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Alpes-Sichuan, projet de tourisme expérimental au Kham tibétain

French.china.org.cn | Mis à jour le 05. 08. 2014 | Mots clés : Alpes-Sichuan, Kham, Tibet, Serge Koenig

L'imprimerie religieuse de Derge. (CFP)

« Je suis à Derge, c'est magnifique, paradisiaque ! » Voilà comment pourrait commencer votre carte postale de Derge quand vous y serez en vacances... Ce sont les premiers mots que m'a dit Serge Koenig à son retour des montagnes aux confins du Kham. Avec cet habitué du Tibet, j'ai alors longuement évoqué les projets qu'il mène dans l'ouest sichuanais.

La perle du Kham : Derge

Derge, ou Dêgê est situé dans la préfecture tibétaine autonome de Garzê au Sichuan. Ce canton tibétain chargé d'histoire fait partie du rayon d'action de Serge Koenig dans le cadre de la coopération Alpes-Sichuan qu'il pilote. Il s'y est à nouveau rendu en mai dernier à l'invitation des autorités locales. Un bureau d'étude français spécialisé dans les plans conceptuels : Dianeige, l'accompagnait pour discuter d'un développement touristique et sportif alpin adapté à l'altitude et pouvant générer des ressources financières tout en préservant les ressources naturelles et culturelles. Derge est en effet capable de devenir une destination majeure avec un potentiel visiblement exceptionnel.

« Il y a des glaciers et des sommets partout autour de moi, un lac émeraude en fond de vallée… » me dit Serge Koenig avec une excitation perceptible dans la voix, mais le souffle court car il traçait dans la neige à 5 000 mètres d'altitude. Voilà comment débute notre discussion. Mon téléphone à la main dans mon appartement de Beijing, j'essaie d'imaginer les paysages montagnards.

« Je suis dans la région orientale du Tibet. C'est le centre de la culture Khamba. Un véritable écrin à valoriser et préserver… » poursuit-il en me racontant avec enthousiasme sa visite les jours passés dans les monastères de la vallée, les écoles lamaïstes, les apprentissages de peintures tankas, les ateliers de sculptures de statues et d'ébénisterie pour les mobiliers religieux, ou encore le berceau de la médecine tibétaine. « Il y a là la plus grande concentration de lamaseries, une soixantaine autour du massif montagneux dominé par le sommet du Trola à 6 168 mètres… C'est un endroit incroyable ! » m'explique-t-il pour bien marquer le caractère remarquable du coin. « C'est d'ailleurs à l'image de la bourgade culturelle de Derge, nichée dans un verrou de vallée. Elle abrite la plus vieille et plus grande imprimerie religieuse, une véritable encyclopédie de la culture lamaïste ». En effet un patrimoine du XVIIIe, unique au monde et qui a été préservé des remous de historiques. Ce territoire est l'un des plus typiques du Tibet...

Si cet amoureux et fin connaisseur des régions montagneuses tibétaines exprime cela, on peut le croire. J'ai donc eu envie d'en savoir davantage sur ce projet et nous avons convenu de nous rappeler. Je raccrochais le téléphone, restant un peu sur ma faim, accoudé sur le rebord de ma fenêtre surplombant l'avenue. Je l'ai imaginé poursuivre son repérage dans les neiges éternelles des montagnes de Derge, sous un ciel pur et bleu. Pendant que je « ré-atterrissais » à Beijing après avoir été transporté quelques minutes sur les hauts plateaux par cet échange avec lui…

Un contrat d'ingénierie conclu entre Derge et Dianeige

Nous nous sommes donc recontactés alors qu'il était de retour à Chengdu dans son bureau de vice-consul (voir notre article sur la coopération Alpes-Sichuan dans le numéro d'avril 2014 ). Car ce guide de haute montagne est aussi un officiel du consulat général de France. Le Sichuan, il connait… Depuis 1981 lorsque, jeune alpiniste, il partait grimper l'Everest via Chengdu et Lhassa. Aujourd'hui, il accompagne les projets dans la montagne chinoise. Il partage ainsi toute l'expérience alpine qui représente un socle de plus de deux siècles dans les mises en œuvre d'économies touristiques et sportives tournées vers la nature.

Autrefois en alpiniste, c'est donc en coopérateur que Serge Koenig est maintenant attiré par ces contrées des piémonts et de l'Himalaya. À Derge, il a joué l'entremetteur entre les autorités locales et le bureau d'étude français Dianeige. Une collaboration a ainsi été signée entre les deux parties, pour étudier des propositions sur 4 000 km² de territoire. Il faut savoir que la population de cette municipalité, saupoudrée en de petits villages blottis dans la montagne, est composée de moins de 50 000 âmes, et à 98 % de l'ethnie tibétaine. 80 % d'entre eux sont paysans. « Ces plateaux sont enclavés, souvent à plus de 4 000 mètres d'altitude. Il y a quelque chose de magique là-haut ! » Pourtant, il est difficile d'y vivre, de se déplacer et même d'y respirer. Les jeunes aujourd'hui sont tous, ou presque, scolarisés. Ils sont des enfants du XXIe siècle et si une activité économique ne se développe pas dans ces campagnes d'altitude dans les années à venir pour améliorer les conditions de vie et offrir des perspectives d'une vie plus confortable, beaucoup d'entre eux pourraient être tentés par l'exode dans les grandes villes de Chine. Il y a donc un risque de désertification des zones rurales autour de l'Himalaya. Pour Serge, le tourisme peut être une vraie chance. « À condition bien sûr qu'il soit bien mené et maîtrisé », ajoute-t-il.

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Source: La Chine au Présent

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