Jie Hongyun : je suis finalement citoyenne à part entière de la ville où je travaille
Au début de l'année, Jie Hongyun, 38 ans, a effectué les procédures administratives pour obtenir le hukou (registre de l'état civil des habitants des villes) de la ville de Zhongshan (Guangdong). Cette ancienne travailleuse migrante a ainsi réussi à réaliser son rêve de devenir citadine.
Suite à ses études dans un lycée technique, en 1997, Jie Hongyun est venue travailler dans le delta de la rivière des Perles (une plaine deltaïque située au centre du Guangdong). Après avoir exercé successivement les métiers d'ouvrière de production et de magasinière, elle travaille désormais dans une entreprise d'art artisanal.
À son arrivée au Guangdong, Jie Hongyun rêvait de décrocher un bon emploi avec un salaire élevé et des conditions de logement satisfaisantes. Au cours des dix-sept dernières années, sa situation n'a cessé de s'améliorer. Elle habitait au début dans un dortoir collectif, amassée avec sept autres ouvrières. Après s'être mariée en 2000, elle a déménagé pour une chambre simple de 10 m². En 2007, le couple a acheté un appartement de plus de 100 m² à Zhongshan, après avoir contracté un prêt épargne logement conjoint.
Toutefois, un problème turlupinait toujours Jie Hongyun : n'ayant pas le hukou de Zhongshan, elle ne pouvait pas réellement s'intégrer dans cette ville.
« Bien que je bénéficiasse d'une assurance maladie et d'une couverture sociale, la vie était bien contraignante par de nombreux aspects sans le hukou local. Par exemple, pour demander une pièce d'identité temporaire, un visa pour Hong Kong ou Macao, ou encore un permis pour inscrire mon fils dans une école, j'étais contrainte de retourner jusque dans ma ville natale au Hunan pour procéder aux formalités », explique Jie Hongyun.
L'année 2009 a marqué un tournant : la municipalité de Zhongshan a lancé un système de points pour le transfert du hukou, afin de répartir parmi les travailleurs migrants les ressources publiques limitées qui leur sont destinées ». Après avoir accumulé un certain nombre de points, les travailleurs migrants peuvent prétendre au hukou de Zhongshan, ce qui leur octroie ainsi le droit de scolariser leurs enfants dans un établissement public local.
En 2010, Jie Hongyun a déposé pour la première fois une demande d'enregistrement à ce système, mais comme le total de ses points n'était estimé qu'à 97, son dossier n'a pas été retenu. Dévorée d'anxiété, elle se demandait : « Comment faire ? Mon diplôme du lycée technique ne vaut que 20 points, et il m'est impossible de poursuivre mes études pour obtenir un diplôme universitaire qui vaut 80 points ! »
« Vous pouvez participer à des activités bénévoles pour obtenir des points supplémentaires, telles que le don du sang par exemple », lui a conseillé Li Youlin, chef du Bureau en charge de la population migrante à Zhongshan. En effet, en plus du calcul de base qui prend en considération le montant des impôts, les conditions de logement, les cotisations à l'assurance sociale et le niveau d'instruction, il est possible d'augmenter son nombre de points en prenant part à des œuvres caritatives et à des actions bénévoles.
Après s'être investie dans divers travaux sociaux, Jie Hongyun a présenté une deuxième demande en 2011. Ses points avaient bondi à 140, un chiffre très proche du minimum requis. Peu de temps après, elle est devenue pompier volontaire à la brigade de Zhongshan. Pendant son temps libre, elle distribuait des tracts sur les mesures à prendre pour prévenir un incendie, se rendait dans des établissements pour y partager ses connaissances sur la lutte contre le feu, et effectuait des tournées d'inspection régulières dans les zones densément peuplées, en pressant les foyers sujets au risque d'incendie de moderniser leurs installations de gaz et d'électricité.
C'est en 2012 que le rêve de Jie Hongyun s'est enfin réalisé. Avec 197 points, sa troisième demande a été approuvée par la municipalité. « Ce sentiment d'appartenance est ce qui m'importe le plus. Je suis finalement citoyenne à part entière de la ville où je travaille. Il n'y a plus cet écart de condition sociale entre les habitants locaux et moi », indique Jie Hongyun.
« Maintenant, mon fils fréquente une école publique locale et ne sera donc pas obligé de rentrer dans sa région natale pour passer le gaokao (examen national d'entrée à l'université). J'espère qu'il pourra intégrer dans une université prestigieuse. Je pense en particulier à l'université Sun Yat-sen, la meilleure de la province du Guangdong », ajoute-t-elle.
Ecrit par LI WUZHOU, membre de la rédaction
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