(Lisa Carducci)
Le long de la route, sur des kilomètres et des kilomètres, on ne voit que désert de pierraille, ce type d'espace qu'on appelle souvent désert de gobi, un autre mot tujue, qui signifie « là où rien ne pousse facilement ». Il ne faut pas confondre avec le désert de Gobi – nom propre – qui est aussi un désert de pierraille. Afin d'éviter l'ensablement de la voie ferrée, on a planté de multiples rangs d'arbre. C'est depuis les années 1960 que le train de Beijing se rend jusqu'à Urumqi ; auparavant, il s'arrêtait à Hami, la ville la plus à l'est du Xinjiang, et si l'on poursuivait son voyage, il fallait le faire en charrette tirée par un âne. Ces charrettes existent encore aujourd'hui et font office de taxis locaux.
Yan Hu, ou lac de sel, se définit par son nom. C'est une mer intérieure du Xinjiang.
Le mont de Flamme, en chinois Huoyanshan, se trouve au centre de la dépression de Turfan, sur une longueur de 98 km et une largeur de 9 km. C'est l'oxydation de la pierre qui la rend rouge, et l'illusion est renforcée par l'air qu'on peut voir vibrer au-dessus de la pierre aux heures les plus chaudes du jour, d'où son nom. Un immense thermomètre marquait la température au sol à 19 h: 58 ºC.
Dans les environs de Turfan on exploite le sable et le soleil comme moyen thérapeutique. C'est surtout la population locale qui va se couvrir les membres de sable brulant contenant du minerai de fer pour combattre l'arthrite. D'ici peu on verra surement des établissements commerciaux profiter de cette « denrée » locale.
La route est excellente sur toute son étendue. Il y a cinq ans, me dit le chauffeur, qu'on l'a construite à travers des milliers de kilomètres carrés de désert. Au loin, les cheminées d'une cimenterie, ailleurs un champ pétrolifère.
Variété de raisins secs (Photo de Lisa Carducci)
Les karez sont un système d'irrigation propre au Xinjiang mais en particulier à Turfan et Kumul, nom ouïgour de Hami. Ce système remonte à 2 000 ans. Il s'agit de puits verticaux creusés à tous les quatre-vingts mètres et reliés par un canal souterrain de 1,6 m de hauteur et 0,65 m de largeur, sur une longueur de 5 à 20 km. À son apogée, en 1784, il comptait 172 367 puits pour une longueur totale de 5 272 km. Aujourd'hui, il n'en reste que 614 mais le système continue de fonctionner avec l'avantage que l'eau souterraine ne sèche pas, un avantage non négligeable dans cette fournaise.
Le dernier jour dans cette contrée, quoi de plus rafraichissant qu'une balade dans la vallée du raisin. Depuis ma visite d'il y a quatorze ans, les choses ont changé et l'endroit s'est totalement commercialisé. Tout de même, j'ai eu l'occasion de constater que le nombre de types de raisins, frais ou secs, n'a pas diminué. Des minuscules raisins noirs, comme des grains de poivre, aux gigantesques raisins dorés, orangés ou bruns, gros comme des olives grecques une fois séchés, on en compte surement une quinzaine de variétés.
Combien de merveilles sont rassemblées dans la préfecture de Turfan ! Et je n'ai pas tout mentionné. Il y a de quoi satisfaire tous les goûts.
* L'orthographe rectifiée (1990) s'applique dans ce texte.
(Extrait modifié de Ces gens merveilleux du Xinjiang, Beijing, FLP, 2008.)
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