De nombreux pays en développement sont venus exposer leurs produits à Shanghai

Rashmi Sharma, directrice à 46 ans de l'une des plus grandes marques de joaillerie de Zambie, s’est inquiétée au moment où elle a dû transporter une émeraude de dix carats, estimée à environ 100 000 dollars, de la capitale de son pays Lusaka à Shanghai pour la première Foire internationale des importations de Chine. Aucune compagnie d’assurance en Chine n’a accepté de couvrir ce voyage.

Au troisième jour de la Foire, cependant, sa concentration s’était tournée vers la foule de visiteurs et d'acheteurs qui allaient et venaient sur son stand d’exposition de moins de cinq mètres carrés toute la journée.

« On me propose toutes sortes d'opportunités commerciales. Certains souhaitent devenir nos partenaires miniers en Zambie et nous aider à améliorer notre production, d’autres proposent de devenir nos partenaires dans l’ouverture de franchises en Chine. Je commence aussi à penser à ouvrir notre propre magasin ici », explique cette membre de l’Association de gemmologie de Grande-Bretagne et de l’Institut américain de gemmologie.

Les chiffres du ministère zambien du Commerce indiquent que le cuivre représente plus de 90 % des exportations du pays vers la Chine, soit environ 1,33 milliard de dollars l’an dernier.

Dans le cadre des efforts visant à diversifier son offre commerciale, le ministère a dépêché à la Foire des importations huit entreprises allant de la production de miel à l’artisanat, en passant par la joaillerie.

La ministre, Kayula Siame, a déclaré durant l’événement qu'elle était certaine que les exportations de son pays vers la Chine allaient augmenter en volume et en valeur et deviendraient plus variées.

« Nous envoyons du cuivre en Chine depuis très longtemps. Cette foire a été très importante pour montrer ce que la Zambie peut offrir au-delà du minerai », explique-t-elle.

Depuis le sommet de Beijing du Forum sur la coopération sino-africaine organisé en septembre, le pays a déjà conclu un accord portant sur l’exportation vers la Chine de 3,45 tonnes de miel biologique.

La Zambie, où certaines des plus volumineuses émeraudes du monde ont été découvertes ces dernières années, n'est pas le seul pays en développement à convoiter des parts du marché des importations en Chine, qui devrait dépasser les 30 000 milliards de dollars de marchandises et 10 000 milliards de dollars de services dans les quinze années à venir.

Le président Xi Jinping a souligné dans son discours lors de la cérémonie d'ouverture de la Foire des importations que la mondialisation économique est une tendance historique irréversible et que tous les pays doivent défendre le principe du développement inclusif et des bénéfices partagés pour réaliser un développement commun.

La Foire des importations a accueilli plus de trente pays moins développés, qui ont bénéficié de stands gratuits et d’une assistance logistique.

Les exposants syriens ont apporté des roses de Damas, mentionnées dans le Sonnet 130 de Shakespeare et connues pour leurs propriétés thérapeutiques. L’Éthiopie a présenté une gamme d’épices biologiques, utilisées dans les cuisines du monde entier grâce aux infrastructures construites avec l’aide de la Chine. La Tunisie, dont la fabrication d'huile d'olive daterait de l'époque romaine, espère reproduire le succès de l'Espagne et l'Italie et persuader les cuisiniers chinois de préférer son huile aux huiles de cuisson traditionnelles.

L'ambassadeur du Bénin à l'Organisation mondiale du commerce, Eloi Laourou, a souligné durant la Foire des importations que moins de 3 % des 450 000 tonnes de coton produites par son pays l'année dernière avaient été transformées sur place, ce qui réduit considérablement les bénéfices nationaux. Le Bénin espère donc non seulement expédier plus de coton en Chine, mais également intégrer davantage de technologies et de capitaux chinois dans son économie.