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Alpes-Sichuan, projet de tourisme expérimental au Kham tibétain

French.china.org.cn | Mis à jour le 05. 08. 2014 | Mots clés : Alpes-Sichuan, Kham, Tibet, Serge Koenig

 

Entre développement et préservation

Même si la route 317 qui relie la capitale du Sichuan, Chengdu, à Lhassa est en cours d'élargissement, il faut actuellement 2 jours de 4x4 depuis Chengdu pour se rendre à Derge. Située à mi-chemin, cette « ville traditionnelle antique sous les sommets enneigés » est devenue une plaque tournante du commerce et de la culture. On est sur l'ancienne « piste nord thé-chevaux » où les caravanes partaient autrefois des plaines sichuanaises pour acheminer les bottes de thé vers les hauts plateaux tibétains. Elles allaient troquer leurs marchandises contre des chevaux. Aujourd'hui, un aéroport est en projet et devrait permettre de mettre les villes de Garzê et Derge à une heure de vol en 2015.

C'est en expert qu'il me décrivait les fondamentaux d'une voie toute en nuances entre développement et préservation du passé : « Un défi auquel le monde entier est confronté et pour lequel il n'y a pas de modèle donné… » m'explique-t'il. Donc développer, oui ! Mais pas n'importe comment. Car les choix ont toujours leurs conséquences. C'est là tout le défi de ce travail conceptuel que vient de commencer le bureau d'étude français en concertation avec les autorités à Derge et la coopération Alpes-Sichuan.

Sur ces terres étonnantes de Derge, partagées entre une nature vierge et des zones habitées baignées dans une culture séculaire, différents modèles touristiques peuvent se compléter pour participer d'une stratégie globale et cohérente, dont voici quelques clefs.

La première est d'arriver à attirer les touristes. Pour cela, les ressources de Derge sont un véritable cadeau du ciel qu'il suffit de valoriser et de rendre plus facilement accessible. Pour autant, il ne suffit pas que les visiteurs viennent pour n'y passer que quelques heures. Il faut les inciter à rester et à consommer. Les touristes demeurent sur place à condition de bien s'amuser et passer du bon temps dans un environnement agréable et de bonne qualité. Les loisirs et les sports sont donc au cœur d'une offre de vacances à la montagne… Enfin, il y a beaucoup d'avantages à les fidéliser. Il faut donc sans cesse perfectionner le produit touristique pour donner envie aux visiteurs de revenir, et d'amener avec eux leurs amis.

« L'objectif, insiste Serge, est de parvenir à générer des ressources économiques et de nouveaux emplois toute l'année, des infrastructures et des services bénéficiant aussi à la population, ainsi que du lien social rural-urbain avec les visiteurs venus d'ailleurs. Le tout en préservant dans la durée cet écrin de culture, d'histoire et de nature ».

Du style traditionnel local avec des normes internationales

À Derge, des circuits itinérants peuvent ainsi être proposés sur l'ensemble du territoire reliant des points d'intérêts tels que des monastères, belvédères paysagers, villages typiques ou autres lieux de festivités. Ce mode de visites, en autonomie ou avec des guides, utilise diverses formes de déplacements. Dans ce type d'offre, l'organisation pour l'accueil, l'hébergement, la restauration, l'accompagnement des activités, doit s'appuier le plus possible sur les habitants. Peu d'infrastructures, donc, si celles-ci ne sont pas indispensables. Les prémices de ce tourisme de « routards » existent déjà à Derge. Il suffit de l'amplifier pour diffuser ses retombées aux quatre coins du canton.

Des vallées vivent encore au rythme étonnant du Tibet traditionnel et rituel. Les plus beaux monastères y sont perchés. « Y construire des hôtels de luxe, des parkings d'accueil de bus avec un tourisme massif serait une hérésie, affirme Serge avec son franc parler, car cela reviendrait à faire muter les coutumes en folklore... » Ce serait en effet dommage que le lama se mette à prier pour distraire « l'excursionniste de passage », que le sculpteur et le menuisier fassent de la figuration, que le peintre de tanka produise en série pour vendre des souvenirs… « Dans ces lieux au patrimoine culturel immatériel vulnérable face aux tentations économiques, une fréquentation touristique contrôlée et limitée chaque jour en nombre peut être envisagée, calculée selon la capacité d'absorption non invasive du site. Une adhésion des visiteurs à une charte de respect de la vie locale peut également être imposée, avec les services chez l'habitant, des déplacements doux », me détaille Serge. Pour cela, les autorités peuvent former les habitants à autogérer un tourisme soutenable et les inciter à ne pas succomber aux sirènes de l'argent rapide qui est potentiellement destructeur. « Pour autant, ajoute Serge, ce sont ces habitants qui ont eux-mêmes dans leurs mains la décision de conserver ce trésor. Il restera l'âme profonde de Derge tant que les traditions resteront ancrées dans leur vie et leurs habitudes quotidiennes ». Le maintien authentique de ces activités est en effet la garantie de l'exception de cette destination, de son caractère unique dans la concurrence internationales des sites touristiques. Et d'une durabilité économique qui pourrait en découler.

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Source: La Chine au Présent

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