Le Clézio avec les chercheurs chinois
Le 9 au matin, M. Le Clézio fait une conférence à CASS (China Academy of Social Sciences), la plus haute institution de recherche sur les sciences humaines et la littérature en Chine. Faute de texte fourni à l'avance, j'ai dû faire moi-même l'interprétariat sur place. Une salle bombée, malgré l'intention de l'organisateur de rester entre spécialistes. Il a prononcé un discours intitulé Voyager, lire, écrire, dans laquelle il retraçait avec émotions son parcours littéraire. Entouré d'une grande bibliothèque établie par son arrière-grand-père, il a commencé très tôt à lire des œuvres des grands aventuriers. Parti à l'âge de 8 ans en Afrique avec sa mère, pour rejoindre son père au Nigeria, il a écrit ses premiers romans dans le bateau qui l'amenait en Afrique de port en port, pour tuer l'ennui. Depuis, il a une vision complètement différente sur le monde occidental, car l'Afrique lui a ouvert les yeux, sur les inégalités sociales, sur la difficulté de la vie, et surtout sur la diversité culturelle.
Aux questions posées, il a montré son humour habituel et a réitéré l'idée que le Nobel ne le changerait pas, qu'il continuerait sa quête comme avant.
Grand voyageur, il est le contraire des touristes. Curieux de la vie, il restait quasiment indifférent aux propositions des visites des grands sites de Pékin, tels l'Opéra de Chine, le Stade Olympique, etc.. Cela ne l'a pas empêché de concevoir vite une vision sur cette Chine dont le progrès en accélération fascine et inquiète en même temps. En l'espace d'un an, j'ai l'impression que l'horizon de Pékin s'est élévé, a-t-il répondu aux journalistes chinois qui souhaitaient connaître son impression de la ville. La Chine est un pays où la réalité a devancé largement la capacité de penser.
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