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Conférence de presse donnée par le Conseiller d'État et Ministre des Affaires étrangères Wang Yi sur la politique étrangère et les relations extérieures de la Chine

French.china.org.cn | Mis à jour le 08. 03. 2021 | Mots clés : Wang Yi,relations extérieures,politique étrangère,APN

Antara News Agency : Cette année marque le 30e anniversaire des relations de dialogue entre la Chine et l'ASEAN. Comment voyez-vous l'avenir de ces relations ?

Wang Yi : Il y a 30 ans, la Chine et l'ASEAN ont établi des relations de dialogue. Depuis lors, elles se situent à l'avant-garde de la coopération régionale. Confucius disait : « L'homme s'établit à l'âge de 30 ans. » Après 30 ans de parcours en commun, la Chine et l'ASEAN ont forgé une conviction commune de la solidarité, de l'entraide et de l'égalité, façonné une vision commune de l'interdépendance et du destin collectif, et ouvert des perspectives communes du redressement et d'un avenir plus radieux de l'Asie.

L'année dernière, le Président Xi Jinping a participé pour la première fois à l'Exposition Chine-ASEAN, et le Premier Ministre Li Keqiang a participé au Sommet Chine-ASEAN. Cela illustre parfaitement l'importance que nous accordons à la coopération avec l'ASEAN et notre soutien au rôle central de l'ASEAN. Sur le nouveau point de départ, nous entendons travailler avec l'ASEAN pour construire une communauté d'avenir partagé encore plus solide, et porter des fruits encore plus abondants dans les 30 ans à venir.

La Chine apportera davantage de soutien à l'ASEAN dans la réponse sanitaire. Nous sommes en train de fournir aux pays de l'ASEAN des vaccins anti-COVID-19 et d'accompagner l'Indonésie dans ses efforts pour devenir un centre de production de vaccins en Asie du Sud-Est. Dans la prochaine étape, nous continuerons de répondre en priorité aux besoins des pays de l'ASEAN.

La Chine approfondira davantage la coopération mutuellement bénéfique avec l'ASEAN. Nous travaillerons pour mettre en synergie la nouvelle dynamique de développement de Chine et le Cadre du redressement global de l'ASEAN, favoriser une entrée en vigueur et une application rapides du RCEP, libérer davantage le potentiel de la coopération Lancang-Mékong et créer de nouveaux moteurs de croissance dans la coopération notamment sur l'économie numérique et le développement durable.

La Chine renforcera davantage la coordination stratégique avec l'ASEAN. Nous travaillerons ensemble à écarter les perturbations, à accélérer les consultations sur le Code de conduite en Mer de Chine méridionale (COC), à développer activement la coopération pragmatique en mer et à préserver la paix et la stabilité dans la région.

Phoenix TV : L'administration Trump a levé les restrictions sur les échanges entre les États-Unis et Taiwan. La possibilité d'une crise impliquant la Chine et les États-Unis sur Taiwan est considérée par un think tank comme étant le plus grand risque pour le monde. Comment la Chine voit-elle la politique des États-Unis à l'égard de Taiwan ?

Wang Yi : Sur la question liée à Taiwan, je voudrais souligner trois points :

Premièrement, il n'y a qu'une seule Chine dans le monde et Taiwan fait partie intégrante du territoire chinois. C'est un fait historique et juridique et un consensus de la communauté internationale.

Deuxièmement, les deux rives du détroit doivent être réunifiées et seront certainement réunifiées. Voilà la tendance historique et la volonté collective de la nation chinoise. Cela ne changera pas ni ne saurait changer. La détermination du gouvernement chinois à défendre la souveraineté nationale et l'intégrité territoriale est inébranlable. Nous avons la capacité de mettre en échec tout acte sécessionniste visant l'« indépendance de Taiwan » sous quelque forme que ce soit.

