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Abbas : quinze années passées à Beijing.

French.china.org.cn | Mis à jour le 03. 09. 2013 | Mots clés : rêve chinois; irakien; Beijing.

« Je n'aurais jamais pensé qu'un jour je viendrais vivre et travailler en Chine ». Ainsi s'exprime le ressortissant irakien Abbas Jawad, qui est en Chine depuis maintenant quinze ans. « Alors que j'entrais à l'école secondaire, j'ai pour la première fois entendu parler de la Chine, de la Grande Muraille, de sa civilisation millénaire. J'ai su aussi que la Chine nourrissait de façon autarcique la population la plus nombreuse de la planète. » Les terribles blessures occasionnées par la guerre du golfe et les sanctions de l'ONU, ont causé dans l'Irak de la fin des années 1990 une grave inflation, et le déclin économique a atteint un degré sans précédent. À ce moment, quand une occasion de venir travailler en Chine s'est présentée, même si cela impliquait de quitter sa famille et ses proches, de s'éloigner de sa patrie, Abbas Jawad qui était alors âgé de 36 ans, a tout de suite accepté.

« L'été 1998, je suis venu seul à Beijing, et j'ai commencé mon nouveau travail et ma nouvelle vie. La capitale débordait de vitalité et l'économie prospérait. Cela formait un contraste saisissant avec mon pays natal. La Chine m'est apparue comme une immense ruche, où les gens seraient tous de laborieuses abeilles. La vie y était pleine d'espoir, et les résultats de la politique de réforme et d'ouverture étaient patents », se souvient Abbas. Abbas a tout de suite aimé cette ville étrange, à la fois ancienne et moderne, et s'est tout de suite adapté à cette nouvelle vie. Six mois plus tard, il rentrait au pays, prenait sa femme Ansam, sa fille de neuf ans Sara, son fils de huit ans Yasser et sa petite fille d'à peine quelques mois Lina, et les emmenait tous à Beijing. Toute la famille se trouvait à nouveau réunie dans la capitale chinoise ! Une famille, quelle qu'elle soit, qui se retrouve dans un pays inconnu, et doit se fondre dans un environnement totalement étranger, fait face à une tâche difficile. La langue, le climat, le logement, la nourriture halal, l'école des enfants, il y a trop de problèmes à gérer : « Très vite j'ai trouvé un endroit spécialisé pour la vente de viande de bœuf et de mouton halal, où jusqu'à ce jour je n'ai cessé de m'approvisionner en viande. En rue, on trouve aussi un très grand nombre de restaurants halal. Boire et manger ne pose donc pas de problème. À ce moment là, ce qui m'inquiétait le plus, c'était l'éducation des enfants. J'ai parcouru Beijing de part en part, et finalement j'ai trouvé une école lybienne qui dépendait de l'ambassade de ce pays en Chine. Les profs y dispensaient les cours en arabe, Sara et Yasser pouvaient continuer leurs études. » Avec le passage du temps, le sentiment d'inquiétude que suscitait le changement de vie s'est peu à peu dissipé, la Chine et les Chinois parurent à cette famille irakienne moins étranges qu'à leur arrivée : « moi et ma famille avons profondément ressenti la chaleur et l'ouverture du peuple chinois. J'estime qu'il n'y a pas de différence intrinsèque entre les Irakiens et les Chinois, ce pays convient admirablement pour mener une vie musulmane orientale traditionnelle. C'est Allah qui m'a offert cette chance d'améliorer la situation de notre famille en venant en Chine. » La vie en Chine ne se déroule pas pour autant toujours sans anicroche. Ils ne nagent pas toujours dans le bonheur. Eux aussi font parfois face à des difficultés. Par exemple pour louer un appartement : en 2003, la famille d'Abbas a trouvé un appartement deux pièces dans le quartier du temple de la Grosse Cloche à Beijing. Les cinq membres de la famille s'y sont entassés tant bien que mal. À ce moment, le loyer s'élevait à 5 000 yuans par mois (environ 400 euros), aujourd'hui, cela est déjà passé à 8 000 yuans par mois (environ 640 euros). À cela s'ajoutent les frais de scolarité pour trois enfants qui s'élèvent à 7 000 yuans par an (environ 5 600 yuans). Pour une famille d'étrangers avec trois enfants, c'est vraiment une charge trop lourde à porter ! Aujourd'hui, Abbas travaille pour une maison d'édition de livres en langue étrangère. Bien que les revenus gagnés par son épouse qui travaille aussi à l'extérieur apportent un complément bienvenu, il s'agit encore toujours de travailler dur. « Honnêtement, tous les jours je me sens vraiment fatigué, comme si le poids sur mes épaules était énorme, j'aimerais pouvoir parfois me reposer une bonne fois, mais en tant que soutien principal de la famille, je dois persévérer ! »

Il semble qu'en un clin d'œil, Sara et Yasser sont devenus grands. Aujourd'hui ils sont tous deux diplômés de l'université, et poursuivent un MBA à l'université des Sciences et des Technologies de Beijing, la petite Lina aussi est devenue une jeune fille de seize ans, et étudie à l'école secondaire qui dépend de l'université normale de Beijing. « Non, non, non, la langue maternelle de Lina c'est le chinois ! insiste Abbas en riant, l'arabe c'est sa seconde langue, et elle ne diffère en rien maintenant d'un enfant purement chinois ! » Chaque fois qu'on évoque ses enfants, son visage rayonne d'un irrépressible bonheur. « En tant que père, mon plus grand rêve à présent c'est que mes enfants obtiennent tôt leur diplôme, trouvent un bon travail, se fondent dans la société chinoise et jouissent d'une vie stable. J'aime ma patrie l'Irak, ainsi que ma seconde patrie la Chine. Pour la famille, pour les enfants, je suis prêt à continuer mes efforts, c'est la responsabilité d'un père.

 

Ecrit par MA JIA, membre de la rédaction

Source: La Chine au Présent

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