Une guerre inévitable

Les pays francophones d'Afrique de l'Ouest sont pratiquement tous d'anciennes colonies françaises et ont toujours maintenu, même après leur indépendance, des relations politiques, économiques et militaires particulières avec la France. Cette région est considérée comme l'arrière-cour de la France. Ces dernières années, au fur et à mesure des changements intervenus dans la situation mondiale, les États-Unis et d'autres pays étrangers ont montré un intérêt croissant pour l'Afrique et leur concurrence sur le continent a augmenté, tandis que l'influence traditionnelle française diminuait de jour en jour. Par conséquent, cette guerre contre le terrorisme permettra non seulement de préserver les intérêts de la France sur le continent, elle représente également une importante opportunité pour la France de rétablir sa capacité d'action dans cette région. Selon les médias parisiens, l'annonce de la participation française à la guerre par le président François Hollande a recueilli le soutien très enthousiaste des Maliens, si bien que plusieurs nouveau-nés dans le pays ont été nommés « Hollande » et que les ventes de drapeaux tricolores explosent sur les marchés de Bamako. Décidément, cette guerre antiterroriste au Mali était inévitable pour la France. Il est certain que le président Hollande a bien dû mesurer sa mission historique face à un choix de guerre.

La France n'a pas décidé hâtivement sa participation à la guerre. Selon une révélation de l'état-major français, la guerre se prépare depuis près de dix mois. Déjà en septembre 2012, une centaine de soldats des forces spéciales françaises se sont infiltrés dans la région subsaharienne pour mener une mission de reconnaissance et des avions de patrouille maritime chargés de recueillir des informations y ont été également envoyés. Les bases militaires françaises positionnées en Côte d'Ivoire et au Tchad ont également pris des dispositions pour envoyer des troupes spéciales au Mali.

Une fois le principe bien défini, il fallait trouver une raison pour déclencher le déploiement des forces. Sous l'impulsion active de la France, le Conseil de Sécurité de l'ONU a adopté, le 20 décembre 2012, une résolution décidant d'envoyer au Mali une unité de sécurité internationale dans laquelle les pays africains joueraient le rôle prédominant, dans l'objectif de combattre le terrorisme. Ces troupes seront composées de 3 300 soldats pour un mandat d'un an. Le président François Hollande a souligné en proclamant l'engagement de la France dans l'opération militaire au Mali, que son pays avait agi dans la limite du mandat de l'ONU. Cette opération militaire déployée au nom de la lutte contre le terrorisme a été reconnue et soutenue par l'UE, les États-Unis, le Canada, la Russie et un grand nombre de pays africains. Les pays voisins du Mali dont le Niger, le Nigeria, le Sénégal, la Guinée, le Togo et le Burkina Faso ont tous envoyé des soldats dans cette troupe d'intervention composée de pays de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest. Au cours de sa visite officielle effectuée à la fin de l'année 2012 en Algérie, pays proche du Mali, le président François Hollande a convaincu le président algérien Abdelaziz Bouteflika de soutenir la position française et d'autoriser les avions de combat français à traverser l'espace aérien algérien pour bombarder le Mali.