ETV, Afrique du Sud : Tout à l'heure, vous avez évoqué le troisième sommet du BRICS qui se tiendra cette année en Chine. Quelles en sont vos attentes ? Par ailleurs, certains croient que le BRICS se développe vers un bloc de marché émergent qui rivaliserait avec le monde développé. Quels sont vos commentaires là-dessus ?
Yang Jiechi : Nous accueillons favorablement l'adhésion de l'Afrique du Sud au mécanisme de coopération du BRIC et nous saluons la visite du Président Zuma à la réunion des dirigeants du BRICS à la mi-avril à Sanya, sur l'île chinoise de Hainan. Nous espérons que cette réunion aura des résultats importants et positifs. Il est important pour les dirigeants des pays du BRICS d'intensifier leurs échanges et le dialogue. Chacun de ces pays, qui ont différents contextes historiques et culturels, sait déployer des efforts pour maintenir la dynamique de la bonne croissance du pays et du développement socio-économique régulier. Nous tous suivons de près l'évolution de la situation économique et financière internationale, et nous entendons intensifier les échanges de points de vue dans ces domaines, parce que cela est à la fois la volonté commune des peuples des pays du BRICS, mais aussi les attentes de tous les peuples du monde.
Il nous faut renforcer davantage la coopération pragmatique. En fait, ces derniers temps, les différentes parties se sont déjà engagées dans une coopération fructueuse dans la protection de l'environnement, l'industrie, le commerce et les think tanks. Nous espérons qu'elles pourront saisir les opportunités offertes par le prochain sommet pour innover encore davantage en ce qui concerne les modes de coopération, et enrichir le contenu de la coopération, de manière à apporter plus d'avantages à leurs peuples. A travers la prochaine rencontre, devra être pleinement incarné l'important rôle constructif des pays du BRICS, qui luttent contre la crise financière internationale, contribuent à la reprise économique mondiale et font face aux changements climatiques. Il n'est pas question de concurrence entre le BRICS et les pays développés. La coopération du BRICS est ouverte et inclusive. Elle est une partie importante de la coopération Sud-Sud, et sert de pont pour la coopération Nord-Sud. J'ai la ferme conviction que cette rencontre aidera les pays du BRICS à jouer un rôle plus important dans les domaines mentionnés ci-dessus.
China Daily : Nous avons pu observer la coopération étroite entre la Chine et le reste du monde l'an dernier. Nous avons également observé la concurrence dans leurs relations. Certains pays ont estimé que le développement de la Chine avait nui à leurs intérêts. Et certains ont même directement nommé la Chine comme leur concurrent. Dans l'actuelle situation mondiale, comment voyez-vous la coopération et la concurrence dans les relations d'Etat à Etat, en particulier celles de la Chine avec les principaux pays occidentaux et les pays voisins ?
Yang Jiechi : Dans la période récente, le mot « concurrence » se fait de plus en plus entendre dans des reportages de médias internationaux, que ce soit sous forme de commentaire ou de citation. Répondre à cette question prend du temps. Avant de le faire, je voudrais d'abord saluer toutes les femmes journalistes présentes, à l'occasion de la Journée internationale de la femme.
La Chine s'en tient toujours aux cinq principes de la coexistence pacifique et aux normes régissant les relations internationales dans le traitement des relations d'Etat à Etat, y compris le rapport entre la coopération et la concurrence. La complémentarité et la coopération mutuellement avantageuse constituent les principales caractéristiques des relations de la Chine avec les autres pays. On ne peut nier qu'il existerait à la fois la coopération et la concurrence dans les échanges économiques et commerciaux entre certains pays. Je crois que, tout d'abord, nous devons considérer la concurrence dans un esprit ouvert et inclusif. Dans la concurrence, chaque pays peut mettre en valeur ses avantages comparatifs et libérer son dynamisme et son potentiel. C'est ainsi que le développement partagé peut être réalisé. Nous sommes d'avis d'effectuer la concurrence sur la base de l'égalité et de l'équité. Nous nous opposons à la politisation des questions économiques et commerciales, à la pratique du « deux poids, deux mesures » et au traitement discriminatoire. Nous appelons à la concurrence vertueuse avec pour but la réciprocité mutuelle et le gagnant-gagnant. Tout en travaillant à la réalisation de ses propres intérêts, chaque partie doit tenir compte des intérêts d'autrui. Il faut respecter les préoccupations d'autrui, au lieu de s'assurer des avantages au détriment d'autrui, et encore moins de créer la confrontation par la mise en place d'hypothétiques rivaux. La concurrence doit être équilibrée et appropriée. En raison de facteurs historiques et des conditions actuelles, certains pays en développement sont dans une position relativement désavantageuse dans la concurrence. Nous devons leur tendre la main, les aider et leur accorder notre soutien pour améliorer leur compétitivité et accroître leurs capacités de développement durable.
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