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La visite présidentielle de Xi Jinping en Afrique en mars dernier a mis à l'honneur l'amitié sino-africaine. Mais malgré ces liens au niveau étatique, le peuple chinois a encore beaucoup à apprendre de la culture de l'Afrique, cette contrée si lointaine et insaisissable.
Presque tous les Chinois considèrent les Africains comme de vieux amis et de proches frères. Mais les Chinois connaissent-ils vraiment l'Afrique ? « Non », répond Li Anshan, professeur de l'Institut des relations internationales de l'université de Beijing et président de la Société chinoise d'études de l'histoire africaine. « Nous ne la connaissons pas bien – ce ‘nous' inclut bon nombre de chercheurs – et entretenons des préjugés à son égard. En ce qui me concerne, je possède également un savoir limité sur ce continent. Mais je sais pertinemment que nous avons beaucoup à apprendre des Africains dans une multitude de domaines. »
Le rêve africain : rechercher la voie de la modernisation, rédigé par M. Li avec l'aide d'un certain nombre d'universitaires, a été récemment publié par la maison d'édition du Peuple du Jiangsu. Cet ouvrage de 700 000 mots présente le processus de modernisation des pays subsahariens et leurs réalités, répondant aux attentes des lecteurs chinois désireux de connaître l'Afrique.
L'Afrique est digne d'être étudiée par la Chine
Parmi la cinquantaine de nations que compte le continent, les rédacteurs de ce livre ont choisi de se concentrer sur certains pays d'Afrique subsaharienne, tels que l'Éthiopie, la Tanzanie, la Zambie, le Nigeria, le Ghana, l'Afrique du Sud, l'Angola, ainsi que ceux d'Afrique francophone.
« Depuis la création du Forum de coopération Chine-Afrique en 2006, la compréhension mutuelle sino-africaine s'est intensifiée, mais l'accent reste mis sur l'économie », explique Li Anshan. Cette coopération étant tournée vers le profit, le processus de développement des relations sino-africaines n'a fait qu'amplifier les idées préconçues dans certains domaines. « Par ailleurs, au sujet de la coopération sino-africaine, on entend surtout que l'Afrique a besoin de s'inspirer de l'expérience de la Chine en matière de développement. »
Selon M. Li, l'Afrique mérite assurément d'être étudiée par la Chine, notamment sur les plans du patrimoine culturel, des valeurs, et même de la conception de la politique. « Nous avons beau pointer du doigt les faiblesses de l'Afrique et critiquer certains de ses défauts qui perdurent au fil des générations, nous ne pouvons fermer les yeux sur la richesse unique de sa culture. Li Anshan ajoute : La culture africaine fait preuve d'un caractère fort tolérant. » Il estime que malgré son essor économique, la Chine reste derrière l'Afrique pour ce qui est de l'intégration, du respect de la nature, de l'optimisme, de l'art de traiter les problèmes frontaliers, des règlements relatifs à la part des femmes employées dans les établissements publics. « Sur ces points, la Chine a encore un long chemin à parcourir. »
« L'Afrique a échoué ». Tels sont les mots de Roel van der Veen dans son livre What Went Wrong with Africa ? A Contemporary History. Mais Li Anshan dément : « L'Afrique a réussi à survivre à la traite des esclaves et au colonialisme, puis a résisté à la pression exercée par un ordre international politique et économique inéquitable, tout en faisant pourtant des progrès. Il s'agit déjà d'un miracle en soi, qui suffit à témoigner de la ténacité et de la vitalité de la culture africaine. »
Source: french.china.org.cn |