Comme les lecteurs le ressentent souvent, il y a deux Duras : la jeune Duras de et la Duras des années 80. Mme Adler a indiqué que les œuvres de Duras ont évolué avec les genres artistiques. Les différentes versions du film ont transformé son style d'écriture. Les thèmes de l'amitié et de l'amour sont en outre apparus dans ses romans ou récits caractérisés par des phrases courtes et peu de dialogues. Dans son livre intitulé Ecrire, Duras a voulu exprimer le cheminement consistant à retrouver l'inconnu en soi et à le délivrer. Le ravissement de Lol V. Stein constituait l'apogée de cette recherche, qui s‘appuyait sur les œuvres de Racine et sur l'Ancien Testament. Jusqu'à la deuxième partie du 20e siècle, les créations de Duras laissent une place au lecteur, qui se retrouve dans le livre.

« Le moins de mots possible, le mélange de la philosophie et de la métaphysique, la multiplicité des sens… il semble que nous sommes sur un chemin de montagne alors que nous lisons. » Aux yeux de Laure Adler, c'est exactement ce qui fait la force d'un grand écrivain. Jean-Jacques Annaud a cité une phrase de six mots issue de l'œuvre de Duras qui, selon lui, illustre cette force de Duras lui permettant de dire beaucoup avec peu de mots : « la saleté, ma mère, mon amour ».

C'est M. Hu Sishe, vice-président de l'Association du peuple chinois pour l'amitié avec l'étranger, qui a pris la parole pour clore la rencontre. M. Hu est l'auteur une thèse sur Marguerite Duras, et il a longuement étudié l'influence des cultures orientales et occidentales sur l'écrivain. Selon lui, de India Song à L'Amant, Duras a suivit un processus au cours lequel elle a progressivement trouvé une certaine identité et un équilibre dans les deux cultures.