Troisièmement, le principe d'une seule Chine est le fondement politique des relations sino-américaines et une ligne rouge à ne pas franchir. Sur la question de Taiwan, il n'y a aucune marge de compromis pour le gouvernement chinois. Nous exhortons la nouvelle administration américaine à prendre pleinement conscience de la haute sensibilité de la question de Taiwan et à respecter strictement le principe d'une seule Chine et les trois Communiqués conjoints sino-américains. Nous souhaitons voir de sa part une rupture nette avec les actes dangereux de l'ancienne administration américaine de « franchir la ligne rouge » et de « jouer avec le feu » et une gestion prudente et adéquate de la question liée à Taiwan.

Khabar 24 News Channel : Comment voyez-vous les impacts de la COVID-19 sur l'Initiative « la Ceinture et la Route » ? Quelles sont les priorités de la Chine dans la promotion de la coopération dans le cadre de cette initiative ?

Wang Yi : Depuis l'année dernière, la COVID-19 a eu des impacts sur le monde dans divers aspects. Mais la coopération dans le cadre de l'Initiative « la Ceinture et la Route » n'a pas été mise à l'arrêt. Elle a progressé et porté de nouveaux fruits, affichant une forte résilience et une grande vitalité.

Nous sommes restés fidèles au principe d'amples consultations. Nous avons organisé avec succès une visioconférence de haut niveau et plus de 30 réunions spécialisées. L'idée d'une coopération de qualité dans le cadre de cette initiative bénéficie désormais d'un soutien accru.

Nous avons agi selon le principe de contribution conjointe. Nous avons travaillé à promouvoir de manière coordonnée la riposte sanitaire et la reprise de l'activité. Aucun projet phare n'a été suspendu à cause de la COVID-19. Des projets comme le corridor économique Chine-Pakistan, la ligne à grande vitesse Jakarta-Bandung, le chemin de fer Chine-Laos et le chemin de fer Hongrie-Serbie ont progressé dans d'heureuses conditions et apporté une contribution majeure à la stabilité économique et au bien-être social dans ces pays.

Nous avons fait valoir le principe de bénéfice partagé. En 2020, la ligne ferroviaire de fret Chine-Europe a enregistré un nouveau record en termes de nombre de trains et de volume de marchandises transportées, et le volume de frets sur le nouveau Corridor terre-mer a doublé en glissement annuel, ce qui a offert une garantie solide à la stabilité et au bon fonctionnement des chaînes industrielles et d'approvisionnement internationales.

L'épidémie a entravé la mobilité humaine, mais l'engagement et le soutien des pays partenaires à la coopération dans le cadre de l'Initiative « la Ceinture et la Route » sont restés intacts. Ensemble, nous œuvrons à la construction de la Route de la Soie de la Santé pour développer un véritable corridor de la vie fondé sur la coopération sanitaire internationale. Nous travaillons à la mise en place de la Route de la Soie numérique en construisant activement un corridor de l'information pour que les pays partenaires restent connectés à tout moment. Nous développons en profondeur la Route de la Soie verte en renforçant la coopération sur les énergies, infrastructures et finance vertes pour apporter un moteur important à la transition sobre en carbone et à la reprise verte dans le monde post-COVID-19.

L'épidémie a profondément changé le monde. Mais les besoins de coopération des différentes parties dans le cadre de l'Initiative « la Ceinture et la Route » n'ont pas changé, et la détermination de la Chine à promouvoir la coopération internationale n'a pas changé. La Chine offrira, par la création d'une nouvelle dynamique de développement, de meilleures pistes de coopération et davantage d'opportunités aux pays partenaires. Nous sommes prêts à travailler avec les différentes parties pour maintenir le dynamisme et renforcer la résilience de la coopération de qualité dans le cadre de l'Initiative « la Ceinture et la Route » en vue du développement partagé et de la prospérité commune de tous.

Beijing Daily : La Chine envisage de créer une nouvelle dynamique de développement. Quels seront ses impacts sur le monde ?

