Quand on entre en fonction, on est plein de zèle : après sa prise de fonctions officielle le 15 mai, François Hollande a eu trois rendez-vous diplomatiques en une semaine : une rencontre le 15 avec la chancelière allemande Angela Merkel, sa participation le 18 au sommet du G8 à Camp David et un rendez-vous le 20 à celui de l'OTAN à Chicago. Ces actions diplomatiques successives ont offert une excellente occasion d'observer le nouveau président français, ainsi que la direction que prendra la diplomatie française. Les médias parisiens ont indiqué que le président Hollande a déjà imposé un nouveau style de la diplomatie française.

Mais, en fait, ces trois rendez-vous se sont déroulés autour de deux sujets : la crise de la dette européenne et le retrait des troupes françaises de l'Afghanistan. Et derrière ces deux questions, se posent les relations franco-allemandes et franco-américaines qui constituent les assises de la diplomatie française.

Le « premier succès » obtenu au sommet du G8

Bien avant son élection, Hollande a critiqué le traité budgétaire européen conclu au début de l'année pour résoudre la crise de la dette et posé la question de le renégocier. Selon lui, il faut inclure dans cet accord intergouvernemental destiné à renforcer la discipline budgétaire une clause sur la relance de la croissance. Faute de quoi, la France refusera de le ratifier. La demande de Hollande a été catégoriquement rejetée par Madame Merkel. Les deux positions tout à fait opposées ont suscité des inquiétudes sur une tension possible des relations franco-allemandes. Après sa prise de fonctions le 15 mai, Hollande s'est rendu tout de suite à Berlin pour rencontrer Madame Merkel. Chacune des deux parties a exposé clairement sa position, sans pour autant fermer la porte à une poursuite approfondie des discussions. Madame Merkel a concédé que, tout en maintenant le traité budgétaire, l'Union européenne pourrait conclure un accord séparé au sujet de la croissance, et les deux parties sont tombées d'accord d'en discuter au sommet extraordinaire des dirigeants de l'UE dans la dernière décade de mai. Quant aux propositions françaises au sujet de l'émission d'obligations européennes pour stimuler la croissance et du financement direct des plans nationaux de relance par la Banque centrale européenne (BCE), l'Allemagne a persisté à s'y opposer. Les points de vue de Hollande reflètent en fait les inquiétudes qu'ont la Grèce, l'Espagne, l'Italie et d'autres pays au sujet de l'insupportable austérité budgétaire – un des litiges opposant les pays membres de l'UE.

La crise de la dette européenne, surtout le retrait possible de la Grèce de la zone euro, ont été les principaux sujets abordés par le sommet du G8. L'idée « priorité à la croissance » de Hollande, qui a reçu l'approbation claire et nette de Barack Obama, président du pays hôte, est devenu un point de vue dominant lors du sommet. Madame Merkel devait se sentir un peu isolée. Il est dit dans le communiqué final du sommet que la relance de la croissance et la création d'emplois sont la tâche urgente à laquelle est confronté le G8. Hollande a dit non sans fierté au cours de la conférence de presse qui a suivi le sommet, que « dans le G8, cette volonté de croissance, même si chaque dirigeant peut y mettre ses propres mots, a été partagée… Le mandat que j'avais reçu du peuple français a déjà été honoré ». Au sujet de la Grèce, Hollande et les autres dirigeants étaient unanimes à souligner que « la Grèce doit rester dans la zone euro et respecter ses engagements […] Une zone euro forte et unie est très importante pour la stabilité mondiale et la reprise économique ». Le journal Le Figaro a concédé que « Hollande a revendiqué son premier succès » pour sa première sortie sur la scène internationale.