Seulement quatre jours après l'attribution du prix Nobel de littérature à Mo Yan, les responsables de sa ville natale dans la province du Shandong ont établi un projet d'une valeur de 670 millions de yuans (82 millions d'euros) pour faire de son village emblématique une attraction touristique, selon un article de Beijing News jeudi.
Mo Yan a répondu avec méfiance, voire un peu de sarcasme, comme le cite le Quotidien du Peuple : « Beaucoup de choses ont été écrites, certaines vraies, certaines fantaisistes. Ne prenez pas cela au sérieux ».
Le Comité de gestion locale du village veut construire un country club, un centre d'éducation patriotique et des plantations de sorgho sur 10 000 mu (667 hectares) près de son ancienne maison au bord de la rivière Jiaohe. De nombreux ouvrages de Mo Yan sont inspirés de son passé rural.
Son roman Le Sorgho rouge publié en 1986 a été adapté au cinéma par le réalisateur Zhang Yimou en 1987, qui a remporté l'Ours d'or de Berlin l'année suivante.
« Les agriculteurs sont contre l'idée de planter du sorgho, car cette culture est peu rentable » a admis Fan Hui, directeur de la commission, en parlant à Beijing News.
« Nous allons devoir payer les agriculteurs jusqu'à 10 millions de yuans chaque année. Ceci doit être fait, même si nous perdons de l'argent », a-t-il déclaré au journal, ajoutant que le projet prendra trois ans.
Cependant, le projet ne fait pas l'unanimité ; d'autres responsables locaux et chercheurs le qualifient de trop ambitieux.
« Ce plan est de trop grande envergure et peu réaliste. Normalement, les attractions touristiques ont besoin d'une idée originale pour réussir », a déclaré Zhang Shangzheng, directeur du département de gestion du tourisme de l'Université de l'Anhui.
« Nous devons être prudents », a confié un responsable du Comité du Parti pour la ville de Gaomi nommé Wang. « Pour l'instant, nous ne sommes pas parvenus à un plan réalisable. Il devra réussir une étude de faisabilité et être évalué par des experts », a-t-il souligné.
Bien que la famille de Mo Yan ait rejeté une proposition en 2010 pour rénover leur maison, M. Fan est convaincu qu'il pourra convaincre le père de Mo Yan, âgé de 90 ans, qui vit toujours dans le village, de coopérer.
« Je vais lui dire : “Votre fils ne vous appartient plus qu'à vous” », a annoncé Fan, en suggérant que la renommée internationale de l'auteur attirera sans doute des touristes dans le village et la maison familiale.
Mo Yan et ses proches restaient injoignables jeudi.
« S'il y a un plan consistant à dépenser beaucoup d'argent pour le tourisme, le gouvernement devrait solliciter l'avis du public, afin d'éviter que le projet soit précipité », a estimé M. Zhang.
L'Administration du tourisme du Shandong a appelé les internautes à soumettre sur son site Internet leurs scènes préférées des œuvres de Mo Yan. |