Wang Yi : Créer une nouvelle dynamique de développement a pour objectif de nous adapter au nouveau stade de développement du pays, de renforcer notre capacité d'auto-développement, de réaliser un développement de qualité, d'élargir l'ouverture sur l'extérieur et de réaliser une meilleure interconnexion des marchés chinois et international et une meilleure coordination import-export. Cela offrira aux différents pays du monde plus d'opportunités de développement, des marchés plus grands et des perspectives de coopération plus vastes. La Chine perfectionnera son climat d'affaires, promouvra une ouverture d'un niveau plus élevé et travaillera avec tous les pays à accélérer la construction d'une économie mondiale ouverte. La Chine au nouveau stade de développement est comme un nouveau train express avec un moteur et une capacité plus puissants qui se dirige plus rapidement vers de nouveaux objectifs. Nous souhaitons la bienvenue à bord à tous les pays pour avancer ensemble vers une prospérité partagée.

Press Trust of India : Comment voyez-vous les perspectives de paix dans la région frontalière entre la Chine et l'Inde ? Les points de vue différents des deux pays sur la question de frontières affecteront-ils l'avenir des relations sino-indiennes ?

Wang Yi : L'essentiel des relations sino-indiennes, c'est de trouver une voie permettant aux deux plus grands pays en développement de vivre en bonne entente et de réaliser ensemble le développement et le redressement.

Deux grands voisins avec des civilisations anciennes et deux grandes économies émergentes avec chacune plus d'un milliard d'habitants, la Chine et l'Inde ont de larges intérêts communs et un énorme potentiel de coopération. Elles font face toutes les deux, sur le plan national, à la mission historique d'améliorer le bien-être social et d'accélérer le développement. Et sur le plan international, le monde attend qu'elles préservent les intérêts communs des pays en développement et contribuent à la multipolarisation du monde. Leurs conditions nationales similaires font qu'elles ont des positions identiques ou proches sur bien des sujets majeurs. Par conséquent, la Chine et l'Inde sont amis et partenaires, et non menaces ou rivaux. Les deux pays doivent contribuer au succès au lieu d'entraver le développement de l'un et de l'autre, et renforcer la coopération au lieu de se méfier l'un de l'autre.

Le différend frontalier est une question léguée par l'histoire. Mais les relations sino-indiennes ne se résument pas qu'au différend frontalier. Il faut les maîtriser adéquatement et, dans le même temps, élargir et renforcer la coopération pour créer des conditions favorables au règlement de cette question.

Sur ce qui s'est passé l'an dernier dans la région frontalière, la réalité des faits de même que les enjeux sont très clairs. Comme les faits l'ont démontré une fois encore, provoquer unilatéralement des confrontations n'aide pas à résoudre les problèmes, et revenir aux négociations pacifiques est la bonne voie à suivre. La position de la Chine est très claire : Nous œuvrons à régler le différend frontalier à travers le dialogue et les consultations. Dans le même temps, nous sommes déterminés à préserver nos droits et intérêts souverains. Les deux parties ont à consolider les consensus existants, à renforcer le dialogue et les échanges et à perfectionner les mécanismes de gestion pour assurer ensemble la paix et la tranquillité dans la région frontalière.

Dans la nouvelle année, nous espérons que l'Inde travaillera avec nous dans la même direction pour concrétiser effectivement le consensus important des dirigeants des deux pays, selon lequel la Chine et l'Inde ne sont pas l'une pour l'autre une menace, mais une opportunité de développement. Ensemble, nous pourrons apporter plus de bénéfices aux 2,7 milliards de Chinois et Indiens et une plus grande contribution à l'avènement d'un siècle asiatique.

China News Service : L'année dernière, le Ministère des Affaires étrangères (MAE) a beaucoup fait pour aider les Chinois d'outre-mer à faire face à la COVID-19. Quelles nouvelles mesures prendra le MAE dans ce sens ?

Wang Yi : 2020 a été une année difficile pour les Chinois d'outre-mer. La COVID-19 soudainement survenue les a empêchés de retourner en Chine et a menacé leur vie et leur santé. Je tiens d'abord à exprimer toute ma solidarité à nos compatriotes d'outre-mer. Les grandes catastrophes font naître le grand amour. Le PCC et le gouvernement chinois se soucient toujours de la vie et de la santé de chaque ressortissant chinois à l'étranger. Le MAE et les missions diplomatiques et consulaires se sont vite mobilisés. Tous les diplomates chinois se sont lancés dans la lutte contre la COVID-19. Beaucoup d'entre eux se sont battus jour et nuit en première ligne pour mener des opérations spéciales de protection consulaire partout dans le monde.

