Le principe Estoppel

La réglementation internationale actuelle s'est en réalité formée sur la base d'innombrables négociations diplomatiques, déclarations et engagements réalisés au cours de l'histoire. Sans cette accumulation d'expériences, le monde actuel ne serait pas ce qu'il est. Lorsque nous abordons les conflits en mer de Chine méridionale, nous devons nous baser sur l'évolution historique de la situation jusqu'à nos jours.

Il est un principe important du droit international, le principe Estoppel, qui signifie qu'une partie ne peut se rétracter après un engagement si l'autre partie s'y est fiée. En 1933, l'Estoppel a été invoqué pour la première fois dans l'affaire internationale du Groenland oriental pour résoudre le conflit qui opposait la Norvège et le Danemark sur la souveraineté du territoire. Estoppel est depuis un principe général du droit international, utilisé pour restreindre le comportement d'un Etat et particulièrement utile pour maintenir la cohérence de l'action des Etats afin de préserver l'ordre mondial.

Lorsque la Chine analyse les agissements et attitudes du Japon dans les conflits en mer de Chine méridionale, elle se doit de prendre en compte l'histoire du Japon dans cette région. Puisque le Japon a déjà reconnu que les îles disputées appartenaient à la Chine, pourquoi tient-il encore des propos irresponsables sur ce que fait la Chine sur ses propres terres ? Si le Japon se rétracte et revient sur son engagement 70 ans plus tard et interfère trop vigoureusement dans les différends en mer de Chine, le peuple chinois ne pourra s'empêcher de soupçonner le Japon de ne pas agir au nom de l'intérêt général et sur la base du droit international, et d'avoir d'autres desseins. Les relations sino-japonaises ont un lourd passé et doivent être traitées avec prudence. J'espère qu'un jour nous cesseront de « jeter de l'huile sur le feu ».

A propos de l'auteur :

Zhu Jianrong (professeur à l'Université Tōyō Gakuen, spécialiste des problèmes sino-japonais)

Né en 1957 à Shanghai et diplômé en langues étrangères à l'Université normale de la Chine de l'Est (Shanghai), il a obtenu un doctorat de sciences politiques à l'Université Gakushūin. Spécialiste des problèmes sino-japonais et célèbre universitaire chinois au Japon, ses recherches portent principalement sur la politique internationale et les relations sino-japonaises. Il est en outre connu comme l'expert Chinois apparaissant le plus souvent dans les médias japonais. Ancien représentant de l'Association des professeurs chinois au Japon et directeur du Centre NPO des échanges académiques sino-japonais, il enseigne aujourd'hui la communication internationale à l'Université Tōyō Gakuen et occupe les fonctions de vice-président de l'Association de la communauté asiatique internationale au Japon.