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Un des engins qu'il a fallu acheter
Un autre ramadan
Durant le dernier mois que j'ai passé au Maroc, il y a eu un autre ramadan, comme peu de temps après mon arrivée. Cette fois-là, j'ai fait le jeûne comme un musulman. Au chantier, j'ai même souligné en réunion que, pendant la journée, il ne fallait pas manger, boire ou fumer devant un Marocain.
Un jour, pendant ce ramadan, je suis allé à Meknès pour visiter une usine d'autobus avec notre chauffeur marocain. Le directeur du projet m'avait demandé de récupérer une pièce importante dans un autre chantier chinois qui se trouvait à 90 km de Meknès. Sur la route du retour, alors que le soir allait tomber et que nous nous trouvions à Ifrane, une belle petite ville dans la forêt, j'ai demandé au chauffeur de s'arrêter pour dîner; il avait déjà conduit plus de 300 km sans rien boire ni manger. En mangeant des kefta (boulettes de viande hachée grillée), des frites et de la harira (soupe marocaine traditionnelle que l'on prend pendant le ramadan), nous avons échangé sur ce qui était notre plus grand intérêt du moment : moi, la date de mes vacances en Chine, et lui, travailler dur et gagner de l'argent pour épouser la fille qu'il aimait.
Puis, un jour, comme il fallait s'y attendre, ce fut la fin de mon séjour au Maroc. De ce séjour, j'éprouve deux regrets. Le premier, c'est de n'avoir pas pu me rendre à Tanger pour marcher sur les traces d'Ibn Battouta (un Marocain venu en Chine au XIVe siècle). Le deuxième a trait à une famille française amie qui m'avait souvent invité à manger : je regrette de n'avoir pas eu l'occasion, avant de quitter le Maroc, d'inviter leur fils Sébastien à goûter la cuisine de notre chantier.
Malgré ces regrets, la veille de mon départ, j'ai bien dû boucler ma valise. Elle contenait des bouteilles d'essence de rose, des articles en bois d'Essaouira, un fragment de fossile, un foulard arabe, un manteau en cuir... Cette valise était pleine à craquer, mais cela n'était pas le plus important; c'était mon souvenir de tant de belles amitiés. Le 28 septembre 2008, j'ai pris l'avion pour Beijing. Aujourd'hui, quand je regarde mes photos du Maroc, je me dis que je ne pourrai jamais oublier mes amis et ma vie dans ce pays charmant. Un jour, Inch'Allah, j'aimerais y retourner pour revoir mes amis et conduire sur les autoroutes que nous avons construites.
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