Notre soutien est allé jusqu'aux zones les plus touchées. Nous avons distribué à plus de cinq millions de Chinois dans plus de cent pays des « kits de santé » et des « paquets de la Fête du Printemps », et assuré un accès rapide au traitement local à tous nos compatriotes infectés. Le numéro vert 12308, en service 24h/24, a traité en moyenne quelque 3 000 appels par jour, trois fois de plus que les années précédentes. Nous avons géré des cas d'urgence majeurs de protection consulaire, y compris le retrait de nos compatriotes des zones en conflit en Éthiopie et le sauvetage des Chinois pris en otage par des pirates. Par ces actions concrètes, nous voulons dire à nos compatriotes à l'étranger : La diplomatie chinoise a pour mission de servir le peuple, et personne ne sera oublié. Tous les diplomates se battront jusqu'à ce que le virus soit totalement vaincu.

À cette occasion, j'aimerais partager avec vous quelques bonnes nouvelles :

Premièrement, nous lancerons un programme « pousse de printemps » pour soutenir et faciliter la vaccination des Chinois d'outre-mer avec des vaccins chinois ou étrangers. Plus de 50 pays sont en train d'inclure les ressortissants chinois dans leur plan national de vaccination. En plus, beaucoup de nos compatriotes sont en train de recevoir des doses de vaccins chinois conformément à la loi locale. Nous envisageons, pour la prochaine étape, d'établir des points de vaccination régionaux pour les vaccins chinois dans les pays où les conditions sont réunies, pour servir nos compatriotes qui en ont besoin dans les pays environnants.

Deuxièmement, nous délivrerons un certificat de santé pour les voyages internationaux. Pour mettre en œuvre la proposition du Président Xi Jinping sur un mécanisme international de reconnaissance mutuelle des certificats de santé, nous lancerons un certificat de santé électronique chinois pour les voyages internationaux. Nous veillerons à protéger efficacement les données personnelles et espérons contribuer à la reconnaissance mutuelle des informations liées aux tests d'amplification des acides nucléiques et à la vaccination, afin d'assurer une mobilité humaine sûre et ordonnée.

Troisièmement, nous réaliserons la numérisation complète de nos services consulaires à l'étranger. Nous lancerons en mai prochain une application des services consulaires chinois, permettant à nos compatriotes d'avoir accès direct à nos missions diplomatiques et consulaires. Ils pourront, à tout moment et sans avoir besoin de se déplacer, accéder aux services en ligne pour la demande de documents de voyage et l'assistance et la protection consulaires.

ANSA : L'administration Biden a ramené les États-Unis dans l'Accord de Paris. La Chine accueillera cette année la 15e réunion de la Conférence des Parties à la Convention sur la diversité biologique à Kunming. Comment la Chine va-t-elle coopérer avec les États-Unis et l'Europe pour lutter contre le changement climatique et préserver la biodiversité ?

Wang Yi : Il n'y a qu'une planète Terre pour l'humanité. Faire de notre planète un foyer vert et agréable et trouver une voie de développement durable, c'est la responsabilité de toute la communauté internationale. Face à cet enjeu majeur, la protection de l'environnement n'est pas un choix parmi d'autres, mais un impératif qu'il faut absolument accomplir.

La Chine a toujours travaillé à promouvoir la civilisation écologique et pris des actions concrètes dans la gouvernance climatique mondiale. « Les eaux propres et les montagnes vertes valent leur pesant d'or.» Cette idée avancée par le Président Xi Jinping est devenue une vision partagée de tous les Chinois. La Chine a apporté une contribution importante à la conclusion de l'Accord de Paris. En 2020, elle a annoncé de nouveaux objectifs de la contribution déterminée au niveau national, notamment ceux concernant le pic des émissions de CO2 et la neutralité carbone. Cela montre la ferme détermination de la Chine d'appliquer le nouveau concept de développement et de bâtir un monde propre et beau. La Chine continuera d'observer le principe des responsabilités communes mais différenciées et de travailler inlassablement à lutter contre le changement climatique.

