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Présidentielle française : duel au second tour entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen

French.china.org.cn | Mis à jour le 24. 04. 2017 | Mots clés : présidentielle française

Crédit photo : VCG

Le résultat du premier tour de la présidentielle française a été annoncé : Emmanuel Macron, le candidat du centre indépendant, et Marine Le Pen, la candidate de l'extrême droite, sont arrivés en tête du premier tour. Ils s'affronteront au second tour du scrutin le 7 mai et le vainqueur deviendra le nouveau président de la République.

Marquée par la division interne des partis, les scandales et les procès interminables, ainsi que par les attaques terroristes, la présidentielle française 2017 a connu trop d'« imprévus » et de « surprises », ce qui en a fait l'élection présidentielle la plus complexe, la plus changeante et la plus imprévisible de l'histoire de la Ve République.

Les 11 candidats officiels de l'élection présidentielle 2017 représentaient des partis politiques aux différentes tendances. Selon les résultats des sondages publiés régulièrement, la présidentielle française 2017 annonçait dans un premier temps plusieurs duels à deux candidats, puis une situation où trois candidats ont émergé, et à la fin une lutte entre quatre candidats favoris.

Selon le résultat annoncé par le Ministère de l'Intérieur le 24 avril à 1 h du matin (heure locale), Emmanuel Macron a obtenu 23,87% des voix, Marine Le Pen 21,43%, François Fillon 19,94% et Jean-Luc Mélenchon 19,6%. Les autres candidats ont tous obtenu un score inférieur à 10%. Ce résultat a ainsi confirmé les tendances concernant les quatre candidats favoris, et nous laisse constater les choses suivantes :

Les deux partis majeurs ont été éliminés

La vie politique en France est fondamentalement caractérisée par une alternance de la gauche et de la droite au pouvoir suprême de l'Etat. Cependant, les deux partis majeurs ont été éliminés de la présidentielle de cette année. François Hollande, du Parti socialiste (PS), avait été élu président de la République en 2012 après avoir battu Nicolas Sarkozy, de l'Union pour un mouvement populaire (UMP), parti conservateur de la droite. Mais il a perdu le soutien du peuple suite aux mauvais résultats obtenus sous son quinquennat, si bien qu'il a été obligé de renoncer à se représenter pour un second mandat. La candidature de l'ex-Premier Ministre Manuel Valls (PS) avait échoué suite aux primaires de son parti, lors desquelles avait été choisi Benoît Hamon. Mais l'ex-ministre de l'Education nationale n'a obtenu que 6,18% des voix au premier tour, le score le plus bas de toutes les élections présidentielles pour le PS. Le PS n'a pas pu se qualifier pour la présidence, et voit son importance sur la scène politique grandement réduite. C'est sans conteste le plus grand perdant de cette élection présidentielle.

En suivant cette tendance d'alternance au pouvoir, l'élection semblait déjà remportée pour le parti Les Républicains.

François Fillon, ex-Premier Ministre et candidat des Républicains, était quasiment le seul candidat pouvant prétendre au poste de nouveau président de la République, grâce à ses riches expériences politiques et à sa popularité très élevée. Mais François Fillon a connu des échecs successifs suite au scandale qui a éclaté en début d'année et à l'enquête ouverte sur lui par les autorités judiciaires. Il a perdu l'occasion d'arriver au second tour et le parti de la droite a été éliminé pour la première fois de son histoire au premier tour du scrutin. Fillon a toutefois maintenu un score assez élevé, avec 19,94% des voix, ce qui montre la puissance et la position des Républicains sur la scène politique française.

Macron représente le « changement »

Le triomphe d'Emmanuel Macron au premier tour illustre la montée en puissance non-négligeable du centre sur la scène politique française. Son succès n'est pas une surprise, car il se classait souvent en tête des sondages depuis l'éclatement de l'affaire Fillon.

Il est possible que la réussite de Macron résulte du hasard. L'échec de Fillon et le manque d'un candidat influent au PS ont fait que les électeurs n' « avaient pas de candidat pour qui ils auraient normalement voté ». Ainsi, Emmanuel Macron, le jeune candidat prometteur, est devenu le « suppléant » idéal.

