Sans surprise ! Le président sortant Nicolas Sarkozy et François Hollande, le candidat socialiste, sont sortis gagnants du premier tour du 22 avril pour entrer comme finalistes au second tour des élections présidentielles. Toute l'attention est donc portée sur ce deuxième tour : qui sera le vainqueur ? En analysant méthodiquement les résultats du premier tour, on voit que la situation présage plus de mal que de bon pour Sarkozy, mais il peut avoir de nouveau le dessus ; et Hollande voit déjà la victoire, mais il ne doit pas relâcher sa vigilance pour autant.
Les électeurs vont vers deux extrêmes.
Sarkozy et Hollande, bien que vainqueurs, ont obtenu un score plutôt médiocre, aucun des deux n'a dépassé 30% et leurs voix réunies ont atteint à peine 50%, alors que les 50% restants sont allés aux petits partis. Cela montre bien l'affaiblissement de l'influence des deux grands partis traditionnels de droite et de gauche. Parmi les cinq premiers partis de ce scrutin, à part le PS de gauche et l'UMP de droite, on trouve le FN, le Front de Gauche et le Mouvement démocratique, qui sont respectivement des partis d'extrême droite, d'extrême gauche et du centre. Ces cinq partis forment un spectre politique complet « extrême-droite — droite — centre — gauche — extrême-gauche ». Le FN a obtenu aujourd'hui le beau score de 18,01 % contre 10,44 % il y a cinq ans, tandis que le Front de Gauche ayant le PCF comme noyau est passé de 1,93 % (pour le PCF) il y a cinq ans à 11,13 % . En 2007, le candidat centriste François Bayrou avait recueilli 18,3 % des voix, tandis qu'aujourd'hui, son taux de soutien est tombé à 9,11 %. Voilà un fait politique nouveau qui mérite bien notre attention : la fulgurante montée de deux partis extrémistes, l'affaiblissement des partis du centre et les médiocres scores des deux partis traditionnels de droite et de gauche. Cela montre bien la tendance politique des Français qui s'éloignent des centristes et des deux camps de la droite et de la gauche pour aller vers les deux extrêmes, l'extrême droite et l'extrême gauche. Ce phénomène reflète le mécontentement et la perplexité des Français qui vivent actuellement une profonde crise économique et sociale.
Les deux prochaines semaines sont cruciales
Deux semaines nous séparent du second tour, un temps crucial pour les deux concurrents. Sarkozy a lancé de nouveau l'attaque en proposant à Hollande trois débats télévisés au sujet de la conception et des principes de la gouvernance du pays pour laisser aux Français le choix sur l'avenir de la France. Sa proposition a été tout de suite rejetée par Hollande qui veut un seul débat. Il est évident que pour celui-ci, qui manque d'expérience du gouvernement, il y a plus à perdre qu'à gagner dans un « face à face » avec Sarkozy dans un tel domaine. Il doit toujours vaincre son adversaire en comptant sur sa pondération habituelle, son profil bas et sa « passivité ».
Au cours des deux semaines à venir, l'un et l'autre doivent chercher à séduire en premier lieu les abstentionnistes et les indécis. Le taux d'abstention était de 19,84% au premier tour, c'est-à-dire que parmi les 45,20 millions d'électeurs inscrits, près de 9 millions n'ont pas voté. Ils se sont abstenus pour diverses raisons. Comme on pense que le premier tour sert plutôt à choisir un parti politique, beaucoup ne sont pas allés voter parce qu'ils en ont assez de la lutte des partis. Le deuxième tour est fait pour choisir le président. C'est pourquoi les intentions de vote des abstentionnistes éventuels au second tour sont importantes aussi bien pour Hollande que pour Sarkozy.
Qui choisir, Sarkozy ou Hollande ? On connaîtra la réponse le 6 mai.
Traduction d'un article en chinois rédigé par M. Shen Xiaoquan, maître de recherches au Centre d'étude des Problèmes mondiaux, de l'Agence Xinhua
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