La Chine accueillera cette année la COP15 sur la biodiversité à Kunming dans la province du Yunnan. En tant que pays hôte, elle est prête à travailler avec toutes les parties pour que cette conférence aboutisse à des résultats encourageants, dresse un nouveau plan pour la conservation de la biodiversité mondiale dans les dix ans à venir, et définisse les nouvelles actions à prendre pour bâtir un avenir partagé pour toutes les vies sur la planète Terre.

La Chine, les États-Unis et l'Europe, qui se trouvent aux stades de développement différents et sont confrontés aux défis différents, ont la même mission de répondre au changement climatique. Ils doivent renforcer leur communication et leur coordination et donner l'exemple au reste du monde. La Chine salue le retour des États-Unis à l'Accord de Paris et espère qu'ils pourront assumer leurs responsabilités et apporter leur part de contribution. Nous espérons qu'un redémarrage de la coopération climatique sino-américaine apportera un « changement climatique » positif aux relations sino-américaines.

CNR : L'actuelle administration américaine a exprimé sa volonté de retourner au Plan d'action global conjoint (JCPOA), mais les divergences restent grandes entre les États-Unis et l'Iran. Comment voyez-vous la situation au Moyen-Orient et dans la région du Golfe ?

Wang Yi : La question nucléaire iranienne est une question sensible qui influence la situation au Moyen-Orient et dans la région du Golfe. Au cours des quatre dernières années, la partie américaine a violé ouvertement ses engagements en se retirant unilatéralement du JCPOA et a exercé une pression maximale sur l'Iran, ce qui a conduit à une nouvelle escalade de tensions dans la région.

La nouvelle administration américaine a exprimé sa volonté de retourner au JCPOA. Nous espérons que la partie américaine pourra faire effectivement preuve de sincérité et prendre au plus tôt des actions, y compris la levée des sanctions unilatérales illégales et des mesures d'extraterritorialité imposées aux entités et individus d'une tierce partie. Dans le même temps, l'Iran est appelé à revenir au respect intégral de ses engagements et à assumer ses responsabilités en matière de non-prolifération nucléaire. Les États-Unis et l'Iran pourront avancer par étapes et de manière réciproque.

Cela dit, le JCPOA ne permet pas de résoudre toutes les questions au Moyen-Orient et dans la région du Golfe. Concernant les autres dossiers de sécurité régionale, nous avons proposé de créer une plateforme de dialogue multilatéral pour la région du Golfe sur la base de la préservation du JCPOA. Les différentes parties pourront en faire bon usage pour gérer leurs divergences, apaiser les tensions à travers des consultations collectives et préserver ensemble la paix et la stabilité régionales.

The Straits Times : Que feront la Chine et les pays de l'ASEAN pour gérer les négociations sur un COC et pour que la Mer de Chine méridionale ne devienne pas un foyer de risque ?

Wang Yi : Comme les pays de la région et la communauté internationale l'ont bien constaté ces dernières années, les facteurs d'instabilités et les risques sécuritaires pesant sur la Mer de Chine méridionale viennent principalement de l'extérieur. La Chine et les pays de l'ASEAN ont dégagé un consensus important sur la préservation de la paix et de la stabilité en Mer de Chine méridionale et se concentrent sur les consultations d'un COC. Cependant, les États-Unis et quelques autres pays occidentaux ont cherché à déstabiliser la région. Prétextant la « liberté de navigation », ils ont multiplié les tentatives de créer des troubles en Mer de Chine méridionale et de semer la discorde sur ce sujet dans de différentes enceintes. Leur seul objectif est de saboter la paix en Mer de Chine méridionale et de déstabiliser la région.