Comparé aux hommes politiques traditionnels qui ont déçu les électeurs, Macron affiche ses propres avantages : il est jeune (39 ans) et il n'a pas énormément d'expérience politique. Ce jeune de la nouvelle génération du monde politique français a fait partie du PS pendant quelques années et a occupé le poste de ministre de l'Economie sous François Hollande. Sans expérience politique, sans même jamais avoir été élu à l'échelon local, et ayant créé le mouvement « En Marche ! » depuis à peine un an, il a obtenu cependant le meilleur score des voix au premier tour de l'élection présidentielle, et pourrait bien accomplir un « miracle » et être élu président de la République.

Parmi les facteurs pour expliquer cela figure le « changement » représenté par Emmanuel Macron. Les partis majeurs classiques, ayant perdu la confiance de la population, ont été chassés de la scène politique tandis que les forces politiques du centre sont en ascension et attirent l'attention générale. Emmanuel Macron affiche justement une position « ni de gauche ni de droite », et cela représente un appel irrésistible pour le public, qui en a eu assez des différends entre la gauche et la droite classiques. Ses idées politiques et ses mesures de gouvernance sont soutenues par l'ex-Premier ministre Manuel Valls et d'autres partisans de la réforme au sein du PS, ainsi que par un autre ex-Premier Ministre, Alain Juppé, au sein des Républicains. La population aspire au changement, cette puissante force motrice de la société que Macron a mise en avant.

La gauche radicale ne peut être négligée

Jean-Luc Mélenchon, qui a lancé le mouvement de La France insoumise (FI), s'est classé 4e au premier tour de l'élection présidentielle, ce qui signifie que la gauche radicale s'est substituée au PS sur la scène politique.

Ayant adhéré au PS en 1976, M. Mélenchon s'en est retiré en 2008 suite à des divergences avec les forces majeures au sein du parti et a créé le Parti de gauche, qui s'est ensuite allié au Parti communiste français (PCF) pour former le Front de gauche en 2011. Il s'était porté candidat à la présidentielle française de 2012 et s'était classé 4e avec 11% des voix. Cette année, M. Mélenchon a réussi à attirer des électeurs grâce à son éloquence extraordinaire et son opinion politique radicale : il attaque avec véhémence les inégalités sociales et le recul de la sécurité sociale, préconise une augmentation immédiate du SMIG, appelle à une « insurrection civique » pour préserver les intérêts des citoyens, et réclame un amendement de la Constitution pour créer la « VIe République ». Jean-Luc Mélenchon a ainsi attiré des électeurs de la gauche traditionnelle, qui étaient à l'origine des partisans du PS. Les oscillations entre la « tradition » et la « réforme » du PS au pouvoir ont aggravé les contradictions économiques et sociales et a causé une perte de confiance pour la gauche traditionnelle, ce qui a donné des opportunités de développement aux forces de la gauche radicale. Le fait que Mélenchon ait remporté 19,6% des voix au premier tour prouve que la gauche radicale sera une force à ne pas négliger sur la scène politique française.

La place de Marine Le Pen a été consolidée

Marine Le Pen, candidate de l'extrême droite, s'est qualifiée pour le second tour en arrivant en deuxième position. Depuis son élection à la présidence du FN en 2011, elle cherche à améliorer son image et à réajuster les principes politiques de son parti, et a obtenu des résultats manifestes à cet égard. Une certaine partie de la population française, profondément perturbée par les multiples crises économiques et sociales actuelles, approuve de plus en plus la revendication de Marine Le Pen sur la « priorité nationale », ce qui explique pourquoi le taux de soutien du FN monte régulièrement. Marine Le Pen avait remporté 17,9% des voix à la présidentielle française de 2012, et en a recueilli 21,43% cette année. Tout cela illustre une consolidation continue de la place de Marine Le Pen sur la scène politique française.

Marine Le Pen est tenue à l'écart par l'opinion populaire, qui la considère comme une populiste extrême à cause de ses idées contre l'immigration, contre la mondialisation et contre l'UE. Ses idées sur l'abandon de l'euro et la sortie de l'UE ont plongé différents pays européens dans une inquiétude constante. Mais l'influence de Marine Le Pen et du FN est difficile à éliminer. Quels que soient les résultats du deuxième tour ce 7 mai, voilà une réalité politique à laquelle il faudra faire face.

 

(Traduction d'un article en chinois rédigé par Shen Xiaoquan, maître de recherche au Centre de recherche sur les problématiques mondiales de l'agence de presse Xinhua.)


 

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Source: french.china.org.cn

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