2016 aura été une « année de crise » pour l'Europe. L'année dernière, les média prévoyaient que la « crise existentielle » de l'Europe deviendrait en 2016 un enjeu géopolitique international majeur. Alors que 2017 s'approche à grands pas, les perspectives européennes semblent encore s'assombrir et pour certains, l'Europe pourrait affronter un véritable « tsunami politique ».

En analysant les différentes crises et difficultés rencontrées par l'Europe, il est possible de voir que celle-ci est empêtrée dans « quatre contradictions » : entre l'Est et l'Ouest, entre le Nord et le Sud, entre le haut et le bas, et entre l'intérieur et l'extérieur.

La contradiction « Est-Ouest » déchire l'Union européenne

En 2003, les Etats-Unis ont lancé la guerre en Irak, révélant les divergences de position entre les membres de l'est de l'Union européenne et ceux de l'ouest. Au cours des deux dernières années, cette contradiction s'est particulièrement illustrée avec la crise des réfugiés. La chancelière allemande Angela Merkel a annoncé l'ouverture des frontières de son pays pour accueillir les réfugiés, tandis que les pays d'Europe centrale et orientale rejetaient le Règlement Dublin, certains pays – comme la Hongrie, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie – fermant leurs frontières aux migrants et leur refusant le transit. Face aux vagues de réfugiés, de nombreux pays ont adopté une politique protectionniste et ont fermé leurs frontières pour se protéger, allant ainsi à l'encontre des Accords de Schengen. Les flux de migrants exacerbent également les divergences entre une « vieille » et une « nouvelle » Europe, qui se discrédite en ne tentant rien et en n'accomplissant rien.

En mars 2014, lorsque la guerre en Ukraine a éclaté, les Etats-Unis et leurs alliés européens ont imposé des sanctions sévères à l'encontre de la Russie pour la punir de son annexion de la Crimée et de son implication militaire dans l'est de l'Ukraine. L'OTAN a alors réajusté son déploiement en Europe et mis en place une force de réaction rapide contre la Russie. L'opposition de l'armée américaine à la Russie s'est également clairement renforcée. Les pays d'Europe centrale et orientale se situent en première ligne face à l'armée russe. Pour eux, les Etats-Unis sont les garants de leur sécurité nationale et ils souhaitent voir des troupes américaines déployées directement dans les trois pays baltes et la Pologne, afin de renforcer encore la pression sur la Russie. Les pays d'Europe occidentale sont, quant à eux, plus sur la réserve et même s'ils s'opposent aux actes russes, ils continuent d'espérer une participation de la Russie dans une solution politique à la crise ukrainienne. Du fait de conflits d'intérêts et de divergences sur le plan de la stratégie sécuritaire entre l'Europe de l'Est et l'Europe de l'Ouest, il est très difficile pour l'Union européenne de développer une politique commune sur les questions majeures de sécurité et de défense. La complexité et le degré des divergences entre l'Europe de l'Est et l'Europe de l'Ouest apparaissent ainsi clairement.