Les efforts déployés par la Chine et les pays de l'ASEAN ces dernières années ont démontré pleinement que les pays de la région ont tout à fait la confiance, la capacité et la sagesse de gérer adéquatement leurs divergences. Sur la question de la Mer de Chine méridionale, la Chine et les pays de l'ASEAN doivent continuer de « marcher sur les deux jambes ». D'un côté, écarter les perturbations et faire avancer les consultations sur un COC afin d'aboutir au plus tôt à des règles régionales plus substantielles et plus effectives qui se conforment au droit international et répondent aux besoins de toutes les parties ; de l'autre côté, continuer d'appliquer de façon intégrale et effective la Déclaration sur la conduite des Parties en Mer de Chine méridionale pour consolider davantage le consensus, renforcer la confiance mutuelle, promouvoir la coopération et préserver la stabilité générale en Mer de Chine méridionale.

The Paper : Quelle est la position de la Chine sur la situation au Myanmar ?

Wang Yi : Sur la situation au Myanmar, voici les trois propositions de la Chine :

Premièrement, la paix et la stabilité sont le préalable du développement d'un pays. Nous espérons que les parties concernées au Myanmar pourront faire preuve de sang-froid et de retenue, tenir compte des intérêts fondamentaux du peuple, régler les divergences par le dialogue et les consultations dans le cadre de la Constitution et de la loi, et continuer de promouvoir la transition démocratique du pays. L'urgent est d'éviter de nouveaux conflits meurtriers et de réaliser au plus tôt l'apaisement et la désescalade des tensions.

Deuxièmement, le Myanmar est un membre de la famille de l'ASEAN. Nous soutenons l'ASEAN dans ses efforts de bons offices et de médiation sur la base de la non-ingérence et de la recherche de consensus et suivant la « Voie de l'ASEAN », en vue de trouver un terrain d'entente. Nous sommes prêts, dans le respect de la souveraineté du Myanmar et de la volonté de son peuple, à engager des contacts et communication avec les parties concernées pour jouer un rôle constructif dans l'apaisement des tensions.

Troisièmement, la Chine et le Myanmar sont des frères unis par l'amitié « pauk-phaw » et reliés par les montagnes et rivières. Les deux pays sont une communauté d'avenir partagé à toute épreuve. La politique d'amitié de la Chine à l'égard du Myanmar s'applique à l'ensemble du peuple du Myanmar. La Chine entretient depuis de longues années des échanges d'amitié avec les différents partis politiques au Myanmar, y compris la Ligue nationale pour la démocratie. Développer des relations d'amitié avec la Chine a aussi toujours été le consensus de tous les milieux du Myanmar. Quelle que soit l'évolution de la situation au Myanmar, la Chine restera déterminée à promouvoir ses relations avec le pays et à maintenir le cap de la coopération d'amitié.

Prensa Latina : Comment voyez-vous l'avenir des relations entre la Chine et les pays d'Amérique latine et des Caraïbes dans l'après-COVID-19 ? Que fera concrètement la Chine pour aider les pays de la région à vaincre le virus ?

Wang Yi : 2020 a marqué le 60e anniversaire de l'inauguration des relations diplomatiques entre la Chine et les pays d'Amérique latine et des Caraïbes. Les deux parties ont mené une lutte solidaire contre la COVID-19 et pour la reprise économique. Par des actions concrètes, elles illustrent ce que décrit un poème chinois : « Les vrais amis se rapprochent malgré la distance qui les sépare. »

Depuis le début de l'épidémie, le Président Xi Jinping a échangé des lettres et messages avec les dirigeants de nombreux pays d'Amérique latine et des Caraïbes, indiquant l'orientation à suivre pour les deux parties dans la lutte commune contre le virus et les efforts communs pour le développement. La Chine a fait don de plus de 34 millions d'équipements médicaux à 30 pays dans la région pour répondre à leurs besoins urgents, et organisé plus de 40 visioconférences pour les échanges d'expériences. Elle est en train de fournir des vaccins à 12 pays dans la région qui en ont besoin.

