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La Chine et l'Afrique
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La vérité sur les « mauvais » employeurs chinois en Afrique

Mises en cause par Human Rights Watch pour leur traitement des travailleurs, les sociétés minières chinoises de Zambie se comparent favorablement à leurs concurrentes et sont en fait victimes de préjugés raciaux.

Au début de cette année, un rapport publié par Human Rights Watch (HRW) a suscité une grande attention médiatique à travers le monde. Le rapport dit qu'en Zambie les quatre entreprises minières affiliées à la China Nonferrous Metal Mining (Group) Co. Ltd (CNMC) maltraitent leurs travailleurs. Comparant le CNMC à cinq autres investisseurs étrangers, le rapport qualifie aussi l'entreprise chinoise de « mauvais employeur … le pire en matière de protection de la sécurité des travailleurs, de salaire et de droit à l'organisation syndicale ».

Ces dix dernières années, avec l'accroissement des investissements chinois sur le continent africain, les investisseurs chinois ont été soumis au regard des chercheurs occidentaux, des médias et des ONG. Dans des rapports d'études et des reportages médiatiques, les investisseurs chinois sont souvent perçus négativement. Mais quelle est la vérité ?

Des préjugés contre les Chinois

Le CNMC est de taille modeste en comparaison des autres groupes miniers étrangers en Zambie. À la fin des années 1990, soit dès l'arrivée au pouvoir de Frederick Chiluba, la Zambie a enclenché un processus de privatisation sous la dictée de la Banque mondiale et du FMI. 280 entreprises publiques comptant pour 85 % de l'économie zambienne ont ainsi été privatisées ; 65 % ont été vendues à des intérêts zambiens, 29 % à des sociétés étrangères – très souvent britanniques – et le reste a été fermé. La privatisation s'est accompagnée d'une série de politiques de libéralisation économique. Privatisation et libéralisation ont eu pour effet une détérioration des conditions de travail dans les mines, une plus grande instabilité de l'emploi et, de manière plus générale, une perte de bien-être chez les mineurs.

Entre 1997 et 2000, les mines de cuivre – jusque-là propriété de l'État – ont été divisées en sept parts, vendues l'une après l'autre à des sociétés étrangères. Le CNMC a ainsi acquis la mine de cuivre de Chambishi en 1998, puis celle de Luanshya en 2009, au moment de la crise financière. À l'heure actuelle, le CNMC compte quatre filiales en Zambie : la Non-Ferrous China Africa (NFCA), la mine de cuivre de Luanshya (CLM), la fonderie de cuivre blister de Chambishi et l'usine d'hydrométallurgie du cuivre de Chambishi. La production de cuivre raffiné des deux sociétés du CNMC représente 4,7 % de la production des sociétés étrangères en Zambie et 4,2 % de la production totale de ce pays.

En 2005, malheureusement, 46 travailleurs zambiens sont morts suite à une explosion à l'usine d'explosifs de la mine de cuivre de Chambishi. Cette usine appartient à une co-entreprise de l'institut général de recherche sur l'Exploitation minière et la Métallurgie de Beijing (BGRIMM) et de la NFCA, qui détient 40 % des actions. À partir de 2005, Michael Sata, leader du Front patriotique (FP), un parti d'opposition de la Zambie, a prononcé des déclarations radicales et fait appel à des sentiments anti-chinois pour se gagner des suffrages à l'élection présidentielle. De 2005 à 2011, il n'a cessé de critiquer avec véhémence les entreprises chinoises et asiatiques en Zambie. « Les sociétés minières de Chine et d'autres entreprises asiatiques du genre pratiquent des conditions de travail proches de l'esclavage », a-t-il dit en 2010 à Reuters.

Le FP a une grande influence à Lusaka et dans le « Copperbelt », où les mineurs forment le principal soutien du parti. Influencés par le FP et les propos des Occidentaux, beaucoup de travailleurs zambiens de la NFCA perçoivent les conflits travailleurs-employeurs à travers le prisme de préjugés raciaux.

Avec leur vision du monde teintée de hiérarchie raciale, les Zambiens pensent que la maîtrise de l'anglais est une marque de bonne éducation et que l'exploitation minière est l'apanage des Blancs, qui monopolisaient le secteur à l'époque coloniale. Même après l'indépendance de la Zambie, les sociétés minières appartenant à l'État ont continué à employer des gestionnaires blancs. En 2006, un autre dirigeant du FP, Guy Scott, un fermier blanc, a dit que les Blancs valaient mieux que les Indiens et que les Chinois étaient les pires.

En 2008, dans un entretien avec un responsable d'une entreprise zambienne qui avait étudié au Royaume-Uni et avait des années d'expérience politique, il a dit : « Notre manque de connaissances sur la Chine et les Chinois a ouvert la voie à la démagogie... Des informations sur la Chine en Afrique en provenance de Washington, de Londres et de Paris ont entretenu le préjugé anti-chinois chez les Africains qui se réclament de l'Occident ». En Zambie, des forces politiques locales ont également favorisé ces préjugés. La focalisation de l'attention internationale sur les sociétés chinoises de cuivre protège en fait d'autres sociétés minières étrangères contre les critiques. Un préjugé général des Zambiens contre les Indiens et les Chinois : les Indiens ne sont bons que pour le commerce et les Chinois ne s'y connaissent pas en exploitation minière, seuls les Bancs y excellent.

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La Chine au Présent     2012/05/18

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