Succès de quelques Chinois en Papouasie-Nouvelle-Guinée

Les Situ ont quitté Kaiping du Guangdong il y a 100 ans pour s'installer en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Grâce aux efforts de cinq générations, la famille a fondé une entreprise gigantesque. M. Situ Xielin, 68 ans, né en Papouasie-Nouvelle-Guinée, a d'abord ouvert une petite boutique. En 1965, il a fondé un supermarché avant de s'engager dans la gestion de magasins et la préparation des viandes. En 1981, il a créé en coopération avec une autre famille la compagnie d'assurances Kwila (Kwila est le nom d'un bois dur local; le terme est employé pour signifier la solidité). Aujourd'hui, Kwila est devenue la plus grande compagnie d'assurance-vie de Papouasie-Nouvelle-Guinée. A l'heure actuelle, M. Situ Xielin est le plus grand agent foncier et immobilier, le deuxième importateur de viande et le plus grand distributeur de poulet. Ayant occupé un poste dans 15 commissions d'affaires étrangères et d'investissement, il a conservé des amis dans le milieu politique. Au cours de la visite de la délégation de l'Association chinoise des Chinois d'outre-mer, le premier ministre de Papouasie-Nouvelle-Guinée et son épouse sont venus chez les Situ pour rencontrer Lin Zhaoshu et sa délégation. L'épouse du premier ministre a déjeuné avec eux dans une ambiance amicale et chaleureuse.

Zhou Xinquan, un autre sir d'origine chinoise en Papouasie-Nouvelle-Guinée, nous a accompagnés en Mercedes pour visiter une grande fabrique de biscuits, située dans la banlieue de la capitale, qui fait partie des nombreuses entreprises de M. Zhou.

A la fin du XIXe siècle, les Allemands, colonisateurs de la Nouvelle Guinée, recrutèrent des travailleurs à Macao. La pauvreté et la misère qui régnaient la Chine ont obligé un grand nombre de jeunes et adultes du Fujian et du Guangdong à quitter leur pays natal pour gagner leur vie outre-mer. Bon nombre de gens originaires de Kaiping du Guangdong ont débarqués en Nouvelle Guinée en tant que domestiques ou ouvriers de bâtiment. Plus de la moitié sont morts de la fièvre jaune ou de la malaria et une partie d'entre eux a regagné la Chine au terme d'un contrat de 3 ans. D'autres ont obtenu une parcelle de terre inculte pour s'installer dans ce pays étranger et y vivre de la plantation.

Il y a 100 ans, Zhou Zhenbai est arrivé en Nouvelle Guinée où il a occupé différents emplois dont celui de cuisinier dans des établissements allemands. Faute de nouvelles, sa famille se faisait beaucoup de souci. Quelques années plus tard, son frère Zhou Zhenhuan est parti à sa recherche avec seulement quelques vêtements. Pour gagner de quoi payer ses frais de voyage, ce dernier a travaillé jour et nuit à Hongkong et à Singapour avant de retrouver son frère un an après. Trois ans plus tard, M. Zhou Zhenhuan avait fait des économies et est retourné à Kaiping pour se marier. Parti de nouveau pour la Nouvelle Guinée avec sa femme, M. Zhou Zhenhuan a commencé à planter des cocotiers et autres cultures industrielles, à faire du commerce et à ouvrir des fabriques. Aujourd'hui, la famille de Zhou compte plus de 100 personnes et chacun possède une entreprise qui marche.

"Nous, les Chinois, n'étions pas des êtres inférieurs mais nous ne pouvions obtenir qu'une parcelle de terre inculte. Mon arrière-grand-père m'a encouragé à bien étudier pour changer le cours du destin et vaincre l'injustice. Il m'a également recommandé de ne pas oublier la patrie et d'oeuvrer autant que possible en son nom."

Grâce aux conseils de son ancêtre et à ses propres efforts, Zhou Xinquan a été nommé maire de Rabaul à l'âge de 30 ans puis gouverneur du département de la Nouvelle Bretagne orientale. En 1967, il a participé à la création d'un parti politique. "Notre participation aux affaires politiques, a-t-il dit, a progressivement vaincu l'injustice. Aujourd'hui, la situation des Chinois est bien meilleure."

La famille des Zhou est un exemple dans l'histoire des Chinois de Papouasie-Nouvelle-Guinée qui ont fini par gagner le respect grâce à leurs efforts incessants.

Ces familles d'origine chinoise éprouvent toujours de profonds sentiments pour leur patrie malgré la distance et le temps. Elles perpétuent sans relâche les coutumes chinoises, meublent leurs bureau et logement à la chinoise et préservent de génération en génération les arts culinaires. En 1988, la famille des Zhou est retournée à Kaiping grâce à l'aide de l'organisation des Chinois d'outre-mer et a été chaleureusement accueillie par ses compatriotes. Depuis, elle a fait des dons au pays natal pour un total d'un million de dollars.

Pour accueillir la délégation chinoise, sir Situ Xielin a fait la cuisine lui-même et a proposé quelques plats cantonais. La toiture de sa maison est le reflet des kiosques à tuiles vernissées du Palais impérial de Beijing et tous les matériaux de construction ont été apportés de Chine. De son côté, il a construit des écoles, des ponts et des routes pour son pays natal Kaiping.

Les cinq générations des Situ parlent encore le cantonais et le hakka. A cause de la distance et du temps, elles ont créé un cantonais local avec des prononciations et des sens différents. Le chinois est indispensable pour faire du commerce avec la Chine et Singapour et les Chinois de Papouasie-Nouvelle-Guinée ont bien conscience de l'importance de cette langue. Malheureusement, il n'existe pas d'école de chinois.

Ces dernières années, de nouveaux immigrés d'origine chinoise sont arrivés en Papouasie-Nouvelle-Guinée pour poursuivre l'entreprise de leurs prédécesseurs.

Madame Ni Yumei est venue de Beijing il y a une dizaine d'années. Grâce à la machine à coudre qu'elle possédait au début, elle a réussi à ouvrir une fabrique de vêtements qui a signé des contrats avec nombre d'écoles locales, voire des compagnies aériennes et des tribunaux.

Sa maison est entourée de grands cocotiers et présente un style de décoration combinant les arts chinois et occidentaux. Ses deux aimables filles métisses, l'une de 9 ans et l'autre de 6 ans, ont visité la Chine et se sont bien entendus avec les membres de la délégation "venus du pays de la grand-mère maternelle".

Les enfants grandissent sans pouvoir entrer dans une classe de chinois. Cela préoccupe beaucoup Ni Yumei et les autres nouveaux immigrés. Ils espèrent ardemment que des professeurs de chinois aillent en Papouasie-Nouvelle-Guinée pour que la culture chinoise se perpétue de génération en génération.

Ces jours-ci, Ni Yumei et un grand nombre d'enthousiastes se préparent à créer l'Union des Chinois qui constituera une famille chaleureuse rassemblant tous les Chinois de Papouasie-Nouvelle-Guinée. En tant que première organisation locale de Chinois, son but sera de servir les compatriotes et de jeter un pont entre les deux pays.

CIIC 2001/01/16 15:21UTC