La Chine et l'UE sont deux économies majeures, et toutes les deux se trouvent à une étape décisive de leur développement. Nous pouvons nous aider mutuellement et créer une situation gagnant-gagnant, n'est-ce pas positif ? En somme, nous sommes prêts à travailler avec l'UE pour renforcer le partenariat stratégique global, poursuivre le partenariat politique basé sur le respect et la confiance mutuels, renforcer le partenariat gagnant-gagnant dans les domaines économiques et commerciaux, et construire un partenariat culturel sur la base de l'inspiration et de la complémentarité mutuelles. 2011 constitue l'Année d'échange de jeunes entre la Chine et l'UE. Nous souhaitons que ces échanges contribuent au renforcement de l'amitié et de la confiance mutuelle entre les peuples des deux parties, ainsi qu'à renforcer les fondations dans la progression constante du partenariat stratégique global entre la Chine et l'UE.
Phoenix TV : Ma question concerne la situation régionale. Tout le monde sait que le processus des pourparlers à six a été suspendu pendant plus de deux ans, les parties semblent avoir perdu confiance. Bien que la République populaire démocratique de Corée ait exprimé son souhait de reprendre les pourparlers, la République de Corée persiste dans sa volonté d'entamer d'abord un dialogue Nord-Sud avant de reprendre les pourparlers à six. Dans la situation actuelle, quand les pourparlers à six pourront-ils reprendre ? Et quelles sont les chances de dénucléariser la péninsule coréenne ?
Yang Jiechi : Le processus des pourparlers à six a été suspendu pendant plus de deux ans, période durant laquelle la sécurité en Asie du Nord-Est a connu certains changements complexes qui méritent l'attention de tous. En ce qui concerne le processus à proprement parler, si on l'envisage objectivement et en intégralité, ce processus a obtenu certains résultats importants. La Déclaration conjointe du 19 septembre publiée en 2005 a par exemple contribué à la multiplication des échanges entre les parties concernées, et joué un rôle important dans le maintien de la stabilité régionale.
Pour reprendre le processus des pourparlers à six, la partie chinoise a présenté une série de propositions actives. La communauté internationale espère reprendre le processus des pourparlers au plus vite, et les parties concernées maintiennent une attitude active pour y parvenir. La reprise nécessite d'échanger, de communiquer, et de réaliser un consensus. Comme tout le monde le sait, la Chine soutient la rencontre, le contact et le dialogue bilatéraux entre les parties concernées. Nous estimons que telles démarches et les pourparlers à six peuvent être complémentaires. Nous ne pouvons pas attendre que chaque problème puisse être réglé en un jour, les pourparlers à six sont une affaire sans précédent. Par conséquent, les parties concernées doivent faire de grands efforts. « Un voyage de mille li commence par un premier pas », « Sans ce petit ruisseau qui les unit, ni rivière ni mer », deux dictons chinois appropriés. Nous sommes convaincus que les parties concernées peuvent trouver un terrain d'entente à travers les pourparlers, et trouver la méthode de résolution de tous les problèmes. Les parties concernées doivent faire de grands efforts, et saisir les opportunités favorables pour reprendre les pourparlers à six le plus tôt possible. Nous sommes convaincus que si les parties concernées maintiennent leur confiance, raffermissent la détermination, et mobilisent entièrement leur sagesse et leur talent, la dénucléarisation de la péninsule coréenne et la stabilité à long terme en Asie du Nord-Est pourraient être réalisées.
Le Figaro : Comment évaluez-vous le rôle du G20 ? Et qu'attendez-vous du prochain sommet de Cannes ?
Yang Jiechi : Le G20, plate-forme importante à la gouvernance économique mondiale pour faire face aux grands défis dans les domaines économique et financier, est une tentative positive pour promouvoir la construction du nouveau partenariat pour le développement. Il reflète le changement de la structure économique mondiale.
Nous souhaitons que le prochain Sommet du G20, prévu à Cannes au second semestre, apportera des avancées dans les domaines suivants : faciliter la transformation du G20 d'un mécanisme d'urgence à court terme en un mécanisme de gouvernance économique à long terme, apporter une contribution importante à la lutte contre la crise financière et économique internationale, promouvoir la réforme des institutions financières internationales et prendre en considération et soutenir les intérêts des pays en développement. En même temps, nous souhaitons que les pays concernés puissent accroître leur contribution à la croissance des pays en développement, et considérer la résolution du déséquilibre Nord-Sud comme principal levier de résolution du déséquilibre économique mondial.
Quotidien du peuple : Récemment, la Chine a évacué plus de 30 000 citoyens de Libye au cours de la plus grande opération d'évacuation organisée par la Chine depuis sa fondation. Pouvez-vous nous présenter les circonstances de cette opération que la planète entière a pu suivre ? En outre, depuis le début de l'année, la situation en Afrique a connu certains changements. Comment analysez-vous cette situation, ainsi que le développement de la coopération entre la Chine et l'Afrique.
Yang Jiechi : Les récents troubles en Libye ont affecté la sécurité de nos ressortissants et de leurs biens dans ce pays. Le gouvernement chinois suit de très près cette affaire. Sous la direction du Comité central du Parti communiste et du Conseil des affaires d'Etat, nous avons réalisé avec succès l'évacuation des Chinois en Libye, la plus grande évacuation organisée depuis la fondation de la Chine nouvelle, et un résultat remarquable des efforts conjoints des divers secteurs, des autorités locales, des militaires chinois, des ambassades et consulats de Chine à l'étranger et des entreprises chinoises. Au cours de cette grande opération d'évacuation, la Chine a aidé 2 100 personnes de douze pays à quitter la Libye. Ces efforts ont pleinement montré que le gouvernement chinois est fidèle au principe de « gouverner le pays au service du peuple » et « mettre la diplomatie au service du peuple ». Nous devons aussi exprimer nos remerciements sincères aux gouvernements et amis des différents pays et aux Chinois d'outre-mer qui nous ont accordé leur aide et leur soutien.
Il y a peu, j'ai effectué une visite dans cinq pays d'Afrique. Bien que certains facteurs d'incertitudes et de déstabilisation existent, dans l'ensemble, le continent africain maintient une situation pacifique et stable. Promouvoir le développement socio-économique de tous les pays africains, réaliser l'intégration régionale et jouer un rôle important dans les affaires régionales et internationales constitue l'aspiration générale des pays et peuples africains, et demeure l'orientation de leurs actions. La Chine garde une bonne relation coopérative avec les pays africains et l'Union africaine (UA). Les huit mesures pour promouvoir la coopération pragmatique entre la Chine et l'Afrique annoncées par le président chinois Hu Jintao lors du Sommet de Beijing du Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC) ont été bien appliquées. Et les huit nouvelles mesures pour renforcer la coopération Chine-Afrique annoncées par le premier ministre chinois Wen Jiabao lors de la quatrième conférence ministérielle du FOCAC a également remporté un succès. La construction du Centre de conférence de l'UA annoncée par Hu Jintao, le plus grand projet d'aide à l'Afrique après le projet de la construction du chemin de fer Tanzanie-Zambie, sera achevée en 2011. A l'heure actuelle, nous sommes en train de préparer sérieusement la conférence ministérielle du FOCAC qui se tiendra en Chine l'an prochain. En somme, nous continuons à œuvrer ensemble avec les amis africains afin de permettre à la voie de coopération sino-africaine de s'élargir au fil du temps.
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