pour la première fois dépassé celui des étrangers employés pour moins de trois mois. Sur les 600 000 étrangers résidant en Chine recensés en 2010, environ 250 000 étaient là depuis cinq ans ou plus. Enfin, un peu partout, il y a les vieux de la vieille, ceux qui ont déjà passé 20 ou 30 ans en Chine. Ceux-là aussi sont de plus en plus nombreux.

Mais il faut noter toutefois que quelle que soit la durée, l'immense majorité des étrangers finit par rentrer un jour au pays, ce qui montre que la Chine n'est pas encore vraiment devenue un pays d'immigration. L'accession à la nationalité chinoise reste globalement assez rare. Pour les ressortissants des pays riches toutefois, elle montre peu d'intérêt, car elle impliquerait de devoir renoncer à sa nationalité d'origine. (La Chine n'accorde pas la double nationalité.)

Si l'on trie les travailleurs (y compris ceux de Taiwan, Hong Kong et Macao) selon leurs branches d'activité, et en prenant l'année 2009 comme référence, on voit que la vaste majorité d'entre eux (environ 54 %) était employée dans l'industrie manufacturière. Viennent ensuite les enseignants (20 %), le secteur du crédit-bail et des services commerciaux (7 %), le secteur de la vente en gros et au détail (6 %), l'hôtellerie et la restauration (à peine 2 %), etc. Si l'on n'inclut pas les travailleurs de Taiwan, Hong Kong et Macao, le pourcentage d'étrangers actifs dans l'enseignement ou accessoirement la culture devient toutefois nettement plus important : 44 %. L'industrie manufacturière ne représentant plus que 38 % du total. On peut imaginer que les motivations des étrangers à venir en Chine varieront fortement selon la branche d'activité dans laquelle ils sont actifs.

Motivation première : l'argent ?

Selon l'enquête annuelle menée par la banque HBSC auprès d'expatriés du monde entier, en 2012, la Chine arrivait onzième au classement des meilleures destinations pour les expats. 49 % des sondés déclaraient venir en Chine pour augmenter leurs revenus, et 69 % disaient gagner plus d'argent qu'avant. Les enquêteurs se sont efforcés d'avoir un échantillon aussi représentatif que possible des expats, pris au sens large de « résidents de nationalité étrangère ».

En fait il existe une très grande disparité de salaires entre les différentes catégories d'expatriés. Certains profs par exemple doivent se satisfaire de 4 000 yuans ou moins par mois (500 euros), là où la plupart gagnent entre 5 000 et 15 000 yuans (entre 600 et 1 800 euros). Quelques uns peuvent gagner jusqu'à 30 000 yuans (3 700 euros). Dans certains secteurs de l'industrie manufacturière (automobile, pharmacie, hi-tech, ingénierie, etc.), les salaires varient entre 13 000 et 53 000 yuans (entre 1 600 et 6 600 euros), à quoi s'ajoutent aussi souvent des allocations de logement variant entre 10 000 et 50 000 yuans (entre 1 200 et 6 000 euros), des allocations pour l'éducation des enfants, des primes d'expatriation, etc. Dans d'autres secteurs, les étrangers perçoivent en général au minimum 10 000 yuans (1 200 euros). En tous cas, ce sont clairement les experts envoyés depuis leur pays directement par leur firme qui remportent le gros lot.

Romily Koh, 51 ans, né à Singapour mais d'origine chinoise, ne fait pas grand mystère de la motivation première qui l'amène en Chine : l'argent. Envoyé en 2002 à Hong Kong par l'entreprise américaine pour laquelle il travaillait, il a eu l'occasion d'entrevoir une autre Chine que celle qu'on décrivait alors à Singapour. Jusque là, pour rien au monde il n'aurait voulu y mettre les pieds, tant l'image de la Chine misérable des années 1970 était ancrée dans son esprit. Mais il a commencé alors à découvrir une Chine en plein essor et porteuse de nouvelles opportunités. En 2007, il fonde sa propre compagnie. Aujourd'hui, il emploie 26 personnes. Ses revenus annuels oscillent entre 500 000 et 800 000 yuans (entre 62 000 et 100 000 euros) au moins. Depuis la réforme et l'ouverture initiée par Deng Xiaoping, les Chinois d'outre-mer ont joué un rôle important dans l'internationalisation de la Chine. En 2009, en plus des quelques 5 000 Singapouriens, il y avait 25 000 Hongkongais, 66 000 Taïwanais, et encore beaucoup d'autres descendants de Chinois parmi les dizaines de milliers de travailleurs en provenance d'Asie du Sud-Est. De tous les travailleurs venus de l'extérieur, les Chinois de souche forment la communauté de loin la plus importante. Pour Romily, comme peut-être pour beaucoup d'autres Chinois nés à l'étranger, venir en Chine, c'est avant tout une occasion de gagner plus d'argent, « sinon, à quoi bon consentir à tous ces sacrifices, et accepter de vivre loin des siens ? »

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Source: La Chine au Présent

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