Moins de sécurité dans les entreprises chinoises ?
Le rapport de HRW porte sur le taux de mortalité élevé, les bas salaires, l'intensité du travail et les problèmes syndicaux dans les sociétés du CNMC. Suite à sa publication, Oswald Mu Rock Bay, président du syndicat des mineurs de Zambie, a tout de suite réagi, déclarant : « Le syndicat ne devrait pas attribuer toute la responsabilité aux sociétés chinoises, car le même problème existe chez d'autres sociétés… Nous ne pouvons pas complètement critiquer les sociétés minières chinoises. Au moment de la crise mondiale, les mines dirigées par les Chinois n'ont licencié aucun ouvrier, à la différence d'autres entreprises étrangères. En réalité, les problèmes comme les mauvais traitements infligés aux ouvriers et le non-respect de la législation du travail existent aussi dans d'autres sociétés étrangères. »
En ce qui concerne la sécurité au travail, la méthode de comparaison la plus exacte pour les mines de cuivre est de comparer le nombre de morts dans des conditions égales. Des données montrent que la mortalité des mineurs dans les sociétés du CNMC n'est pas élevée par rapport à celle qu'on constate dans d'autres mines de cuivre.
Le taux de mortalité dans des accidents miniers en Zambie n'est pas plus élevé qu'ailleurs dans le monde. La Zambie ne figure pas sur la liste des 60 pays les plus dangereux du monde publiée par la Fédération internationale des syndicats de travailleurs de la chimie, de l'énergie, des mines et des industries diverses (ICEM). Contrairement à l'opinion exprimée dans le rapport de HRW, de 2001 au milieu d'août 2011, le nombre de morts dans des accidents miniers dans les sociétés du CNMC représentait 11,5 % du total pour les sociétés étrangères en Zambie, alors qu'en 2010 le nombre de travailleurs zambiens du CNMC était de 10,5 % de celui des sociétés étrangères. Cela montre que la mortalité dans des accidents miniers dans les sociétés chinoises n'est pas beaucoup plus élevée que dans les autres sociétés étrangères.
Dans les faits, le taux de mortalité dans les accidents miniers n'est pas uniquement lié à la prise de conscience de la sécurité par les sociétés minières, mais aussi aux types de mines et à la structure géologique. L'exploitation minière souterraine est plus dangereuse que celle qui se fait à ciel ouvert. La fréquence des accidents comme les chutes de pierres augmente avec la profondeur de l'exploitation. La mine de la NFCA à Chambishi est profonde de 1 000 mètres et la mine de cuivre de Luanshya de 580.
D'autres grandes sociétés d'exploitation du cuivre en Zambie possèdent à la fois des puits de mine souterrains et d'autres à ciel ouvert. Dans des mines, les opérations souterraines et à ciel ouvert coexistent. La Konkola Copper Mines (KCM) de Vedanta est la plus grande société minière en Zambie. Entre 2001 et 2011, 32 personnes sont mortes dans les puits de mine à ciel ouvert (qui comptent pour 55 % de la production) et souterrains de KCM à Nchanga et 31 dans les puits de mine souterrains de Konkola. MCM, de Glencore en Suisse, est la deuxième plus grande société minière en Zambie. Sa zone minière de Nkana, qui possède à la fois des puits de mine souterrains et à ciel ouvert, a enregistré un bilan de 55 morts entre 2001 et 2011, tandis que les puits de mine souterrains de MCM à Mufilira ont rapporté 27 morts.
Les conditions de travail non sécurisées restent un problème universel dans l'industrie du cuivre, qui a été étudié par les professeurs John Lungu, de l'université du Copperbelt, et Alastair Fraser, de l'université d'Oxford. Dans des études consacrées à la mine de Chibuluma, de la société Metorex de l'Afrique du Sud (2005), à la KCM (2007) et à la MCM (2010), des chercheurs et des ONG ont aussi constaté des problèmes de sécurité majeurs.
Dans un entretien, l'inspecteur en chef des puits de mine du département de la sécurité minière de Zambie a donné une évaluation négative des cinq premières années de la NFCA, disant que « la NFCA a été la pire en matière de conditions de sécurité, parce qu'elle n'a pas suffisamment prêté attention à la consolidation des souterrains ni à la ventilation ». Cependant, il pense maintenant que « la NFCA n'est pas mal pour les conditions de sécurité et les problèmes de sécurité ne sont plus aussi graves ».
Aucune société de cuivre, CNMC y compris, ne prétend que les problèmes de santé et de sécurité sont absents des exploitations en Zambie. La sécurité au travail et la santé sont des préoccupations urgentes. Si l'on regarde le taux de mortalité des mineurs dans les sociétés du CNMC et les différences entre les mines, il n' y a pas de raison de dire que les sociétés chinoises sont les pires pour la sécurité au travail. Une telle opinion ne fait que renforcer un préjugé racial qui subsiste depuis plus d'un siècle en Occident et qui veut que les Chinois soient froids et indifférents à la vie. Cette notion est maintenant répandue en Afrique.
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