Je suis le fils d'une soixante-huitarde française (chef étudiante du mouvement de 1968) et d'un professeur britannique de sciences humaines qui croyaient fermement dans le droit de protester. Mes plus anciens souvenirs évoquent le fait de me tenir sur les épaules de mon père dans Hyde Park, et d'entendre les gens crier « Maggie, Maggie, Maggie, out, out, out. » Je sympathise donc naturellement avec les protestataires.
Cependant, je n'ai pas pu m'empêcher de rire des récentes protestations françaises contre le mariage gai.
Bien que la France soit arrivée légèrement tard à la table des négociations sur la question, l'administration de François Hollande a semblé croire que l'opinion populaire était favorable à son parti et que le vote d'une loi sur le mariage homosexuel serait donc accepté de tous. Ce n'est pas le cas. La France reste un pays catholique, et bien que la fréquentation de l'église soit en baisse, l'amour de la protestation qu'ont les Français pour une cause censément juste est tout aussi vivant qu'avant.
Les Français font tout avec talent. Là où dans une grande partie du monde des protestations semblables auraient une connotation religieuse, une séparation claire de l'Église et de l'État a été employée pour apaiser facilement ces bigots.
Les protestations à motif religieux sont infructueuses en raison de la nature laïque de la France.
Mais dans une tournure beaucoup plus insidieuse, certains opposants à la loi ont répondu à un appel différent pour s'armer ensemble, prétendant que leur raisonnement avait une teneur scientifique ou humaniste.
Ils ont pris soin de se démarquer d'affiliations religieuses manifestes, et pour diriger leur cause, ils ont trouvé un porte-étendard polarisateur en la personne de Frigide Barjot (un calembour avec le nom de Brigitte Bardot).
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