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Faire face à la crise de l'eau

French.china.org.cn | Mis à jour le 03. 07. 2013 | Mots clés : crise de l'eau; Chine;

 

Diverses parties en action

« Que pouvons-nous faire ? En plus de se lamenter, se plaindre et se mettre en colère, nous pouvons encore appeler à la lutte, révéler au grand jour les débordements et protéger l'environnement, de manière à amener le gouvernement à s'attaquer au problème de la pollution et à presser les entreprises de se transformer. » Dans son blog Mouvement pour la sauvegarde des Mères rivières, vous et nous ensemble, Tao Haijun a exprimé son intention d'organiser ce mouvement.

Le gouvernement chinois s'est rendu compte de la gravité de la pollution de l'eau. En juillet 2007, en vue de promouvoir le « crédit vert », le ministère de la Protection de l'environnement, la Banque populaire de Chine et la Commission de régulation bancaire de Chine ont publié conjointement la Proposition sur le renforcement des politiques et des règlements environnementaux et sur la sécurité des crédits financiers. Depuis, des institutions financières ont manifestement appuyé leur soutien aux prêts destinés aux projets environnementaux, tels que ceux ayant trait au traitement des eaux usées et à l'utilisation générale des ressources. Le nombre de crédits pour le financement de projets écologiques, couvrant entre autres l'économie d'énergie, la réduction des émissions et la mise à niveau technologique, a considérablement augmenté, tandis que les crédits accordés aux industries polluantes et gourmandes en énergie ont accusé une baisse continue.

En janvier 2012, le Conseil des affaires d'État a publié la Proposition sur la mise en œuvre d'un système strict de gouvernance des ressources en eau. Le 2 janvier 2013, le Bureau général du Conseil des affaires d'État a présenté les Méthodes d'évaluation de l'application du système strict de gouvernance des ressources en eau qui, explicitement, prennent en compte trois éléments pour juger si les gouvernements à tous les niveaux respectent bien les normes : la quantité totale d'eau utilisée par chacune des provinces, l'utilisation appropriée de l'eau et la qualité des ressources hydriques provenant des rivières et lacs importants.

Un mois plus tard, le ministère chinois de la Protection de l'environnement a communiqué Le XIIe plan quinquennal pour la prévention et le contrôle des risques environnementaux liés aux produits chimiques. On peut lire dans ce texte : « La prévention et la surveillance de la pollution causée par les produits chimiques en Chine sont assez sévères. Au cours du XIIe plan quinquennal, il faudra ajuster la répartition des points de vérification, perfectionner la gouvernance, contrôler les émissions de polluants et développer les capacités de supervision. Il faudra appeler à la construction d'un système de prévention et de contrôle des risques environnementaux qui soit actif tout au long du processus de fabrication des composés chimiques. Il faudra réduire le nombre de cas d'urgence environnementale. »

Un autre phénomène mérite d'être souligné : des organisations environnementales publiques et privées jouent aussi un rôle d'inspecteur, devenant une force importante pour exhorter les sociétés hors-la-loi à suspendre leurs rejets illicites.

Selon Ma Jun, ancien journaliste investigateur et auteur du livre La crise de l'eau en Chine, la Chine ne manque pas de technologies ni de capitaux pour freiner la pollution de l'eau, mais de motivation. Les sanctions juridiques s'élevant à des montants médiocres du fait de l'application laxiste des lois, les entreprises préfèrent payer une amende plutôt que de rectifier leur pollution excessive. Dans ces circonstances, Ma Jun a décidé de faire connaître la situation au public, de sorte à ce que l'opinion publique exerce une pression sur les sociétés et les pousse à opérer des changements et à assumer leur responsabilité sociale.

Après avoir fondé en 2006 l'Institut des affaires publiques et environnementales, Ma Jun s'est mis à répertorier sur une carte électronique les données environnementales publiées à divers endroits par les gouvernements. Aujourd'hui, en prenant connaissance de la Carte sur la pollution de l'eau en Chine en ligne, les résidents de nombreuses villes peuvent avoir un aperçu de l'état de l'eau dans leur propre localité et même découvrir l'origine de la pollution hydrique.

