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2016 : la crise existentielle européenne et les « quatre contradictions »

French.china.org.cn | Mis à jour le 30. 12. 2016 | Mots clés : Europe,crise existentielle


 

La contradiction « haut-bas » bouleverse la politique en Europe

La contradiction « haut-bas » comporte deux significations : la première est une contradiction entre « l'élite politique » dirigeant l'Europe et les populations des pays membres ; la seconde est une contradiction entre les partis politiques traditionnels et les partis extrémistes « anti-système ».

L'intention première de l'intégration européenne était de préserver la paix et de bénéficier aux populations. Mais au fil du temps, les « élites politiques » européennes ont dévié de cet objectif et sont allés à l'encontre des attentes des citoyens ordinaires. C'est la raison pour laquelle, le rejet des « élites » s'est généralisé. Le choix anglais de sortir de l'Europe en juin 2016 s'explique ainsi principalement par le mécontentement d'une grande partie de la population face aux élites politiques européennes et le rejet de ces dernières. Peu de temps auparavant en Italie, le gouvernement Renzi a proposé un référendum pour l'adoption d'un amendement constitutionnel. Celui-ci fut rejeté par une grande partie de la population et Matteo Renzi dut alors démissionner. Au premier abord, on peut penser que ce rejet visait l'amendement constitutionnel proposé par Renzi. En réalité, il s'agit d'un rejet de l'orientation politique « européaniste » du gouvernement italien. La crise de confiance dans l'Union européenne représente précisément une aggravation de la contradiction entre « le haut » et « le bas ».

La contradiction entre le haut et le bas au sein de chaque pays européen s'accentue et pourrait avoir des conséquences extrêmes. La France en est le parfait exemple. Les propositions de l'extrême droite française, comme la « préférence nationale », la « restriction de l'immigration » ou encore le « retrait de la zone euro », a gagné en reconnaissance de la part de la population. Au cours des élections nationales de ces dernières années, les votes du Front national sont souvent arrivés en tête. Aux élections du Parlement européen et aux régionales, les votes du Front national au premier tour ont presque tous dépassé les votes des partis traditionnels de droite et de gauche, faisant de lui le « premier parti de France ». Les prochaines élections présidentielles auront lieu en 2017 et l'arrivée de Marine le Pen au second tour semble jouée d'avance. Sous l'influence du « phénomène Trump », la probabilité que Mme le Pen parvienne à la plus haute fonction de l'Etat s'est renforcée, d'où son surnom de « Donald Trump française ».

Les éléments mentionnés ci-dessus montrent que, dans chaque pays d'Europe frappé par la crise économique et sociale, la contradiction entre le haut et le bas ne cesse de s'intensifier. De plus, les forces extrémistes « anti-système » utilisent un populisme en rapide expansion, afin de renverser à tous les niveaux les structures politiques traditionnelles. L'apparition de « l'effet Trump » en Europe n'est pas un mythe, mais une réalité objective à laquelle l'Europe doit faire face.

La contradiction « intérieur-extérieur » sape les relations entre l'Europe et les Etats-Unis

La contradiction « intérieur-extérieur » se réfère clairement aux divergences existant entre l'Europe et l'extérieur, en particulier entre l'Europe et les Etats-Unis. Au cours des huit années de la présidence de Barack Obama et avec la stratégie de « rééquilibrage » des Etats-Unis, la tendance américaine en Europe a clairement été au « retrait stratégique », ce qui a provoqué un certain mécontentement et des inquiétudes. A la suite de l'élection de Donald Trump, les réactions ont été relativement froides de la part des dirigeants européens, qui craignent une attitude plus « isolationniste » envers l'Europe et attendent donc de voir ce qu'il se passe.

Pendant longtemps, l'OTAN a constitué le lien entre l'Europe et les Etats-Unis. Les Etats-Unis utilisaient l'OTAN pour contrôler l'Europe et l'Europe l'utilisait pour assurer sa sécurité. A la fin de la guerre froide, le rôle de l'OTAN a commencé à diminué, l'esprit de défense de l'Europe s'est clairement affaibli, les dépenses militaires [au sein de l'OTAN] ont été considérablement réduites et celles-ci peinent à atteindre la moyenne requise de 2 % du PIB. Lors de sa campagne présidentielle, Donald Trump s'est montré extrêmement mécontent de la situation de l'OTAN, estimant qu'il s'agissait d'une organisation « appartenant au passé ». Il a également affirmé, que les pays européens ne pourraient pas bénéficier « gratuitement » de la protection américaine en matière de défense et de sécurité. Trump a indiqué qu'à l'avenir, les Etats-Unis n'offriraient leur protection qu'aux pays membres de l'OTAN s'acquittant des dépenses militaires requises, soit 2 % du PIB. Cette mesure est une atteinte directe à l'article 5 du Traité de l'Atlantique nord, selon lequel l'attaque militaire de tout pays de l'OTAN est considérée comme une attaque contre l'OTAN et entraîne une réponse militaire de sa part. Par ailleurs, les tendances pro-russes du futur président américain troublent l'Europe. Avec l'amélioration des relations entre la Russie et les Etats-Unis, la structure de défense et de sécurité de l'Europe pourrait changer et le projet d'envoyer des régiments permanents de l'OTAN dans les trois pays baltes et en Pologne, être abandonné. Cela serait de mauvais augure pour les pays d'Europe centrale et orientale. Lorsque Trump commencera à prendre des mesures substantielles pour améliorer les relations avec la Russie, les divergences au sein de l'Union européenne seront inévitablement renforcées et celles-ci auront, en retour, un impact sur les relations américano-européennes. C'est la raison pour laquelle, les facteurs d'incertitude dans l'évolution des relations entre l'Europe et les Etats-Unis risquent d'augmenter.

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Source: french.china.org.cn

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