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Mes fêtes chinoises 6 : Noël, en cette année particulière

French.china.org.cn | Mis à jour le 24. 12. 2020 | Mots clés : Noël

par Lisa Carducci

J’avais commencé cette chronique « Mes fêtes chinoises » il y a un an en parlant du dernier jour de l’année, et je boucle le cycle avec Noël, la dernière fête de l’année. Il y a tant à dire à ce sujet ! Mes souvenirs sont nombreux; j’ai donc beaucoup d’histoires à vous raconter.

Noël en Chine

Eh non !, Noël n’est pas « comme notre Chunjie », selon l’expression des Chinois. Ces mots, je les ai entendus trop souvent. Noël n’est pas le début de la nouvelle année solaire (ça, c’est le Jour de l’An, le 1er janvier). Noël est une fête religieuse qui rappelle la naissance de Jésus. Les Grecs orthodoxes, et les Russes pour le moins, célèbrent cette fête chrétienne à une autre date que le 25 décembre. Les Chinois, qui aiment bien les occasions de rencontrer leurs amis et d'avoir du plaisir ensemble, ont trouvé en Noël une nouvelle occasion de faire cela.

Voyez cette crèche, dont on ne voit ici qu’une partie; c’est l’œuvre de Carlone, un artisan italien qui a passé des mois à sculpter 70 personnages! Quand j’étais enfant, l’arbre de Noël était quelque chose d’américain. En Italie, c’était la crèche qui représentait la Naissance de Jésus.


Dans le passé, on m’a souvent demandé, en Chine, si je rentrais chez moi « pendant Noël ». Les chrétiens célèbrent Noël où ils se trouvent; c’est une fête religieuse, le 25 décembre, et non une « période ». Comme ce n’est plus essentiellement une fête religieuse, on peut bien laisser aux Chinois la chance de célébrer aussi, puisqu’ils aiment tellement offrir des cadeaux à qui mieux-mieux !

Je me souviens du temps où je travaillais à CCTV. Les « experts étrangers », comme on nous appelait, bénéficiaient, selon leur contrat, d’une journée de congé le 25 décembre « à condition que cette absence ne dérange pas la production normale ». Donc, afin de profiter du congé, je tâchais de terminer mon travail le 24. Mes collègues, tous chinois, quittaient les lieux à 16h30 ou 17h. Ils frappaient à la porte de mon bureau pour me souhaiter « Bon Noël, Lisa ! » avant d’aller célébrer cette fête autour d’un buffet dans un hôtel de luxe… Et moi, je quittais le bureau à 19h ou plus, tellement fatiguée que je n’avais même plus envie d’assister à la soirée organisée pour nous par le Friendship Hotel où résidaient les étrangers au service des médias chinois.

Mais j’y allais quand même, c’était si rare... Nous avions droit à un spectacle, à des friandises disposées sur les tables, et à un Père Noël en habit rouge et barbe blanche, maigre…, tellement maigre qu’on ne savait pas s’il fallait en rire ou en pleurer ! Bien sûr, j’ai des photos de tout cela, mais elles sont à Beijing, et moi, à Montréal. Il faudra nous en passer…

Quand je demandais à mes collègues et amis chinois ce que représentait Noël pour eux, la réponse était : « Une fête pour offrir et recevoir des cadeaux. »

Un ami croyait que tout le monde occidental consommait une dinde rôtie ce soir-là. Cela me fournissait une occasion de leur donner un aperçu de la (ma) culture italienne. Maintenant que le monde semble en train de se fondre en une seule culture (ce serait bien si ça pouvait arrêter les guerres…), on ne sait plus qui mange quoi, à Noël, ni quelles sont les diverses traditions. En cette année de COVID, il faudra nous « réinventer » puisque les rassemblements sont encore interdits. Après avoir travaillé quelques mois via Zoom, voilà que nous nous réunirons « en ligne » pour festoyer !

Et notre Befana italienne alors ? Cette sorcière au nez crochu qui se promène sur un balai pour donner une orange aux enfants sages, et aux désobéissants un morceau de charbon le 6 janvier, qui la connait ? Son nom – la Befana -- est une déformation du mot Epifania, la fête de l’Épiphanie (les trois rois mages, vous en avez entendu parler ?) que les catholiques romains célèbrent le 6 janvier. Le même phénomène s’applique aux mots Noël et Natale qui viennent de « nativité ».

Pourquoi le 25 décembre, au plus creux de l’hiver, alors qu’on sait maintenant que Jésus serait probablement né en juillet ? La date a été choisie par l’Église catholique, à Rome, pour sacraliser la fête païenne des Saturnales, fête du Soleil naissant, et Jésus est ainsi vu comme la Lumière du monde.

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L’an dernier, je me trouvais à Beijing en cette période. J’étais allée visiter une très belle église catholique à Xishiku, l’église du Saint-Sauveur, construite sous l’empereur Guangxu (1975-1908). Moderne, direz-vous. Oui, mais elle est la renaissance d’une première édification par deux Français, fin XVIIe-début XVIIIe siècles. Allez la visiter si vous avez la chance d’être à Beijing; elle en vaut la peine. J’ai souri devant la crèche érigée à l’extérieur, où Marie et Joseph se tenaient à côté d’un lit de paille où le petit Jésus serait déposé à minuit le 24 décembre. J’ai eu envie de leur dire d’aller se réchauffer à l’intérieur en attendant…


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Quels inoubliables souvenirs se rattachent aux festivités que j’organisais chez moi à Shunyi, au tournant du siècle, pour mes collègues et amis de tous les milieux où j’avais travaillé: l’Institut des Langues étrangères n°2 de Beijing (BISU), la CCTV, les revues La Chine au Présent et Chinafrique, le quotidien China Daily, ainsi que des voisins et mon coiffeur.


Les lecteurs sont invités à relire, entre autres :

L’histoire de Noël :

http://french.china.org.cn/culture/txt/2009-12/24/content_19128399_2.htm

Le dernier jour de l’année :

http://french.china.org.cn/travel/lisa/2020-01/16/content_75619864.htm

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Source:french.china.org.cn