Agence de presse du Maroc : Lors de la 4ème réunion ministérielle du Forum de coopération sino-africaine tenue l'année dernière à Sharm el-Sheikh, le premier ministre Wen Jiabao a annoncé huit nouvelles mesures d'aide à l'Afrique. Pourriez-vous parler de l'application de ces mesures ? Comment jugez-vous l'avenir de la coopération sino-africaine ? Pourquoi certains pays occidentaux s'inquiètent-t-ils de la coopération entre la Chine et l'Afrique ? Pourquoi affirment-ils sans cesse que la Chine ne développe ses relations avec l'Afrique que dans le but de s'emparer des ressources et des énergies du continent ?
Yang : La coopération sino-africaine est entrée dans une période de développement sain. En 2006, nous avons organisé le Sommet de Beijing du Forum de coopération sino-africaine au Grand palais du peuple. Les dirigeants chinois et africains s'y sont réunis pour discuter des affaires importantes de la coopération sino-africaine.
Au nom du gouvernement chinois, le président chinois Hu Jintao a annoncé huit mesures concernant la coopération efficiente avec l'Afrique. La plupart de ces mesures ont été réalisées, seulement un petit nombre de travaux sont en cours d'achèvement. La réunion et les huit mesures lancées par le président Hu Jintao ont porté la coopération sino-africaine à un nouveau niveau.
En novembre dernier, la 4ème réunion ministérielle du Forum de coopération sino-africaine s'est déroulée à Sharm el-Sheikh, le premier ministre Wen Jiabao était présent à la cérémonie d'ouverture. Il a expliqué les idées principales de la coopération chinoise avec l'Afrique, lesquelles ont été approuvées par de nombreux participants. Il a aussi annoncé huit nouvelles mesures d'assistance à l'Afrique.
Actuellement, les actions s'y rapportant ont démarré, telles que l'exonération de dettes et de tarifs douaniers, le Plan de partenariat scientifique et technologique sino-africain, et le Plan d'échange et de recherche conjointe. Nous sommes convaincus que les programmes d'autres domaines seront appliqués et que la coopération sino-africaine sera plus féconde.
J'ai remarqué qu'à l'étranger, certains ne regardent pas le développement des relations sino-africaines, mais ne parlent que de la coopération énergétique entre les deux parties. En fait, la Chine importe du pétrole d'Afrique à hauteur de seulement 13 % de l'exportation de cette dernière. Pour l'Europe et les Etats-Unis, ce chiffre dépasse les 30 %.
Les investissements chinois dans le domaine pétrolier en Afrique représentent seulement un seizième de la totalité mondiale. Les investissements européens et américains sont beaucoup plus importants que les nôtres. Nous encourageons les autres pays à entamer la coopération dans le domaine de l'énergie sur la base de l'égalité et de l'avantage réciproque, mais ils n'ont aucun droit de s'opposer à la coopération sino-africaine égalitaire et mutuellement bénéfique. De plus, la coopération chinoise avec l'Afrique couvre aussi bien les pays riches en ressources que ceux qui ont en moins. Je voudrais faire remarquer que l'Afrique appartient au peuple africain. C'est lui le maître de l'Afrique, les autres n'en sont que les hôtes.
Nous devons respecter le maître dans ses choix de partenariat de coopération ainsi que dans sa volonté et sa liberté de choisir ses amis. A mon avis, pour être l'ami et le partenaire du peuple africain, il faut agir concrètement et positivement, et éviter toute parole en l'air. En ce qui concerne la Chine, d'une part, elle coopère avec le peuple africain, en transformant ses ressources et énergie en puissance de développement. D'autre part, elle coopère avec le peuple africain en construisant ensemble des chemins de fer, des routes et des ponts, en améliorant les infrastructures et en créant du bien-être pour les Africains.
Le président zambien Rupiah Banda a dit récemment : « Tout le monde constate la promotion du développement de l'économie africaine par les investisseurs chinois. C'est eux qui nous aident réellement. » Tandis que le président rwandais Kagame a estimé : « Les investissements et les prêts de la Chine apportent ce dont l'Afrique a besoin. » Je crois que ces jugements sont justes.
O Estado de Sao Paulo (Brésil) : En avril prochain, le Brésil organisera le IIème Sommet du BRIC. La Chine estime-t-elle la coopération au sein du BRIC plus importante pour elle-même depuis la crise financière internationale et la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques à Copenhague ?
Je voudrais savoir si vous croyez que des pays aussi différents que la Chine, le Brésil, l'Inde et l'Afrique du Sud peuvent établir réellement un mécanisme de coopération bénéficiant d'un même intérêt de développement. Ma deuxième question concerne l'Amérique latine. Ces dernières années, la Chine a renforcé la coopération dans les domaines du commerce et de l'investissement avec l'Amérique latine. Quels sont les domaines qui comptent pour la Chine ?
Yang : Les pays du BRIC ont effectivement des caractéristiques différentes, mais leur niveau et période de développement économique ainsi que leur position sur les questions internationales importantes sont similaires. Face aux défis mondiaux, dont le nombre augmente toujours, les pays du BRIC renforcent leur coopération. En recourant au principe de « pragmatisme, positivité, ouverture et transparence », ils renforcent la coopération interne et externe. Je crois que c'est favorable au monde. Nous souhaitons un plein succès du IIème sommet du BRIC, qui se tiendra en avril prochain au Brésil.
Par ailleurs, je crois que la Chine et l'Amérique latine sont hautement complémentaires dans les domaines économique, commercial et social. Le développement des relations bilatérales présente de bonnes perspectives.
Reuters : Cette année, la communauté internationale fait face à un sujet passionnant : les négociations sur les changements climatiques après la conférence de Copenhague. Qu'attend la Chine de ces négociations ? La Chine craint-t-elle qu'on ne parvienne pas à un accord efficace à la fin de l'année ?
Yang : La Chine n'est pas seule à croire que la conférence de Copenhague a obtenu des résultats positifs et importants. La communauté internationale en général le croit également. Mais il y a encore beaucoup de choses à faire. De concert avec les organisations et les pays concernés, conformément à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques et à son Protocole de Kyoto, en respectant la Feuille de route de Bali et le principe de « responsabilités communes mais différenciées », la Chine est prête à promouvoir le processus de lutte contre les changements climatiques, afin que les efforts des pays du monde en la matière puissent obtenir des résultats plus remarquables. Nous espérons que la conférence de Mexico enregistrera d'importants résultats.
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