Cette Carte sur la pollution de l'eau en Chine, dont les informations dévoilent au grand jour les actes illégaux des sociétés, ont eu de grandes répercussions sociales. Le public a commencé à dénoncer activement les cas d'émissions illicites. Les institutions environnementales se sont mises à examiner avec une grande attention les sociétés problématiques. Ma Jun a également reçu dans son bureau de nombreux dirigeants d'entreprises. Certaines sociétés autrefois indifférentes à leur pollution ont été contraintes de rendre des comptes dès lors qu'elles ont été en proie à l'opinion publique. Quelques-unes, qui, au début, étaient dans l'ignorance, ne comprennent pas pourquoi leur nom apparaissait sur la liste noire. D'autres affichaient leur mécontentement de but en blanc, déclarant qu'une petite organisation environnementale civile n'avait aucunement le droit de divulguer ces renseignements. Certaines ont sollicité les gouvernements locaux à agir en leur faveur, elles qui représentent de « grands contribuables ». D'autres encore ont vigoureusement essayé de prouver leur innocence, précisant qu'au moment de leur installation, les exigences étaient plus souples qu'à l'heure actuelle... Toutefois, la majorité d'entre elles ont exprimé leur volonté de coopérer, admettant que leur comportement n'était pas approprié et affichant le souhait de le modifier le plus rapidement possible.

Cette banque de données, d'après Ma Jun, sert en effet de plate-forme de participation publique, agissant du bas vers le haut de l'échelle. Il croit profondément en la force de négociation et de consultation non-violente et espère mettre en place un débat et un dialogue égal entre gouvernements, entreprises et citoyens.

Plus de 870 sociétés, chinoises comme internationales, ont actuellement fourni des explications sur leurs agissements et changé leur mode opératoire pour régler les problèmes..La société américaine Apple, qui avait d'abord gardé le silence face à ces accusations, a ensuite appelé ses fournisseurs à se métamorphoser. Cette réaction avait plongé le pays en émoi, gonflant la notoriété de Ma Jun et de sa Carte sur la pollution de l'eau en Chine.

« En opérant des transformations, les sociétés pourraient non seulement limiter le gaspillage et gagner en productivité, mais aussi redorer leur image publique et valoriser leur marque. Selon mes observations, les sociétés bénéficiant d'une meilleure performance environnementale recrutent et fidélisent plus facilement des talents. Elles sont gagnantes sur toute la ligne », a explicité Ma Jun.

Ma Jun a maintenant établi l'Alliance verte, qui regroupe 47 organisations environnementales chinoises et étrangères. Ces organismes sont chacun spécialisés dans différents domaines : étude de la pollution, formation écologique à destination des entreprises, relations médiatiques, recherches pour une protection environnementale efficace. Cependant, elles manifestent le souhait commun de construire une plate-forme neutre mettant en lien sociétés et population. Par le biais de la cartographie numérique et de la supervision de leurs déversements dans les rivières, elles tiennent également à guider les entreprises vers les industries vertes pour qu'elles fassent des choix écologiques lors de la recherche de fournisseurs, d'investisseurs et de partenaires.

En avril 2012, Ma Jun a été l'un des six lauréats internationaux du prix Goldman pour l'environnement, assimilé au prix Nobel dans les cercles environnementaux. Yu Xiaogang, responsable de Green Watershed, une autre organisation environnementale chinoise, s'était lui aussi vu décerner cet honneur six ans auparavant. « Ces hommes sont des leaders courageux qui gagnent sans cesse en influence. Ils surmontent de nombreux obstacles en vue de protéger l'environnement et de défendre l'intérêt des communautés », a encensé l'organisateur du prix Goldman.

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Source: La Chine au Présent

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