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A la veille du 50e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la France, un dialogue entre l'ancien ambassadeur de France en Chine Pierre Morel et son homologue chinois en France Wu Jianmin a eu lieu le 25 janvier au siège de l'association Yishu 8 à Beijing.
Pierre Morel se rappelle bien de jour du 27 janvier 1964. Il était alors étudiant à Sciences Po, où il suivait une formation orientée vers l'administration et les métiers diplomatiques. « J'avais une connaissance encore vague de la Chine et une vraie fascination, et le sentiment que c'était un événement majeur. J'avais eu le sentiment d'un tournant. Cet événement faisait partie des grands gestes du général de Gaulle », a déclaré M. Morel.
En janvier 1964, Wu Jianmin servait d'interprète pour une délégation chinoise à Budapest. Il se souvient : « Peu avant le 27 janvier, j'ai été convoqué à l'ambassade. L'ambassadeur nous a donné un briefing à propos de l'établissement imminent de relations diplomatiques entre la Chine et la France ».
« J'étais vraiment très heureux, pour deux raisons : d'abord la France est l'une des grandes puissances occidentales. Sa décision d'établir des relations diplomatiques avec la Chine était donc un succès diplomatique pour la Chine ».
« Ensuite, pour une raison personnelle. En 1961, je faisais partie d'une délégation d'étudiants chinois qui devait se rendre à Paris pour assister au Congrès de la fédération des étudiants d'Afrique noire en France. Nous avions demandé un visa, mais il avait été refusé. Donc, grâce à l'établissement des relations diplomatiques, je pensais que j'allais enfin pouvoir me rendre en France, c'était un événement très heureux », a raconté Wu Jianmin.
Quant à ce qui a poussé le général Charles de Gaulle à prendre cette décision audacieuse, M. Wu Jianmin a distingué trois motivations. « La première est une motivation politique. En 1694, nous étions dans un monde bipolaire, sous l'égide des Etats-Unis et de l'Union soviétique. La Chine comme la France ne voulaient pas se soumettre à l'hégémonie des Etats-Unis ou de l'Union soviétique. Donc nos deux pays aspiraient à l'indépendance, c'était un courant de l'histoire dont ils faisaient tous deux partie ».
« L'établissement des relations diplomatiques présentait trois avantages politiques : d'abord, cela permettait d'acquérir une plus grande marge de manœuvre. Deuxièmement, cela faisait plaisir au peuple. Et troisièmement, l'établissement de ces relations diplomatiques renforçait le courant des pays qui aspirent à l'indépendance », a-t-il expliqué.
« Ensuite, il y avait des raisons économiques. Le général de Gaulle a été le premier chef d'Etat d'un pays occidental à prévoir l'émergence de la Chine. Il avait déclaré que "la Chine est une réalité, c'est un pays qui a tous les moyens de devenir un jour une puissance politique, économique et même militaire". De Gaulle a été le premier à voir cela. D'où le potentiel de coopération économique entre la Chine et la France », a ajouté M. Wu.
« Et enfin, la raison culturelle : lorsqu'il a annoncé l'établissement des relations entre les deux pays, le général de Gaulle a déclare "la Chine est un Etat plus ancien que l'histoire". Tout cela montre la connaissance du général de Gaulle sur la Chine. Les deux pays, les deux peuples, ont une fascination réciproque pour leurs cultures. Ceci est extraordinaire », a-t-il conclu.
Les deux ambassadeurs ont également profité de l'occasion pour partager les temps forts de leurs carrières d'ambassadeurs en Chine et en France. A propos des différends que peuvent rencontrer les deux pays, M. Morel et M. Wu estiment tous deux que le dialogue est la solution clé pour résoudre les divergences.
D'après M. Morel, les deux pays ont construit une structure de relations qui peut traverser les moments favorables comme les moments difficiles. Il a rappelé qu'en 50 ans, il y a eu entre les deux pays plus de 20 visites de chefs d'Etat et de Premiers ministres. « La France et la Chine ont la même ambition : travailler sur un système plus ouvert, que nous avons appelé multipolaire », a-t-il déclaré.
A propos de l'avenir des relations franco-chinoises, Wu Jianmin pense qu'il faut renforcer la coopération économique, particulièrement dans les domaines des PME, des PMI et des grandes marques, mais aussi la coopération en Afrique. « Si nous mettons nos atouts en commun, nous pouvons aller très loin », a déclaré M. Wu.
D'après M. Morel, il faut prendre conscience de l'immensité des transformations dans lesquelles est engagée la société chinoise. Français et Chinois doivent travailler ensemble au règlement et au traitement approprié des défis relatifs entre autres à l'urbanisation, à la protection sociale et à l'organisation des services. »
Organisé par Yishu 8 et présidé par Zheng Ruolin, correspondant de Wen Hui Bao à Paris et Caroline Puel, vice-président du développement du magazine Le Point en Asie, le dialogue était un temps fort des célébrations du 50e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la France.
M. Chen Zhu, vice-président du Comité permanent de l'Assemblée populaire nationale et ancien étudiant chinois en France, et près de 200 personnalités du monde franco-chinois ont assisté au dialogue.
Source: french.china.org.cn |
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