2, Un gardien nettoie une carte de pierre sur l'île de Yongxing, qui indique les emplacements des différents districts de la ville de Sansha, dans la province de Hainan.

Un rêve d'enfance

Un matin de janvier 2015, Ma Kunrong, 28 ans, nettoyait la stèle de la police sur l'île Jinqing, un affleurement de 0,21 km2 situé dans l'archipel des Xisha. « Il suffit de faire 2 200 pas pour en faire le tour », a déclaré Ma Kunrong, qui était alors le plus âgé des deux garde-frontières stationnés sur l'île, et qui assuraient la protection d'environ 30 personnes.

Son subordonné, un policier du nom de Gao, se plaignit alors de devoir essuyer la tablette de pierre tous les jours. « Personne ne viendra vérifier dans ce lieu abandonné, même les oiseaux ne viennent pas jusqu'ici », lui dit-il.

Les paroles de Gao brisèrent le cœur de Ma Kunrong ; garder la « Porte Sud de la nation » était en effet son rêve d'enfance et « le plus grand honneur ». Il était tellement enthousiaste à cette idée qu'il s'était porté candidat à quatre reprises pour y être transféré depuis son poste dans l'île de Hainan, la province la plus méridionale de la Chine.

« Mon père, qui a servi en mer de Chine méridionale, me disait : "C'est la terre de nos ancêtres, chaque goutte de la mer est comme une goutte de notre sang et chaque grain de sable est un trésor, alors protège-les, fût-ce au péril de ta vie", c'est pourquoi c'est plus qu'une tablette avec notre insigne et nos coordonnées. Elle représente notre souveraineté et notre devoir, assurer la sécurité de notre peuple », répondit-il à Gao.

Les deux hommes restèrent encore à leur poste pendant deux mois avant d'être relevés. Quand ils revinrent à Yongxing, ils avaient tous les deux les cheveux longs, la peau foncée par le soleil et ils sentaient la sueur et le poisson mort. « Nous ressemblions à des sauvages », se rappelle Ma Kunrong. « Mais j'ai tellement aimé ça que j'ai signé à nouveau ».

Selon Wang Xinghai, instructeur politique de la division âgé de 33 ans, la minuscule population de Sansha signifie que le taux de criminalité y est très faible -il n'y a eu que 15 affaires criminelles dans les cinq années qui ont suivi la fondation de la ville- et donc garder les îles peut paraître fastidieux.

« Mais, étant donné l'importance de Sansha, la moindre difficulté, si elle est mal gérée, peut dégénérer en incident diplomatique. Les policiers doivent donc rester vigilants même lors de leurs tâches quotidiennes », a-t-il souligné.

Wu Chen, un garde-frontière de 29 ans, a quant à lui précisé que les tâches consistent à mener des patrouilles, à signaler des navires non identifiés et à nettoyer les têtes de pont, mais que le travail le plus gratifiant est celui qui consiste à aider la population locale.

Ainsi, en octobre, lorsque le typhon Sarika se dirigeait vers Yongxing, Wu et deux de ses collègues se sont précipités vers le quai des pêcheurs à 23 heures pour s'assurer que les navires y étaient solidement arrimés.

« Le vent a soufflé, la pluie s'est déversée et des vagues allant jusqu'à 2 mètres se sont abattues sur nos têtes », se souvient-il. « Même notre directeur divisionnaire, pourtant bâti comme une armoire à glaces, avait du mal à se tenir debout ».

Cette nuit-là, les trois hommes travaillèrent de 23 heures à 6 heures du matin, et au moment où le typhon atteignit les terres, ils avaient assuré la sécurité d'une vingtaine de bateaux.

« Chaque bateau sauvé signifie que les moyens de subsistance d'une famille sont sécurisés », a souligné Wu Chen. Ses camarades, dont Ma Kunrong, ont passé leur temps à renforcer les maisons des gens et à escorter les résidents vers des zones sûres.

« Chaque fois qu'il y a des problèmes, nous sommes les premiers à apporter une aide », a déclaré Ma Kunrong.