China.org.cn: Vous avez réalisé un certain nombre de peintures sur les paysages et les gens du Xinjiang, et vous avez écrit un livre intitulé Ces gens merveilleux du Xinjiang. Ressentez-vous une affection spéciale pour le Xinjiang ? Pourquoi ?

Lisa Carducci: Oui, j'ai une affection particulière pour les Ouïgours et les autres ethnies du Xinjiang. Pourquoi ? C'est difficile à expliquer. Quand on tombe en amour, on ne sait pas toujours « pourquoi »... Je suis également très près des Hui musulmans, du Ningxia particulièrement mais d'ailleurs aussi. C'est peut-être parce que je passe très facilement pour une Ouïgoure ou une Hui que j'ai une affection particulière pour eux ?

China.org.cn: Quelles sont vos règles pour la sélection des peintures exposées ? Y retrouve-t-on des scènes ou des personnages déjà mentionnés dans vos livres comme Ces gens merveilleux du Ningxia ou Ces gens merveilleux du Guangxi ? J'ai entendu dire que vous avez une « fille » tibétaine. Apparait-elle sur l'un de vos tableaux ?

Lisa Carducci: Pour la présente exposition (ma 22^e, et ma 3^e en Chine), j'expose et mets en vente tous mes tableaux disponibles, un total de 59. Ils se divisent en deux catégories : « Vie de Chine » et « Ailleurs dans le monde ».

Actuellement, les scènes représentent surtout les mœurs des Han. Je ne peins pas de portraits, mais je pourrais peindre la vie des Tibétains. Et je pense m'y mettre quand j'aurai fait de la place dans mon studio ; c'est-à-dire quand j'aurai vendu les tableaux actuels.

China.org.cn: Je pense qu'il existe une histoire derrière chaque peinture. Quelle est votre œuvre préférée ? Pouvez-vous partager avec nous le processus de création le plus inoubliable ?

Lisa Carducci: Vous avez raison, il y a plein d'histoires. Mais je n'en ai raconté que six dans mon catalogue de la présente exposition.

Mon œuvre préférée ? C'est comme demander à une mère lequel de ses enfants elle préfère…

Quant aux histoires de processus de création, certaines sont très personnelles, très intimes.

Mais le processus de création le plus inoubliable est sans doute celui de ma première tentative, en 1977. Je voulais acheter un tableau pour mon salon, et j'ai demandé à un ami italien, un artiste, de m'aider à choisir, car parfois j'adorais des choses qui ne coutaient presque rien tandis que je trouvais horribles des « œuvres » de plusieurs milliers de dollars. Cet artiste m'a dit : « Tu comprendras ce que tu aimes quand tu auras toi-même peint un tableau. » J'ai répondu en blague que je ne savais même pas par quel bout tenir un pinceau. Alors, il m'a fourni papier, aquarelles et pinceaux, et m'a dit : « Lance-toi ! »

Le soir, après diner, j'ai demandé à ma fille de poser pour moi et j'ai commencé à faire son « portrait » ! Son père et son frère venaient jeter un coup d'œil et s'enfuyaient en riant. Alors, elle a voulu voir, et s'est écriée : « Si c'est à cela que je ressemble, j'aimerais mieux ne pas être née ! »

Le lendemain, j'ai rendu tout le matériel à mon ami, qui a dit : « C'est ma faute j'aurais dû y penser ; on ne commence pas par l'aquarelle, c'est trop difficile car on ne peut corriger les erreurs. Avec l'huile, on peut gratter et se reprendre. Essaie encore. Mais pas un portrait ! »

Et ainsi, pour ne pas m'avouer vaincue, j'ai fait de nouveaux efforts, petit à petit…