Bourse du carbone : les mécanismes du marché dans la lutte contre la pollution
French.china.org.cn | Mis à jour le 22-04-2014
En décembre 2013, une employée examine en direct les données boursières affichées au Centre de commerce du carbone de la China Beijing Environment Exchange (CBEEX).
Le 28 novembre 2013, Yanshan Petrochemical a payé une centrale électrique un million de yuans pour un quota d'émissions de 20 000 tonnes de dioxyde de carbone. Cette transaction marquait le lancement officiel de la Bourse du carbone de Beijing et signalait que l'économie d'énergie et la réduction des émissions n'étaient plus un simple slogan. Ces objectifs sont devenus une question majeure pour les entreprises, au même titre que les bénéfices, les flux de trésorerie et l'investissement.
La Bourse du carbone de Beijing est l'un des sept marchés pilotes en Chine. En juin 2013, le premier marché d'échange de crédits carbone du pays a été officiellement ouvert à Shenzhen. Cette initiative a été suivie par Shanghai, Beijing, puis par la province du Guangdong et Tianjin au dernier trimestre de l'année 2013. Deux nouveaux marchés pilotes dans le Hubei et à Chongqing préparent intensivement leur ouverture prochaine. Les cinq marchés en fonctionnement ont établi des systèmes d'enregistrement et des plate-formes d'échange, tout en encourageant l'élaboration de règles commerciales et de règlements détaillés, notamment des lignes directrices en matière de comptabilité et de publication des émissions de gaz à effet de serre rejetées par les entreprises des principales industries du pays, ainsi qu'en matière de vérification par des organismes tiers. Ces marchés ont formé en Chine un système d'échange de droits d'émissions de carbone à partir de zéro.
« Nous atteindrons notre objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre grâce aux mécanismes du marché, en laissant ce marché jouer un rôle déterminant dans l'allocation des ressources. Cela permettra de réduire les coûts sociaux de l'économie d'énergie et de réduction des émissions de CO2, tout en stimulant l'innovation institutionnelle et la transformation du modèle de développement », a estimé Su Wei, directeur général du Bureau sur le changement climatique relevant de la Commission nationale du développement et de la réforme (CNDR), lors d'une interview accordée à La Chine au présent. « Cela est crucial pour l'avancement de la réforme globale et pour la construction d'institutions encourageant une civilisation écologique. »
Le pouvoir des marchés
Après avoir mené une enquête et fait ses calculs, l'entreprise Yanshan Petrochemical a jugé qu'elle pourrait obtenir un quota d'environ 3,91 millions de tonnes par an, un chiffre qui devrait baisser de 2 % par an entre 2013 et 2015, soit 70 000 à 80 000 tonnes d'émissions. Cependant, en tant qu'industrie lourde, Yanshan Petrochemical doit élargir et remplacer ses équipements pour augmenter sa production, ce qui fera certainement augmenter sa consommation d'énergie et ses émissions.
Sur le nouveau marché d'échange de crédits carbone, les politiques rigides de réduction d'émissions ont été transformées en un système axé sur le marché. Au sein de ce système, les entreprises ont deux options : soit payer pour obtenir de plus hauts quotas chaque année, soit introduire des technologies d'économie d'énergie pour réduire leur consommation.
Le premier choix implique des coûts de plus en plus élevés, tandis que le second appelle les sociétés à fermer leurs usines de production obsolètes et à moderniser leurs technologies, ce qui donne lieu à des dépenses, mais à long terme, ce choix pourrait aussi augmenter leur productivité et leurs avantages sociaux. Après avoir étudié le système d'échange de crédits carbone au cours des deux dernières années, Yanshan Petrochemical a pris l'initiative de chercher des « trous noirs » dans sa consommation d'énergie. Elle a utilisé la chaleur résiduelle à basse température, mieux tiré profit de la vapeur et appliqué des mesures, telles que l'innovation technologique et la construction de systèmes d'information, pour réduire fortement sa consommation énergétique.
« La protection de l'environnement ne dépend pas entièrement des subventions gouvernementales, des directives administratives ou des amendes, note Qian Guoqiang, directeur de la stratégie de Sino Carbon Innovation Investments. Nous devons mettre en place un mécanisme de marché. Seul le pouvoir constant du marché pourra fournir une solution fondamentale vers une meilleure conscience environnementale des entreprises. »
Dès 2005, lorsqu'il travaillait au ministère des Affaires étrangères, M. Qian a participé à des négociations internationales sur le changement climatique et la politique intérieure. Il a cofondé Sino Carbon en 2010, dans le but de promouvoir un développement à faibles émissions en Chine. En 2013, il a été élu membre du comité de surveillance de l'application conjointe de la Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique. Il a été témoin de l'ensemble du processus d'établissement des bourses du carbone en Chine au cours de la dernière décennie.
Il reconnaît avec franchise que certaines entreprises ne voient que le court terme et considèrent le marché du carbone comme un fardeau, à défaut de s'adapter activement à la nouvelle tendance et aux nouvelles règles. Or, la réduction des émissions est directement liée à l'efficacité de l'entreprise et à sa capacité d'innovation. « Si d'autres utilisent seulement trois unités de ressources pour produire un article et que vous en utilisez cinq, explique-t-il, en l'absence d'avantage concurrentiel, le marché vous éliminera. »
L'UE, la Nouvelle-Zélande, l'Australie, le Japon et l'État de Californie ont déjà adopté le système de bourse du carbone. M. Qian estime que les émissions de CO2 donneront des données clés sur les produits dans le futur, et que lorsque les marchés étrangers fonctionneront selon un mécanisme relativement mature, ils pourront même ériger des barrières commerciales au nom des émissions de carbone.
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