La souplesse de Hollande

Le sommet de l'OTAN qui s'est ouvert le 20 mai à Chicago est d'une grande importance pour le président Obama, car le principal sujet abordé était la manière honorable de mettre fin à la guerre d'Afghanistan déclenchée au nom de l'OTAN. Et c'est justement sur ce sujet épineux que Hollande a fait savoir que la France retirerait ses troupes avant la fin de l'année. Ce problème-là est devenu, après l'accession de Hollande au pouvoir, un baromètre des relations franco-américaines.

Conformément à l'accord conclu entre l'ancien président Sarkozy et les Etats-Unis, la France devrait retirer ses troupes, en même temps que les forces multinationales à partir de 2014. En modifiant ce plan, Hollande a certainement mis Obama dans une situation embarrassante, car cela a non seulement bouleversé le plan du retrait militaire de l'OTAN et les dispositions de défense locale des forces multinationales après le retrait des troupes, mais cette décision pourrait aussi provoquer une réaction en chaîne chez les autres pays membres de l'OTAN ayant pris part aux opérations militaires en Afghanistan. De toute évidence, l'initiative de Hollande sera difficilement acceptée par Obama. Et une grave opposition entre les deux pourrait avoir un impact négatif sur le sommet de l'OTAN. Obama qui sollicite un deuxième mandat ne pourra pas supporter un tel revers.

Dans ces circonstances, les tractations dans les coulisses se sont avérées très importantes. Les deux parties sont finalement parvenues à un compromis après l'entrevue bilatérale entre Hollande et Obama avant la tenue du sommet et les consultations entre les ministres de la défense des deux pays. Après le sommet de l'OTAN, Hollande, tout en soulignant le retrait anticipé des troupes, a expliqué qu'il organiserait le retrait en « bonne intelligence avec nos alliés ». « Pour des considérations techniques et diplomatiques, seules les troupes combattantes quitteront l'Afghanistan dans les délais imposés. Et encore, pas toutes, car des « forces résiduelles » devront rester sur place pour sécuriser le retrait des matériels […] Sans s'engager sur les chiffres, qui seront négociés par le chef d'état-major de l'armée française et le commandant américain de la coalition en Afghanistan ». A travers ces explications, nous pouvons constater que le plan de retrait de Hollande n'est pas très différent de celui de son prédécesseur. Le nouveau ministre de la Défense Le Drian a confirmé le maintien de contingents pour des missions de formation de l'armée et de la police: « Cela ne veut pas dire que nous quittons la coalition, mais notre présence sera différente. » Il a surtout souligné que le plan français de retrait ne saurait affecter l'unité de l'OTAN. C'est bien cette souplesse de Hollande qui a permis la réalisation du consensus lors du sommet de l'OTAN sur le retrait des troupes de l'Afghanistan.