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Le plus grand groupe chinois du nucléaire développe sa chaîne d’approvisionnement en uranium pour des projets civils en Chine et à travers le monde.
L’entreprise d’Etat China General Nuclear Power Corporation (CGN) a mis en place des accords dans la plupart des pays producteurs d’uranium, incluant la Namibie, le Kazakhstan, l’Australie et le Canada.
Cela a fait partie du développement de l’entreprise au cours des onze dernières années, a souligné Yu Zhiping, le directeur général adjoint de CGNPC Uranium Resources, une filiale de la CGN.
« Il est extrêmement important pour les opérateurs du nucléaire chinois de sécuriser des ressources en uranium à l’étranger, afin de [garantir] la sécurité de l’approvisionnement sur le long terme », explique Joseph Jacobelli, un analyste senior des Services publics et infrastructures asiatiques chez Bloomberg Intelligence à Hong Kong.
La CGN est l’une des deux entreprises dans le pays autorisée à importer du combustible nucléaire, avec la Compagnie nucléaire nationale chinoise (CNNC). Elle opère dans 20 pays depuis son siège basé à Shenzhen, avec des actifs d’une valeur totale de 430,7 milliards de yuans (54 milliards d’euros).
Le groupe, fondé dans les années 1990, a développé ses liens avec Kazatomprom après avoir signé en 2010 un accord sur dix ans avec l’entreprise kazakhe d’Etat.
En mai, la CGN a annoncé qu’elle augmenterait son approvisionnement en combustible nucléaire, incluant l’extraction de l’uranium, les pastilles de combustible nucléaire et la fabrication de combustible nucléaire, afin de répondre à la demande croissante pour ses projets de centrales civiles.
Yu Zhiping a également confirmé que l’usine de fabrication de combustible nucléaire au Kazakhstan, une joint-venture entre Kazatomprom et la CGN, devrait être opérationnelle d’ici 2019 :
« Le combustible sera utilisé principalement pour approvisionner les projets de la CGN en Chine et à l’étranger. Le combustible alimentera également la centrale nucléaire prévue au Kazakhstan. »
En dehors de ses liens commerciaux étroits avec le Kazakhstan, la CGN possède et opère la mine d’uranium de Husab en Namibie, qui peut produire 5500 tonnes de combustible nucléaire par an. C’est la troisième plus grande mine d’uranium au monde.
L’année dernière, l’entreprise a par ailleurs déboursé 63,78 millions de dollars (54 millions d’euros) pour acquérir une participation de 19,99 % chez Fission Uranium Corporation au Canada. Ce fut le premier investissement direct d’un groupe chinois dans le secteur canadien de l’uranium.
Avec l’Australie, le Kazakhstan et le Canada représentent 63 % des ressources mondiales en uranium, selon les chiffres publiés par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).
Les spécialistes estiment qu’en renforçant leurs chaînes d’approvisionnement, les entreprises chinoises ont le potentiel pour devenir des acteurs majeurs au niveau mondial en ce qui concerne la technologie du nucléaire civil.
« Sur le plan stratégique, il est important pour tout pays avec des plans ambitieux de développement de la production d’énergie nucléaire de sécuriser les ressources en combustible », explique M. Jacobelli.
Il ajoute qu’étant donné « les plans de développement à long terme de la Chine, il est hautement improbable que le pays devienne auto-suffisant ». Cependant, peu de pays développent leur secteur de l’énergie nucléaire civile et l’approvisionnement en uranium ne devrait donc pas être un problème.
Même si le prix de l’uranium devrait monter sur le long terme, la CGN envisage d’acquérir davantage d’actifs pour répondre à la demande.
L’essor de la production d’énergie nucléaire civile en Chine a été colossal avec la capacité doublant entre 2010 et 2014 pour atteindre les 20 gigawatts.
Elle devrait désormais très certainement tripler d’ici 2020 pour atteindre les 58 GW annuels, soit l’équivalent d’une alimentation en électricité pour au moins 135 millions de foyers, estime Bloomberg Intelligence.
De plus, cette croissance fulgurante devrait continuer au cours de la prochaine décennie.
« Comparée à la construction de structures éoliennes ou solaires, la construction de centrales nucléaires civiles est plus complexe, car la sécurité est la première des priorités », indique M. Jacobelli.
« Les projets de centrales nucléaires nécessitent environ cinq ans pour la phase de construction, et cela n’inclut ni la planification ni l’approbation, ajoute-t-il. Une structure solaire ou éolienne de taille moyenne nécessite [quant à elle] moins d’une année. »
Cependant, l’énergie nucléaire joue « un rôle irremplaçable dans la sécurité énergétique de la Chine », souligne He Yu, le PDG de la CGN. Elle aide également à réduire la pollution atmosphérique causée par la production d’électricité par les centrales au charbon.
He Yu appelle à produire en masse le réacteur chinois de troisième génération Hualong One et suggère de construire jusqu’à six centrales nucléaires civiles par an dans la période d’ici 2020.
Cela permettrait de porter la capacité d’énergie nucléaire en Chine à 150 GW d’ici 2030.
Source: french.china.org.cn |
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