China.org.cn: Vous avez dit que la création d'une peinture est un mode de repos pour vous. Les peintures de paysages sont-elles réalisées au cours ou à l'issue de vos voyages ? Quels sont vos autres loisirs ?

Lisa Carducci: Je ne peins jamais en voyage, et jamais dehors, ni devant des gens. Peindre est pour moi un geste intime. Si quelqu'un me regarde, j'ai l'impression de me déshabiller en public. C'est pourquoi je ne peux fournir de photos de moi en action.

Les quelques paysages que j'ai peints sont des reconstructions, à partir de mes souvenirs ou de diverses photos que j'ai prises. Je ne peins jamais un paysage exactement reconnaissable, car j'y ajoute ma propre vision, mes sentiments, mon gout.

Mes autres loisirs sont la lecture, et l'écriture. Car je suis écrivain et poète bien plus que peintre.China.org.cn: Nous savons que vous avez organisé des donations de vêtements pour les enfants du Qinghai. En tant qu'étrangère, pourquoi vous intéressez-vous aux services d'intérêt public en Chine ? Avez-vous eu des expériences caritatives dans d'autres pays ?

Lisa Carducci: Non, pas dans d'autres pays parce que je n'y ai pas vécu. C'est en effet parce que je vis en Chine que j'ai vu de mes yeux des besoins immenses autour de moi. Et je me suis dit : Maintenant que je « sais », je n'ai pas le droit de faire comme si je ne savais pas. Je dois aider. Peu importe qu'il s'agisse de ma nation ou d'une autre.

Maintenant, il y a plusieurs personnes à travers le pays qui ramassent des vêtements usagés – mais propres, avec tous leurs boutons et des fermetures Éclair qui fonctionnent – et qui me demandent un numéro à mettre sur le paquet quand ils expédient directement à l'adresse que je leur fournis.

On trouve plusieurs demandes de vêtements dans l'internet, mais il faut faire attention car souvent, ceux qui reçoivent les vêtements les vendent au recyclage, ou pour acheter d'autres choses, pas pour habiller ceux qui en auraient besoin.

C'est pourquoi je vais au Qinghai de temps à autre, pour vérifier de mes yeux ce qu'on fait des vêtements et où en sont les projets culturels.

Je souligne que je ne donne jamais d'argent tel quel à des individus ; sinon, je ne saurais jamais ce qu'il en est advenu. Quand les lamas m'envoient un projet écrit, je l'examine, et s'il répond à mes priorités, je fais un virement dans un compte spécial. Après la réalisation du projet, ils doivent me faire un rapport. Parfois il reste de l'argent, on le garde pour la prochaine fois. Cet argent vient de divers donneurs, il ne tombe pas du Ciel, alors je dois pouvoir rendre compte.

C'est l'avantage des bénéficiaires de ne pas me tromper, car si je m'aperçois d'une fuite, c'est fini : cette personne ou ce groupe n'aura plus un mao. C'est arrivé une fois.

China.org.cn: Quelles sont vos activités en ce moment ? Quelles destinations chinoises envisagez-vous dans le futur ? Y a-t-il des endroits où vous voulez aller mais que vous n'avez jamais eu l'occasion de visiter, en Chine ou dans le monde ?

Dans le monde, oui, mais j'ai vu toute la Chine et plusieurs fois. Je la visiterai encore mais ce ne sera pas nouveau. Dans le monde, ma prochaine destination devrait être la Pologne et la République tchèque. Il y a Israël que je désire voir depuis mon enfance, mais j'attends que le pays soit en paix… Je n'ai jamais vu l'Amérique du Sud.

En ce moment, je n'ai pas de livre en cours d'écriture, mais un gros projet, qui demandera peut-être deux ou trois ans, quand je commencerai à écrire. Je me documente depuis une bonne dizaine d'années déjà. Présentement, je suis en phase de cogitation : je cherche le « comment » de ce roman double.