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Par Jacques Fourrier
L’année 2017 aura vu deux grands événements politiques en France comme en Chine. En France, Emmanuel Macron a été élu président de la République en mai à la faveur d’un contexte socioéconomique et politique sans doute unique dans l’histoire de la Ve république, marquant la fin d’une époque. En Chine, le XIXe Congrès national du Parti communiste chinois a donné en octobre une impulsion majeure à l’entrée du pays dans une nouvelle phase de développement, ouvrant la voie à une nouvelle ère de prospérité.
Entre une France exsangue à la recherche d’un souffle nouveau et une Chine dont l’élan semble irrésistible, les relations entre les deux pays en 2017 ont pris la voie d’une convergence accrue où la Chine joue un rôle moteur. Avec la visite d’Etat de M. Macron en Chine prévue début 2018, la balle est maintenant dans le camp français.
Une convergence accrue
Les relations diplomatiques et culturelles entre les deux pays ont dans l’ensemble toujours connu des avancées depuis l’établissement des relations diplomatiques en 1964, et sont devenues un acquis précieux ainsi qu’une référence pour les deux pays. C’est principalement sur les questions de développement économique et de partenariat que Beijing et Paris tentent de relancer une dynamique. Plusieurs mécanismes de dialogue ont participé au bon développement du partenariat sino-français, notamment le Dialogue économique et financier de haut niveau Chine-France.
La cinquième édition de ce dialogue, créé en 2013, s’est déroulée les 30 novembre et 1er décembre à Beijing en présence du vice-Premier ministre chinois Ma Kai et du ministre français de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire. Deux thèmes centraux et chers aux deux pays ont été abordés. Tout d’abord la gouvernance économique mondiale, M. Le Maire rappelant l’attachement aux règles multilatérales et leur mise en œuvre effective. Ensuite, l’approfondissement des relations commerciales bilatérales, en particulier les partenariats entre les entreprises françaises et chinoises et les questions d’accès au marché dans des piliers traditionnels que constituent l’aéronautique, le nucléaire, l’agroalimentaire et l’automobile notamment.
L’innovation était aussi au programme de la visite de M. Jean-Yves Le Drian, ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, qui s’est rendu à Beijing du 24 au 26 novembre pour participer à la 4e session du Dialogue franco-chinois de haut niveau sur les échanges humains aux côtés de la vice-Première ministre chinoise Liu Yandong. Il a à cette occasion souligné le rôle important de la coopération dans l’agroalimentaire, la finance verte, le développement urbain durable, la santé, l’économie du vieillissement et le tourisme. C’est sans doute dans ces domaines que la coopération s’avèrera la plus prometteuse, notamment avec des synergies concrètes entre le plan français « Industrie du futur » et la politique chinoise « Made in China 2025 ».
La France, un « partenaire naturel » de la Chine
La France prend lentement conscience du rôle moteur que la Chine joue dans les relations bilatérales. Le président Macron en est d’ailleurs le premier convaincu, désireux de leur donner l’impulsion nécessaire au cours de son mandat.
Le président chinois Xi Jinping avait déjà rencontré Emmanuel Macron pour la première fois à l’occasion du G20 à Hambourg les 7 et 8 juillet 2017. Au cours de leur entretien, M. Macron avait salué le pragmatisme de M. Xi, permettant « une vraie avancée et la volonté d’identifier des projets communs que nous pourrions inaugurer ensemble, en tout cas pousser un agenda partagé au-delà de ce que nos deux pays font déjà dans plusieurs domaines, en particulier dans le nucléaire civil ».
Emmanuel Dupuy, président de l'Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE), a indiqué le 24 octobre dans un entretien avec Xinhua que les convergences sont nombreuses entre les deux pays, « qu'il s'agisse de la construction d'une communauté de destin écologique, de leur vision du multilatéralisme, de l'initiative de "La Ceinture et la Route" ou de leurs positions à l'égard de grands dossiers internationaux ». Ces quatre axes seront au centre des discussions lors de la visite officielle de M. Macron en Chine début 2018, visite dont le terrain a été préparé par Philippe Etienne, conseiller diplomatique du président de la République, et Yang Jiechi, le conseiller d’Etat chinois, dans le cadre de la 14e session du Dialogue stratégique France-Chine à Beijing le 19 décembre.
A l’issue de sa visite en Chine, M. Le Maire avait tenu à souligner la volonté française de redonner une nouvelle dynamique aux relations bilatérales. « Nous voulons faire de ce moment le début d’une nouvelle ère économique et financière dans les relations franco-chinoises – qui se concrétisera au moment de la visite d’Etat du président de la République, Emmanuel Macron, en Chine en janvier prochain. »
En considérant que les initiatives chinoises devraient faire de la France « un partenaire naturel » de la Chine, la balle se trouve désormais dans le camp français. M. Dupuy se fait l’écho des propos de M. Macron dans « Révolution », son livre programmatique publié en novembre 2016. M. Macron y évoque la Chine dans les chapitres concernant les relations extérieures et l’Europe. Il note ainsi que la France a su tisser des liens privilégiés et uniques avec un certain nombre de grandes puissances: « La Chine occupe bien entendu dans cette liste une place à part. Elle est une grande puissance en passe de devenir la première économie de la planète. Beaucoup de nos compatriotes connaissent mal la Chine. Ils la voient encore comme l’usine du monde, comme un pays de production à bas coûts. Ils la voient comme responsable des délocalisations d’usines, de la désindustrialisation de la France. Mais la Chine, c’est déjà plus que cela. C’est pourquoi nous devons changer notre manière de la voir. Loin de devoir être toujours considérée comme un péril, la Chine peut, si l’on sait s’en donner les moyens, constituer une chance ».
Source:french.china.org.cn |