L'année dernière, la coopération économique et commerciale entre les deux parties a porté de nouveaux fruits, avec un volume dépassant pour la troisième année consécutive les 300 milliards de dollars américains, et les exportations des pays de la région vers la Chine ont augmenté malgré l'épidémie. La Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes des Nations Unies a indiqué que la coopération avec la Chine est devenue un moteur important pour la stabilisation et la croissance de l'économie régionale. La COVID-19 n'a pas entravé la coopération entre la Chine et les pays d'Amérique latine et des Caraïbes. Bien au contraire, les peuples chinois et latino-américains se sont rapprochés davantage et sont liés par une plus grande convergence d'intérêts.

Comme le poète chilien Pablo Neruda l'écrivait, l'amitié éternelle fait croire que les bonnes choses existent réellement dans le monde et qu'il y a toujours une porte prête à s'ouvrir pour vous. La Chine continuera de travailler avec les amis d'Amérique latine et des Caraïbes pour approfondir l'amitié, élargir la coopération et construire activement une communauté d'avenir partagé entre les deux parties, au plus grand bénéfice de leurs peuples.

China Daily au nom des internautes dans le monde : Nous avons noté que certains médias étrangers, notamment des médias occidentaux, ont l'habitude d'adopter une approche sélective lorsqu'ils font des reportages sur la Chine. Cela fait penser à la période de Yan'an où le journaliste américain Edgar Snow, par son livre Étoile rouge sur la Chine, a fait connaître au monde pour la première fois le Parti communiste chinois. Croyez-vous qu'il peut encore y avoir un autre « Edgar Snow » parmi les journalistes étrangers dans notre époque ?

Wang Yi : Tout d'abord, je tiens à exprimer mes remerciements aux journalistes étrangers pour le travail assidu qu'ils ont accompli. Les médias jouent un rôle de pont important dans la communication et la compréhension mutuelle entre les pays. Depuis l'éclatement de la COVID-19 l'année dernière, nombre de journalistes étrangers sont restés à leurs postes pour faire connaître au monde entier la lutte du peuple chinois contre le virus. Je vous remercie de votre travail.

Il y a plus de 80 ans, des journalistes étrangers, dont Edgar Snow, Anna Louise Strong et Agnes Smedley, sont venus à Yan'an dans le nord du Shaanxi et ont raconté fidèlement au monde ce qu'ils ont vu, entendu et pensé. Edgar Snow n'était pas communiste, mais il voyait le PCC sans préjugé idéologique et toujours avec une exigence d'objectivité, de vérité, d'impartialité et de conscience. Avec un professionnalisme et une déontologie admirables, il a consacré toute sa vie au renforcement de la connaissance mutuelle entre les peuples chinois et américain. Il reste toujours dans la mémoire du peuple chinois.

La Chine d'aujourd'hui a besoin de mieux connaître le monde et le monde a besoin de mieux connaître la Chine. Quels que soient les changements de notre monde, les médias doivent observer leur éthique professionnelle. J'espère que les journalistes étrangers n'utiliseront pas de filtres quand ils feront des reportages sur la Chine, ni en mode beauté ni en mode sombre. Les reportages fidèles, objectifs et impartiaux seront toujours appréciés et résisteront à l'épreuve de l'histoire. La Chine sera heureuse de voir davantage d'Edgar Snow de la nouvelle ère parmi les journalistes étrangers.

Wang Yi : Avant de terminer la conférence de presse, je voudrais attirer votre attention sur un autre sujet. Dans un mois, cela fera un an depuis le déconfinement du Hubei et de Wuhan. Les habitants héroïques du Hubei et de Wuhan ont consenti d'énormes sacrifices pour l'intérêt général et la victoire nationale contre le virus, et apporté une contribution importante à la riposte sanitaire à l'échelle mondiale. Le Ministère des Affaires étrangères organisera en avril prochain, saison du renouveau, une séance de présentation spéciale pour le Hubei. Ce sera l'occasion de faire connaître au monde le nouveau Hubei sorti renforcé de l'épreuve et de donner une nouvelle impulsion à la coopération entre la province et le monde. Nous souhaitons pouvoir compter sur votre intérêt et votre soutien.

La conférence de presse a duré une heure et quarante minutes.

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Source:Ministère chinois des Affaires étrangères