Au service des rhinopithèques du Yunnan

Par : Lisa |  Mots clés : rhinopithèque,Yunnan
French.china.org.cn | Mis à jour le 23-02-2017

Yu Jianhua : une vingtaine d'années consacrées à la protection des rhinopithèques du Yunnan

Le chasseur devenu garde forestier

Le rhinopithèque du Yunnan, parfois appelé « singe au nez retroussé », est l'espèce de primate vivant à l'altitude la plus élevée au monde. Si en Chine cette espèce bénéficie du niveau de protection maximal, chez Yu Jianhua, les singes font pratiquement partie de la famille. Il nous explique que dans la nature, ces animaux vivent en groupes distincts, formés selon une structure patriarcale rassemblée autour d'un mâle dominant et de quelques femelles. Dans le parc national, neuf groupes comportent un total d'une cinquantaine de singes. Sur la base des caractéristiques physiques de leurs chefs respectifs, les gardes forestiers ont donné à ces groupes familiaux des surnoms comme « Costaud », « Face rouge », « Doigt cassé », etc.

À cinq heures du matin, Yu Jianhua se met en route. Il porte sur son dos des aliments qu'il a préparés pour les animaux qui en raffolent. Il grimpe dans la montagne à la recherche des rhinopithèques. Son chargement pèse environ 15 kg et pourtant Yu Jianhua, âgé d'une soixantaine d'années, marche d'un bon pas. Sa tenue de camouflage qui se fond dans la végétation, plus une paire de solides chaussures de sport, voilà tout son équipement. « Je marche beaucoup, et parfois j'use une paire de chaussures par semaine », explique-t-il. Durant les années de pénurie, sa femme l'a beaucoup querellé à ce sujet.

C'est difficilement imaginable aujourd'hui, mais ce garde forestier qui nourrit et soigne ces singes du matin au soir fut autrefois un chasseur et un cultivateur de céréales. « Nous n'avons jamais chassé ni tué des singes, qui sont les ancêtres de l'homme, affirme-t-il. J'ai été chasseur pendant la première moitié de ma vie, et protecteur des singes pendant la seconde moitié », résume le sexagénaire. Il y a une vingtaine d'années, apprenant que l'État avait décidé de protéger ces rhinopithèques qu'il connaissait si bien, il s'était porté candidat sans hésiter. L'indemnité n'était que de six yuans par jour, à peine de quoi payer les chaussures qu'il usait, mais il a développé une affection de plus en plus forte pour ses petits protégés. Fumeur invétéré pendant la première moitié de sa vie, il a dû renoncer au tabac pour réduire ses dépenses. « Avec 180 yuans par mois, j'ai dû faire des choix », confie-t-il. Cette vie chiche, il l'a supportée pendant 12 ans.

Ce n'est pas pour l'argent que ces villageois protègent ces singes, mais bien en raison de l'affection très particulière qui les lie aux rhinopithèques. Progressivement, l'équipe des gardes forestiers s'est étoffée et de cinq au début elle comprend désormais plus de 20 membres. Ce qui le préoccupe le plus aujourd'hui, c'est l'avenir. Bien que l'indemnité ait augmenté depuis deux ans pour atteindre 1 200 yuans par mois, peu de jeunes acceptent de rester. Le garde le comprend parfaitement : comparés aux revenus que l'on peut gagner à travailler en ville, cette somme ne fait pas le poids, et cela explique la difficulté qu'éprouve l'équipe des gardes forestiers pour engager de nouvelles recrues.

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Source: La Chine au Présent
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