[A A] |
Au cœur de la rue Tai'an, dans l'arrondissement Xuhui à Shanghai, se trouve une petite boutique du nom de Baihua (百华). Sa devanture est plutôt discrète, mais il suffit au visiteur d'y pénétrer pour que s'allume dans ses yeux une flamme d'admiration. Derrière les étagères débordant d'articles en porcelaine, se cache la patronne Mars Hsu, occupée à peindre un papillon, un des thèmes phares de sa nouvelle série de créations.
« Je viens de revenir de Jingdezhen, mais je vais être contrainte de m'y rendre à nouveau, car les produits céramiques que j'ai rapportés récemment ne sont pas satisfaisants », a déclaré tout de go Mme Hsu.
Née à Taichung (Taiwan), Mars Hsu a consacré toute sa vie à l'art. Elle a commencé à s'exercer à la peinture dès sa plus tendre enfance, puis a appris la céramique à l'âge de seize ans. Au cours de son parcours universitaire à Vancouver (Canada), elle a étudié la peinture à l'huile et la gravure. Après l'obtention de son diplôme, elle est rentrée à Taiwan, suivant les exigences de son père qui l'implorait de mener une vie stable. Mais ces jours sans conception artistique, Mars Hsu n'a pas pu les endurer plus de six mois. En 2001, elle a quitté Taiwan pour Shanghai, où elle a entamé une vie professionnelle affairée entre Shanghai et Jingdezhen. Chaque mois, elle passe plus de deux semaines à Jingdezhen, capitale mondiale de la porcelaine située au nord du Jiangxi, pour y faire cuire ses modèles en terre cuite.
« J'habitais probablement à Shanghai dans une vie antérieure. J'aime tout dans cette ville. D'ailleurs, mes meilleurs amis sont tous shanghaïens », a affirmé Mme Hsu, sans dissimuler le coup de foudre qu'elle a eu pour cette ville.
Bien que Mars Hsu classe ses céramiques en différentes séries, son style de décoration, qui tourne autour des fleurs, des oiseaux, des poissons et des insectes, reste invariable. Elle réalise au moins une dizaine de nouvelles collections par an, en veillant à ce que chacune de ses créations dans chacune des séries soit absolument unique. En général, elle-même prend en charge tout le processus de fabrication, du modelage à la cuisson, mais souffrant en ce moment de douleurs musculaires au niveau du dos, elle a récemment recruté quelques artisans locaux pour l'aider.
Voilà maintenant deux ans qu'elle a ouvert Baihua, afin de partager son art avec davantage de personnes. Bien que ce petit magasin passe un peu inaperçu, il est suivi par des milliers d'admirateurs, aux quatre coins du pays, voire du monde entier. Dès que les nouvelles œuvres de Mars Hsu voient le jour, les fidèles clients de l'artiste se procurent la majorité d'entre elles. « À vrai dire, je ne souhaite pas que mes céramiques soient achetées toujours par un même cercle fermé de consommateurs. J'espère que mon art touchera toujours plus de gens, a avoué Mme Hsu. J'approche les 40 ans, ce qui signifie que je n'ai plus un demi-siècle devant moi pour devenir une experte dans mon travail. Je voudrais créer le plus grand nombre d'œuvres possible tant que j'ai encore de l'énergie à revendre. »
Au vu de l'agencement et de la luminosité de la pièce, Baihua, au lieu d'une boutique, ressemble plutôt à une chambre à coucher, qui incarne l'harmonie parfaite entre l'art et la vie. La patronne espère que ses articles, une fois entrés dans la demeure de ses clients, se fonderont naturellement dans le décor. « Je cherche par tous les moyens à limiter le coût de production pour que les prix restent abordables pour les consommateurs. Mon rêve est de réduire au maximum la distance entre les objets d'art et la vie quotidienne », a indiqué Hsu.
Pour elle, vie et art sont inséparables. « Je ne sais pas combien de temps je vais encore pouvoir continuer ainsi. En effet, j'ai vendu mon appartement pour pouvoir m'adonner à l'art de la céramique, alors que je suis convaincue que 90 % des personnes, à l'inverse, fabriquent des porcelaines pour pouvoir acheter un domicile. J'espère du fond du cœur que ma sincérité se reflètera dans mes créations », a exprimé Mme Hsu, manifestant son attachement profond à l'art.
Actuellement, de plus en plus de personnes choisissent de suivre un mode de vie similaire à celui de Mars Hsu. À l'exception de deux employés, ses amis viennent aussi lui donner un coup de main à son magasin. Certains d'entre eux ont même quitté leur emploi pour pouvoir être plus présents. « Les céramiques m'ont donné la chance de faire l'heureuse connaissance de nombre d'amis qui partagent les même idées que moi », a-t-elle conclu.
Ecrit par LU RUCAI, membre de la rédaction
Source: La Chine au Présent |
|
||